Fioriture, imposture ou désinvolture ?

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L’inquiétude manifestée à la suite de la publication prochaine du verdict de la Commission de Vérification fixée au 30 mai, va-t-elle déboucher sur un imprévisible bouleversement et donner lieu à un véritable renversement de la crise électorale qui verrait se volatiliser tous les rêves de candidats dont les ambitions plus ou moins bien dissimulées viendraient à perdre leur raison d’être ?  En vérité, on n’a pas besoin de forcer la note pour dégager, en dépit des illusoires clichés de certains partis politiques, un tableau sombre de la situation dont témoignent de multiples et incessants complots ourdis ça et là.

Il faut le redire, l’arrivée au pouvoir de Jocelerme Privert, juste après un accord concocté par l’OEA sous la supervision du Core Groupe pour faciliter une sortie honorable de Michel Martelly était remarquable à tout égard.  C’est la confirmation que le ver persiste à être dans le fruit. Ce qu’il faudra bien appeler une véritable continuité; vu que le pouvoir issu du Parlement contesté est et reste encore un point d’ombre

La promenade prévue peut être devenue un calvaire. Ce constat traduit l’atmosphère de gravité de la situation politique quand le pouvoir provisoire évite soigneusement de parler d’une quelconque vérification de la première mascarade électorale du 9 aout 2015. Il semble que la présidence aux bons soins de Jocelerme Privert mène une stratégie qui permettrait d’atteindre uniquement des objectifs personnels. Ainsi, au cours de son discours du 18 mai à l’Arcahaie, le président n’a seulement parlé que de compléter les postes manquants au parlement comme quoi les parlementaires issus du 9 août étaient légitimes. Une évidence qui prouve que  Privert n’est pas décidé à scier la branche sur laquelle il est assis. Quoiqu’il en soit, sa position sur les soi-disant élections du 25 octobre se dissipe à grands pas. En effet, il paraît préférer faciliter le parlement croupion, le rassurant de sorte que ses collègues le laissent faire, allant jusqu’à prolonger son mandat pour une date ultérieure.

Finalement, le népotisme et la politique de clientélisme ont largement contribué à développer ce redoutable état d’esprit de mercenaires qui enveloppe tous les échelons de l’appareil d’état haïtien. Nous aurions aimé que Privert nous explique comment et pourquoi les législatives ont normalement réussi pour lui, alors que les présidentielles ont failli?

A notre intelligence, tout cela ressort  d’une manœuvre soigneusement calibrée ; vu que sur les ondes de Vision 2000, le président de ladite Commission de vérification François Benoit a bien pris soin de confirmer que les législatives ne seront pas vérifiées ; sauf s’il y aurait plainte ou contestation d’un ou de quelques élus.  Quelle est la signification d’une telle vérification des présidentielles tandis que sont légitimées tout bonnement les législatives et les municipales, alors qu’elles sont toutes nées de la même matrice de corruption de Martelly-Opont. N’est-ce pas une conspiration préméditée pour aiguiser les blessures causées par l’ancien régime au lieu de panser les plaies encore saignantes de la nation comme on voulait le faire croire à l’opinion publique.

A ce compte, n’est-il pas raisonnable et sain de se demander si les puissances impériales qui possèdent toujours plusieurs cartes dans leur jeu n’ont pas savamment nourri ce complot élaboré dans leur fameux plan de toujours nous tenir déstabilisés ? Ce régime provisoire qui parle au nom du changement et qui se dit même « populaire » n’a-t-il pas les mains liées à l’impérialisme tout comme le fut Martelly et que son véritable objectif n’est-il pas de nous livrer pieds et poings liés à l’impérialisme et ses suppôts locaux ? On est en droit également de se demander  jusques à quand une bonne majorité du peuple haïtien continuera à être dupe de tant de fioritures politiques de la part de politiciens qui essayent – vainement du reste –  de nous dorer la pilule?

Imposture et désinvolture sont bien les mots qui qualifient le mieux les actes de l’actuel pouvoir. N’importe quel dirigeant politique qui entérinerait tête baissée le comportement de l’actuel pouvoir prouverait une fois de plus, comme nous avons l’habitude de le souligner dans nos colonnes, qu’il n’est pas concerné par les intérêts  de la collectivité, mais bien par les siens propres. En réalité, ce que nous continuons de percevoir, c’est que le système cherche à barrer la route à la vérité. Le silence des candidats à la présidence est amplement édifiant sur leur complicité implicite et assumée dans la trahison des masses populaires.

Rien ne semble devoir changer quand la corruption a fini de gangrener tous les rouages de l’administration haïtienne jusqu’à devenir un facteur dangereux!  Alors, face à cet assaut, les luttes populaires doivent se développer, se multiplier et bien s’organiser; et  c’est fondamentalement dans la perspective de contrer tous ces coups bas que les manifestations doivent reprendre pour de bon, s’accentuer non pour défendre les candidats, mais pour faire tomber le masque impérial qui leur couvre la face afin que la vérité têtue et révolutionnaire nous libère de tous ces points d’ombre qui nous embarrassent.

Pour sortir de cette impasse, il faut coûte que coûte que le peuple haïtien crée ses propres structures politiques afin qu’il soit apte à assumer dans la dignité les grandes responsabilités de l’Etat sans aucune ambigüité et convaincu de réaliser que ce combat doit se poursuivre jusqu’à la libération totale.

 

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