De 1492 à nos jours, c’est-à-dire de Christophe Colomb aux émissaires des organisations internationales d’aujourd’hui, Haïti, autrefois appelée Quisqueya ou Boyo et même Saint-Domingue à l’époque coloniale, a toujours été une terre de découverte. De tous les temps et ce, quel que soit le degré de dangerosité du moment (Flibustiers, pirates et autres crises politiques) ce pays attire et suscite la curiosité de plus d’un. Rien que le nom de sa capitale historique, Port-au-Prince, fondée il y a plus de cinq cents ans par des aventuriers français, est un appel au voyage. Après son indépendance en 1804, l’abondance de son art pictural, sa littérature, sa beauté envoutante, son histoire, bref sa culture sous toutes ses formes ne font qu’accentuer cette envie de découvrir ce pays encore mal défini. Personne, surtout pas un étranger, ne veut rater une opportunité de partir à l’assaut de cette terre de contraste et de cocagne même dans les pires périodes de son évolution.
Haïti, particulièrement sa capitale, demeure un champ magnétique qui attire les visiteurs du monde entier. Rappelez-vous du fameux ouvrage : « La République d’Haïti et ses visiteurs » du grand diplomate et théoricien haïtien Louis-Joseph Janvier et même en « L’espace d’un Cillement » cher à un de nos poètes nationaux et leader politique Jacques Stephen Alexis. Faire du tourisme en Haïti est une occasion pour découvrir de visu la réalité locale. Haïti ne fait pas partie de ces contrées lointaines où jadis les plus grands et célèbres anthropologues, botanistes et ethnologues français et anglais des siècles passés pouvaient, depuis leurs laboratoires parisiens ou londoniens, décortiquer et classer selon leur catégorie toutes les espèces humaines, animales et végétales qu’on peut trouver dans la nature. Non, pour comprendre les hommes et les femmes politiques qui habitent ce petit pays perdu au cœur de la mer des Caraïbes, un voyage touristique ou d’études demeure nécessaire.
Même si cela devait prendre une journée ou une éternité, cela vaut le détour. Encore plus ces temps-ci, même entre eux, les haïtiens ne se comprennent plus, ne s’entendent plus d’où leur opposition sur tout, même sur les choses les plus insignifiantes. Alors, lorsque l’idée d’un voyage à Port-au-Prince commençait à circuler dans les couloirs de l’Organisation des Etats Américains (OEA) à Washington, la capitale fédérale des Etats Unis d’Amérique, pratiquement tous les diplomates de cet organisme se sont proposés de partir à la rencontre de ces femmes et hommes qui s’entredéchirent depuis des années pour une question de pouvoir. Certes, ils sont tous au courant de la montée vertigineuse des gangs rivaux qui supplantent les autorités étatiques et s’installent presque aux portes des institutions. Puisque, dans certains Commissariats de police, en lieu et place des agents de police qui, eux, ont tous pris la fuite à l’arrivée des hordes de bandits armés jusqu’aux dents et le mot ici est littéral, les brigands règnent. C’est la vérité vraie.
Par provocation, les bandits ont mis en vente ces bâtiments publics où on peut voir des affiches portant l’écriteau « Commissariats à vendre ou à louer ».
Depuis des semaines, les images circulent en boucle sur les réseaux sociaux montrant des gens en guenilles ou en haillons, armes aux poings, déambulant à travers les couloirs ou les balcons des Commissariats de police à Port-au-Prince et dans la région métropolitaine où ils s’installent après avoir mis en déroute les forces de l’ordre. Par provocation, les bandits ont mis en vente ces bâtiments publics où on peut voir des affiches portant l’écriteau « Commissariats à vendre ou à louer ». Mais, malgré toutes ces démonstrations de l’impuissance des pouvoirs publics haïtiens dues justement à une crise politique et institutionnelle qui délite l’ensemble des organes de l’Etat, l’engouement pour venir en Haïti de la part des diplomates de l’OEA surprend plus d’un de part et d’autre de la mer des Antilles. Mais, on le sait, une petite tournée en Haïti ne se refuse point et surtout tout le monde veut d’abord voir l’état déplorable du pays sur le plan esthétique et d’insalubrité, ensuite si c’est possible, comprendre l’état d’esprit des protagonistes préférant couler tous avec le navire au lieu de permettre à l’un d’entre eux de sauver non seulement le bateau mais aussi les passagers et l’équipage avec.
