Guerre des clans au CPT

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Depuis l’installation du Conseil présidentiel de Transition (CPT), le fossé se creuse entre les conseillers, les combats ne cessent d’éclater au sein de la classe politique qui continue à se déchirer l’un l’autre pour le pouvoir.

Installé le 26 avril 2024 dernier au Palais National, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a procédé  au choix  le mardi 30 avril à la Primature via une majorité de 4 sur 7, de l’ancien sénateur Edgard Leblanc Fils pour être le président  de ce Collège.  Cet appareil d’Etat mis en selle par les Etats-Unis d’Amérique sous l’ombrelle de la  Communauté des Caraïbes (CARICOM), vient d’effectuer de grands changements  en son sein.

En effet, après des discussions orageuses orchestrées à la suite de la nomination d’Edgard Leblanc Fils, comme président, et du Premier ministre Fritz Bélizaire, le représentant de Fanmi Lavalas, Accord Montana et le secteur privé des Affaires se sont opposés au « Bloc Majoritaire indissoluble » composé de Pitit Desalin, Ede/Ren, Accord 21 décembre et le Collectif du 30 janvier, jusqu’à les forcer à changer la donne.

Edgard Leblanc Fils préside le Conseil de transition (de mai à octobre 2024)

La  Communauté des Caraïbes (CARICOM), en tant qu’arbitre ou intermédiaire a été obligée d’intervenir pour calmer les tensions et mettre un peu d’ordre dans le désordre en cours.  Finalement, les membres du Conseil présidentiel de transition se sont mis d’accord pour adopter un autre procédé  différent de celui signé le 3 Avril 2024 pour parvenir à nommer soit un président ou un Premier ministre du Conseil.

Une autre résolution a finalement été prise entre les collègues conseillers. Il s’agit d’une présidence tournante et d’une majorité décisionnelle de 5/7 des conseillers remplaçant la majorité absolue de 4 voix sur 7.

Dans cette résolution du Conseil présidentiel on pouvait lire que « Le souci d’œuvrer en priorité dans l’intérêt général et pour le bien-être de la population haïtienne conduit les Conseillers à faire montre en toutes circonstances d’humilité, d’esprit d’ouverture, d’abnégation, de sens de responsabilité et aussi de pragmatisme dans les prises de décisions. Ainsi, compte tenu de la crise déclenchée au sein du Conseil, le 30 avril 2024, et pour éviter tout dysfonctionnement du Conseil, il a été décidé par tous les membres du Conseil Présidentiel de Transition signataires de la présente résolution » que désormais, les choix  du Premier ministre, des membres du gouvernement, des membres du CEP, des Directeurs généraux, des dirigeants des institutions indépendantes, des Ambassadeurs et des Consuls généraux, des Conseils d’administration des organismes autonomes, des collectivités territoriales, des commandants des forces publiques, seront soumis au nouveau protocole d’Accord.

Smith Augustin (d’octobre 2024 à mars 2025)

A ce stade, les quatre candidats à la présidence du Conseil auront chacun leur part du gâteau présidentiel de la transition. Ils prendront le pouvoir par tranches de cinq mois, respectivement, jusqu’à la tenue des élections générales. Ainsi, la première tranche est accordée à  Edgard Leblanc Fils (de mai à octobre 2024), elle sera suivie par Smith Augustin (d’octobre  2024 à mars 2025), puis Leslie Voltaire (de mars 2025 à août 2025) et enfin Louis Gerald Gilles (août 2025 à février 2026). Et depuis le mardi 7 mai qui marque le début de la présidente tournante, Edgar Leblanc fonctionne officiellement en tant que premier président du Conseil Présidentiel de Transition.

Comme la désignation du Premier ministre Fritz Bélizaire n’a pas été retenue, il est justement considéré en tant que l’un des candidats à ce poste.  Et justement dans la soirée du samedi 11 mai 2024, le bureau du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) haïtien a annoncé le lancement officiel du processus de candidature pour la nomination du Premier ministre pour diriger le gouvernement.  Les candidats sont invités à soumettre leurs dossiers sous pli cacheté à la Villa d’Accueil, située à Musseau, à Port-au-Prince du 13 au 17 mai 2024. Cela signifie que le Conseil n’a pas présentement un premier ministre.

Leslie Voltaire (de mars 2025 à août 2025)

Par ailleurs, l’absence du président du groupe Montana en la personne de Fritz Alphonse Jean qui s’est désisté et a été remplacé par l’ex-ambassadeur d’Haïti en République dominicaine Smith Augustin en dit long.  Beaucoup de gens se demandent, quelles sont les raisons de ce désistement spectaculaire ? Est-ce vraiment pour éviter pas que le nombre de présidents passe à 5  au sein du Conseil?

De toute façon, tout n’est pas entré dans l’ordre au sein de cette entreprise politique, puisque  le Collectif du 30 Janvier composé des partis GREH, LAPEH, MOPOD, OPL, PITIT DESALIN, PHTK, UNIR dans un communiqué vient de souligner dans une lettre adressée au coordonnateur du CPT en date du lundi 13 mai 2024, qu’il s’oppose énergiquement à la résolution signée par les membres du CPT instaurant une présidence tournante autour de quatre conseillers et de faire passer la majorité décisionnelle de 4 voix sur 7 à 5/7.

Louis Gerald Gilles (du mois d’août 2025 à février 2026)

Selon les signataires du Collectif en l’occurrence Clarens Renois, Himmler Rébu, Anacacis Jean Hector, Jean André Victor, Liné Balthazar « Le statut juridique d’Organe de l’Etat conféré au Conseil Présidentiel de Transition par le décret du 12 avril 2024 Moniteur Spécial No 14, ne peut être remis en cause par une résolution, un acte qui en essence n’a aucun caractère contraignant »

Depuis que cette étape a été franchie, le fossé se creuse entre les conseillers, les combats ne cessent d’éclater au sein de la classe politique qui continue à se déchirer l’un l’autre pour le pouvoir sans pour autant mettre en question le metteur en scène de cette opération qui semble avancer de façon mal orchestrée et mal tournée.

Les Etats-Unis pour sa part ne sont pas trop préoccupés par les intrigues internes, par cette guerre des clans au sein du Conseil. Il suffit pour eux, que les neufs larrons placés à la présidence pour diriger l’Etat haïtien respectent la feuille de route qui leur a été adressée, c’est-à dire les règlements du patron américain à ses serviteurs politiques de sorte que le pays reste tel quel avec la maison en flammes et le tissu national déchiré pour nous enfoncer davantage dans l’abîme.

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