Alors qu’Haïti Liberté entame sa 18ème année de publication dans l’esprit de continuer non seulement à dénoncer clairement l’impérialisme occidental mais aussi à défendre les droits fondamentaux des peuples touchés par le chômage, la précarité et la pauvreté, deux faits simultanés ont retenu notre attention juste pour nous rappeler l’importance de nous impliquer davantage. Cette nouvelle mission d’occupation multinationale en Haïti dirigée par le Kenya coïncide avec le soulèvement du peuple kenyan exprimant sa colère contre les attaques économiques de son propre gouvernement recommandées par les institutions capitalistes.
Il est cependant réconfortant de constater que l’impérialisme a partout le même visage hideux et utilise la même partition pour accorder son violon destructeur dans sa lutte contre les peuples en quête de changement et d’amélioration de leurs conditions de vie.
Depuis deux siècles, l’impérialisme occidental opprime et exploite le peuple haïtien. La pauvreté et la misère de la classe ouvrière ne sont ni naturelles ni inévitables ; elles sont le résultat du pillage de la colonisation d’hier et de l’exploitation entretenue aujourd’hui par le système capitaliste à travers des gouvernements dirigés par des traîtres, des mercenaires imposés pour établir sa politique néocoloniale. Avec en prolongement, le chantage financier et diplomatique de Washington pour organiser des groupes, partis et organisations fantoches au mépris des principes les plus élémentaires pour faire avorter tout mouvement populaire sérieux et briser tout processus de libération réelle du peuple haïtien.
Le capitalisme est un système aux abois jetant des millions d’êtres humains dans la misère, le chômage, et semant la mort jour après jour. Il n’existe que pour accaparer les richesses des peuples, dévaloriser la classe ouvrière-paysanne et l’opprimer jusqu’à une situation extrême.
Les événements de ces derniers jours au Kenya et en Haïti ont suscité un émoi populaire qui nous préoccupe au plus haut point et appelle à la réflexion. Quand les forces kenyanes sur les fronts en Haïti luttent contre l’insécurité causée par les mesures d’austérité, d’inégalités sociales, le chômage chronique et l’exploitation excessive, le peuple kenyan, quant à lui, descend dans les rues de Nairobi et le reste du pays pour manifester contre la multiplication des mesures néolibérales exigées par le FMI (Fonds Monétaire International) et la Banque Mondiale. Cela ne veut-il pas dire, que les prolétaires, qu’ils soient Haïtiens, Kenyans, ou de toute autre nationalité, ont les mêmes revendications et font face au même oppresseur, au même bourreau ? D’où d’ailleurs, le cri de Flora Tristan, Karl Marx et Friedrich Engels : Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Depuis deux siècles, l’impérialisme occidental opprime et exploite le peuple haïtien. La pauvreté et la misère de la classe ouvrière ne sont ni naturelles ni inévitables
L’ennemi impérialiste est le même partout. Il n’a ni couleur, ni race, ni frontières, il n’a que ses intérêts. Alors qu’il utilise d’un côté les soldats kenyans en Haïti, de l’autre, il opprime les travailleurs kenyans par le biais de leur propre gouvernement. Cela illustre que dans toute société de type capitaliste, les privilèges de l’exploitation d’une classe sur une autre ne sont guère différents.
L’une des caractéristiques globales du capitalisme est qu’il ne peut admettre au peuple le droit de choisir son propre destin. C’est pourquoi il cherche partout à imposer son diktat, même de manière ridicule et démagogique. Aujourd’hui en Haïti, tout est faux, truqué, équivoque. La présidence est une chimère puisqu’elle n’est qu’un simple Conseil de figurants.
Un gouvernement portant la marque d’infamie, dignitaires d’État sans portefeuille. Comble d’absurdité, c’est un gouvernement fait d’une alliance qui favoriserait la stratégie de domination et d’asservissement du peuple. Comme à son habitude, l’impérialisme a trouvé des alliés dans la classe politique, des hommes de main et femmes de pailles de tous bords prêts à sacrifier les intérêts du peuple dans le but évident de consolider l’influence américaine. Ces collabos qui n’ont aucun souci à prendre leurs ordres de Washington, sont ligotés, pieds et mains pour valider cette nouvelle intervention multinationale et justement cacher leur propre échec et celui de l’impérialisme en Haïti.
C’est sur ce mépris que se base ce nouveau régime de l’État haïtien. Une manœuvre destinée à déplacer le centre de gravité de la crise à la source, en réalité, des inégalités sociales et de la mauvaise gouvernance, véritables maux conduisant vers des symptômes tels que les gangs. Quoi de mieux dans ces conditions que d’utiliser les forces kenyanes pour tenter de masquer ou redorer une image ternie par une politique de répression atroce et de corruption odieuse qui ne changera en rien une situation déjà en putréfaction.
Toute notre solidarité va au peuple haïtien dans la même mesure au peuple kenyan qui lutte contre un ennemi commun : l’impérialisme occidental.
Ce système dominant le monde a démontré qu’il doit être renversé et c’est dans cette logique que s’inscrit le journal Haïti Liberté tout au long de son existence pour qu’un autre système politique et économique soit possible en Haïti. Le capitalisme nuit aux intérêts des pays appauvris. Tant que ce système n’aura pas pris fin et n’aura pas été effacé de l’hémisphère, nous ne pourrons jamais vivre en paix.
Haïti Liberté ne peut manquer d’exprimer sa totale solidarité continue avec le peuple cubain, ainsi qu’avec celui du Venezuela et de tous les peuples opprimés du monde, en particulier le peuple palestinien. Nous rejetons et condamnons catégoriquement la tentative de coup d’État de Washington et de ses complices en Bolivie et soutenons la mobilisation populaire pour contrecarrer ce sale coup et garantir la défense des droits démocratiques du peuple, notamment des travailleurs boliviens. Non à l’intervention impérialiste !
Haïti Liberté restera une arme de lutte pour la libération nationale des peuples et la transformation du monde ! Vive la lutte populaire pour un changement fondamental des travailleurs d’Haïti et de ceux des masses kényanes pour renverser le capitalisme et mettre fin à l’exploitation, à la misère, au chômage et à la barbarie.
Haïti et Kenya même lutte, même combat contre le système capitaliste !