Le voyage a donc de l’intérêt pour tous ceux voulant comprendre le dépérissement de cet Etat pour qui ses propres fils ont choisi le suicide collectif plutôt que le sauvetage national. Comme nous le disions plus haut, ce voyage a aussi un petit goût d’aventure et qui dit aventure dit tourisme, découverte, prendre un coup entre amis et collègues sous le soleil des tropiques, respirer une bouffée d’air frais, oublier le train-train quotidien pendant deux ou trois jours, le tout aux frais des contribuables ou de la princesse. C’est Port-au-Prince, c’est-à-dire c’est à l’initiative du Président de la République, Jovenel Moïse, qu’a été décidée cette virée des émissaires de l’OEA en Haïti. Face à une situation politique et sociale qui devient de plus en plus compliquée pour le pouvoir dans la perspective du référendum sur la nouvelle Constitution, le chef de l’Etat a dû solliciter une Mission de médiation de l’OEA en vue de trouver un Accord avec l’opposition pour une sortie de crise.
Une fois les dates du voyage convenues, le locataire du Palais national n’avait pas tardé à rendre publiques ses démarches auprès de l’organisation régionale. Le voyage était prévu du mardi 8 au jeudi 10 juin 2021. En gage de bonne volonté, le Président Jovenel Moïse a profité de cette circonstance exceptionnelle pour reporter à une date ultérieure le référendum qui devait avoir lieu le dimanche 27 juin 2021. C’est le Conseil Electoral Provisoire (CEP) qui devait annoncer officiellement l’ajournement du scrutin et de l’ensemble du processus électoral dans un communiqué publié quelques heures avant l’arrivée de la délégation de l’OEA dans la capitale haïtienne le mardi 8 juin 2021. Le feu vert étant donné en Haïti, les dirigeants de l’OEA pouvaient débarquer. Ainsi, après une rude sélection qui, sans nul doute, a fait des inimitiés et des grincements de dents dans les locaux de l’OEA à Washington, cinq diplomates de cinq Etats membres du Conseil permanent de l’organisation hémisphérique devaient s’envoler à destination de Port-au-Prince.
Cette délégation composée des représentants du Costa Rica, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, du Canada, des Etats Unis et de l’Equateur a aussi emmené dans ses bagages l’ambassadeur d’Haïti à Washington, Edmond Bocchit et des membres du Secrétariat général de l’OEA, Luis Almagro, avant de rejoindre à Port-au-Prince le Représentant spécial du Secrétaire général en Haïti, monsieur Cristobal Dupouy. Durant trois jours, tout ce beau monde qui connaît parfaitement la situation et les motivations de chaque acteur haïtien dans la crise devait parcourir les rues de Port-au-Prince et de Pétion-Ville afin d’écouter et entendre pour la énième fois la version archi-connue de chacun sur la crise. Dès leur arrivée, les émissaires ont entamé les entretiens avec les acteurs et surtout avec les leaders politiques de l’opposition plurielle, tout au moins ceux qui voulaient bien les rencontrer à Pétion-Ville. D’ailleurs, bien avant qu’ils ne débarquent dans le pays, certains leaders radicaux avaient laissé entendre qu’il n’était pas question pour eux de venir s’asseoir avec les envoyés spéciaux de l’OEA. De l’ancien sénateur de l’Ouest, Jean Renel Senatus dit Zokiki du Parti LOD Demokratik au parti Fanmi Lavalas de l’ex-Président Jean-Bertrand Aristide dirigé aujourd’hui par Maryse Narcisse en passant par l’ancien député Hugues Célestin du groupuscule Initiative Patriote Marien (IPAM), tous, dans un élan collectif avaient décliné à l’avance l’invitation de la Mission bons offices de l’OEA.
