Selon les prescriptions du dernier rapport de la récente mission de bons offices de l’OEA en Haïti, un nouveau Premier ministre devrait être nommé, appelé à jouir de la confiance de la population. Est-ce dans cette perspective que le lundi 5 juillet, par arrêté Présidentiel publié au journal officiel de la République, Le Moniteur, Jovenel Moïse a nommé son 7ème premier ministre en la personne du Dr Ariel Henry, un ancien membre de la Plateforme Politique INITE?
Selon Jovenel, son tout nouveau PM devra « former un gouvernement d’ouverture incluant les forces vives de la Nation, résoudre le problème criant de l’insécurité et accompagner le CEP pour la réalisation des élections générales et du référendum ».
Le nouveau PM semble bien apprécier sa nomination. À titre d’illustration, il a tout bonnement fait la déclaration suivante « […] Je vous informe de ma désignation au poste de Premier Ministre de la République d’Haïti ce 5 Juillet 2021 que j’ai accepté, ému, mais avec une grande humilité face aux difficultés quotidiennes de mes concitoyens et des enjeux graves que traverse notre pays. Je tiens, avec respect, considération et fierté, à exprimer ma profonde gratitude au Président de la République, de m’avoir confié cette nouvelle et importante mission au service de l’État ».
Henry n’est pas un nouveau venu de la politique haïtienne. Il occupait déjà sous le premier gouvernement du PHTK les postes de ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales puis des Affaires Sociales et du Travail.
La classe politique n’a pas manqué de l’accueillir avec des propos encourageants, de la part de certains, et avec des critiques, plus précisément, de la part de certaines personnalités de la dite opposition au régime en place.
L’ex Premier Ministre Evans Paul du premier régime Phtk salue l’acte de responsabilité du Premier Ministre Ariel Henry. C’est un homme d’État qui était impliqué dans de nombreuses négociations politiques au cours des dernières années et a été membre des plateformes du secteur démocratique durant les périodes de crise politique.
Un autre ex Premier Ministre de ce régime Jack Guy Lafontant a pour sa part réagi ainsi : « Je salue la nomination du Dr. Ariel Henry au poste de Premier Ministre. Je l’encourage à adresser les enjeux et défis de l’heure dans la concorde et la Paix pour le bien du pays et dans l’intérêt des générations futures. »
Le Mouvement national patriotique du 28 novembre (MNP28) de Déjean Bélizaire, ce dernier a pour sa part, salué la nomination de Ariel Henry et appelle l’opposition à intégrer le cabinet ministériel.
Selon le Porte-parole du Mouvement Patriotique et Populaire Dessalinien, (Mopod) cette décision est « illégale, illégitime et inconstitutionnelle ». André Michel, Porte-parole du Secteur Démocratique et Populaire est justement allé dans le même sens en indiquant que « Le mandat de Jovenel Moïse a pris fin depuis 7 février 2021. Depuis cette date, tout ce qu’il fait dans le pays est illégal »
Dans la même lignée Paul Denis de l’INIFÒS déclare « nulle et sans effet la décision d’un Président de la République sans mandat depuis le 7 février 2021, de nommer un Chef du gouvernement ».
Il est clair les jeux de la réconciliation des frères et sœurs de la classe politique dirigeante ne sont pas faits pour calmer leur tension et leur ambition politiques. Un fait est certain, le pays n’a pas faim et soif de changement de Premier ministre ou de nouveaux gouvernements pour consolider la même politique réactionnaire. Ce que demandent les masses populaires, ce sont des hommes et des femmes dignes et dynamiques capable de les accompagner sur le droit chemin d’une lutte révolutionnaire contre le système d’exploitation qui suce leur sang.
Cette tache ne revient pas à l’OEA, ni à l’opposition voire le président Jovenel Moise, c’est le peuple qui un jour décidera et placera l’un de ses fils dignes pour diriger sa destinée.