Mais, ce sont les partis politiques Pitit Dessalines et Secteur Démocratique et Populaire (SDP) qui ont été les plus explicites. Jean-Charles Moïse, le Secrétaire général de Pitit Dessalines, avait annoncé la couleur sur son compte tweeter en publiant dès le 5 juin 2021 cette note : le « Parti Politique Pitit Dessalines remèsye OEA pou envitasyon chita pale sou kriz Jovenel Moise deklannche nan peyi a men li dekline envitasyon 8 jen an. Solisyon kriz la dwe soti nan mitan tout fòs viv peyi a. Referandòm ilegal ak eleksyon san patisipasyon pa solisyon ». D’autre part, l’ancien sénateur du Nord et leader du Parti Pitit Dessalines rejette toute rencontre avec d’autres émissaires de la Communauté internationale. La Mission de l’OEA était encore sur place en Haïti lorsque l’ancien candidat à la présidence d’Haïti invité sur radio Magik9 le jeudi 10 juin 2021 eut à déclarer : « Ce sont les États-Unis, l’Union européenne et l’Organisation des États américains (OEA) qui nous ont mis dans la situation où nous sommes aujourd’hui. Ils n’ont pas besoin de s’immiscer dans nos affaires. Nous devons trouver une solution entre nous. Ne laissons ni la bourgeoisie ni la Communauté internationale nous appeler dans tous les coins pour discuter. Convergeons notre choix sur la Cour de cassation pour trouver un Président qui aura un mandat très court » argumente Jean-Charles Moïse justifiant ainsi son refus de rencontrer la délégation de l’OEA chargée de « faciliter un dialogue qui conduirait à des élections libres et équitables » selon son ordre de mission. Il y a aussi les dirigeants du Mouvement Operasyon Tèt Ansanm qui ont décliné l’invitation de l’OEA. Dans un courrier destiné à Cristobal Dupouy, le Représentant du Secrétaire général de l’OEA Luis Almagro à Port-au-Prince et membre de la délégation, cette organisation politique a adressé ce message « l’Operasyon Tèt Ansanm invite l’OEA à appliquer la Charte démocratique interaméricaine relative à la violation des normes démocratiques et au respect des droits humains par un pouvoir illégitime, illégal et corrompu dont le mandat a pris fin le 7 février 2021 aux termes de l’article 134-2 de la Constitution ».
Sans parler des constats de plusieurs instances publiques et privées tant nationales qu’internationales : le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), la Fédération des barreaux d’Haïti (FBH), l’Université Quisqueya, l’Eglise catholique, les Eglises protestantes, le Parlement européen, un groupe de parlementaires américains, la Clinique de droits humains de Harvard, de Yale et de New York University. » Mais, ces refus n’ont pas empêché les membres de la délégation de rencontrer dès le 8 juin 2021 au Palais national le principal intéressé qui est le Président Jovenel Moïse. Question de protocole certainement, le chef de l’Etat a été le premier à avoir un long entretien avec les émissaires. « Je me suis entretenu, ce mardi 8 juin, avec la mission de l’OEA. Les discussions ont porté sur la situation sécuritaire et sanitaire du pays. Mon Administration a réaffirmé son engagement pour un dialogue franc qui doit déboucher sur l’organisation d’élections démocratiques » a posté le Président Jovenel Moïse sur son compte Tweeter.
Il n’a pas eu du mal à les convaincre dans la mesure où à l’OEA personne ne s’oppose vraiment à ses initiatives même si sur le référendum constitutionnel il n’y a pas vraiment de soutien public de la part de l’organisation régionale. Certes, tout le monde connaît la position du Secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, vis-à-vis du Président haïtien et ses prises de positions publiques sur la fin du mandat présidentiel le 7 février 2022. Donc, pour le numéro 1 de l’organisation interaméricaine, ce sont les élections générales qui restent sa priorité en Haïti afin de pouvoir renouveler le personnel politique et de revenir à une situation normale de la vie politique et institutionnelle d’ici 2022. Au Palais national, les émissaires de l’OEA étaient en terrain conquis. Certains disent qu’il s’agissait juste d’une visite de courtoisie puisque la délégation n’était pas au pays pour convaincre Jovenel Moïse ni pour le dissuader à laisser tomber la reforme constitutionnelle. Bien au contraire !
l’OEA, et le Président Jovenel Moïse, et les oppositions, tous savaient que rien de concret ne devait sortir de ce voyage…
L’OEA est l’une des rares organisations internationales à ne pas critiquer le processus référendaire et même très favorable à la proclamation d’une nouvelle Constitution et ceci n’est un secret pour personne. D’ailleurs, l’opposition plurielle ne s’est jamais trompée sur ce sujet. A chaque fois qu’elle en a l’occasion, elle ne cesse de rendre l’OEA responsable de cette marche solitaire du Président haïtien vers sa nouvelle Constitution. Outre le chef de l’Etat, les envoyés spéciaux de l’OEA ont aussi, durant leur séjour, rencontré tout un aéropage de dirigeants politiques, les moins radicaux pour la plupart. Même si en grande partie ils ont tous une seule revendication : le départ ordonné du Président de la République. Autant parmi le groupe certains se verraient bien cohabiter avec le pouvoir PHTK en acceptant le poste de chef de gouvernement, d’autres, au contraire, ne voient pas du tout d’un bon œil cette idée d’accepter le poste de Premier ministre avec un Jovenel Moïse toujours installé au Palais national jusqu’au 7 février 2022. Un cauchemar pour eux !
Parmi les partis et formations politiques ayant rencontré la délégation, on relève en vrac : INIFOS, OPL, VERITE, Fusion des Sociaux Démocrates, MOCHRENA, Veye Yo, FND, MTV Ayiti, Entente Nationale, En Avant, etc. En grande partie, ils forment ce qu’on appelle la Direction Politique de l’Opposition Démocratique (DIRPOD) sans le Secteur Démocratique et Populaire (SDP) de Me André Michel, Marjorie Michel et Nènèl Cassy qui, depuis plus de trois mois, s’est retiré de cette plateforme politique. Selon l’un des porte-paroles de la DIRPOD, Danio Siriack, « C’est une organisation hémisphérique dont Haïti est membre. Il revient aux responsables politiques de l’opposition de souligner en face des membres de la mission le fait que l’OEA a failli à son rôle de veiller à l’application des Constitutions de ses membres en cautionnant le coup de force de Jovenel Moïse dont le mandat a pris fin le 7 février 2021, eu égard à l’article 4 notamment de la Charte de l’organisation. La DIRPOD croit que l’intelligence politique c’est faire de tout son mieux pour creuser les sentiers de l’avenir avec ce qu’on a, ce dont on dispose comme moyens et stratégie.
Ce n’est pas s’enfermer dans sa tour d’ivoire et attendre un miracle à coup de slogans » s’est défendu DIRPOD. Cependant, si le groupe conduit par André Michel n’a pas dédaigné aller à la rencontre de l’OEA estimant que c’était inutile au vu des relations et de la position de l’organisation régionale avec le pouvoir de Port-au-Prince : « L’OEA a une lourde responsabilité morale et politique dans la crise politique haïtienne pour n’avoir pas su lever le petit doigt face à Jovenel Moïse qui a utilisé ses pouvoirs pour anéantir toutes les institutions républicaines (le Parlement, la justice, la police) et le pays en général. Même devant l’évidence de la participation du pouvoir de Jovenel Moïse à la mise en place du G9, une organisation criminelle qui pille, casse, viole et tue, l’OEA n’a pas jugé bon de prendre position », critiquait Me André Michel tout en faisant parvenir les souhaits du SDP à la délégation. La plupart des partis membres de la DIRPOD restent néanmoins campés sur leur position originelle : « Pas de cohabitation, ni d’élection possible avec Jovenel Moïse dont le mandat a pris fin, depuis le 7 février dernier ».
En tout cas, c’est ce qu’a fait savoir l’ancien sénateur de la Grand’Anse, Sorel Jacinthe, lors d’une conférence de presse après la rencontre. Quant à Youry Latortue, le chef de AAA (Ayiti An Aksyon) et l’homme fort de l’Artibonite, la rencontre se résume à une position à la normande, c’est-à-dire : entre satisfaction et déception. L’ancien Président du Sénat explique cette anomalie par l’attitude des membres de la délégation qui n’avaient qu’une idée en tête : la tenue des élections présidentielles et législatives à la fin de l’année 2021 sous la présidence de Jovenel Moïse. Une position incompréhensible pour l’ex-parlementaire de l’Artibonite. En tout cas, après trois jours d’intenses activités en faisant le va-et-vient entre le Palais national et le siège de la représentation de l’OEA en Haïti, où les émissaires ont rencontré près d’une dizaine d’organisations politiques et de la Société civile organisée, la délégation a laissé Port-au-Prince le vendredi 11 juin 2021 comme c’était prévu dans son agenda.
Plusieurs points ont été passés en revue durant les deux entretiens qu’ils ont eus avec le Président Jovenel Moïse et sans compter diverses rencontres individuelles ou en groupe avec les différents leaders politiques, personnalités, notables et autres acteurs, soit impliqués soit concernés au premier chef dans la crise. Selon un communiqué de la délégation, « A chaque réunion, les membres de la Mission bons offices ont demandé : L’engagement en faveur de la démocratie représentative en vertu de la Charte démocratique interaméricaine ; L’engagement pour des élections législatives et présidentielles libres et équitables en 2021 ; Un processus électoral transparent avec la contribution de toutes les parties prenantes qui sera crédible pour le peuple haïtien ; Un accord de compromis pour parvenir à un accord politique au profit du peuple haïtien ; L’engagement contre la violence politique et l’impunité ; L’engagement à respecter les droits humains. »
Rien de particulier en fonction de ce que les membres du Conseil permanent de l’OEA ont déjà répété depuis près de deux ans à l’égard d’Haïti. Cette mission de bons offices de l’OEA dont l’objectif affiché était de favoriser un Accord entre les deux parties – Opposition et pouvoir – s’est en réalité soldée par un échec dans la mesure où les deux camps s’arcboutent sur leur position initiale : pour les oppositions, rien ne serait possible avec Jovenel Moïse, ni élection ni cohabitation et pour celui-ci, il ne faut surtout pas compter sur sa faiblesse pour abandonner le pouvoir avant le 7 février 2022. D’ailleurs, après sa seconde rencontre avec les missionnaires de l’OEA, il a tweeté : Je remercie la mission de l’OEA pour sa présence en Haïti, malgré la pandémie. J’en ai profité pour solliciter le support de l’Organisation dans le cadre de l’organisation des élections, notamment sur le plan sécuritaire.
L’implication de l’OEA dans le processus sera capitale » dont acte. En résumé, le voyage des représentants du Conseil permanent de l’OEA à Port-au-Prince n’a été qu’un simple voyage d’agrément effectué avec l’argent des contribuables des Etats ayant contribué à faciliter ce séjour dans un pays où seule la curiosité intellectuelle ou l’envie de se convaincre de la mauvaise fois des élites locales et du pouvoir peut motiver un tel déplacement. Sinon, cela ne valait vraiment pas la peine. Et l’OEA, et le Président Jovenel Moïse, et les oppositions, tous savaient que rien de concret ne devait sortir de ce voyage au bout de l’enfer, c’est-à-dire effectué en pleine catastrophe sanitaire avec la pandémie de Covid-19 qui se propage dans le pays. Mais, depuis plus de trente ans, ces déplacements diplomatiques font partie du rituel dans les crises politiques de ce pays.