Des élections pour perpétuer les desseins sinistres des coups d’État !

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Dans toutes les sociétés de classe, on ne peut s’empêcher d’être frappé du phénomène souvent sanglant qu’on appelle « Coup d’Etat » qui n’est autre que la prise du pouvoir grâce à la force par un autre secteur politique bien déterminé  de façon à stopper un processus en cours.

L’histoire rapporte qu’il y a toujours eu des coups d’état ; mais ce qui est important et déterminant,  c’est l’objectif visé : ou bien il s’agit de briser un indésirable statu quo, auquel cas c’est un coup positif ; ou bien il s’agit de rétablir le mode de vie, produit de la société coloniale ou de la société capitaliste, là c’est un coup négatif !

Cet instrument politique qu’est le coup d’état est une arme à double tranchant pouvant servir les forces tant réactionnaires que progressistes.  Nous pouvons prendre comme exemples de coups  réactionnaires, ceux qui ne cherchent qu’à anéantir la vie d’une classe d’hommes et mettant en danger l’existence même, tels : celui d’Augusto Pinochet quand il a renversé Salvador Allende ; de Blaise Compaoré contre  Thomas Sankara, le coup en 2009 au Honduras contre Manuel Zelaya ; et récemment l’assassinat de Mouammar Kafhafi. Par contre, le coup d’état de Fidel Castro contre Fulgencio Batista, de Thomas Sankara contre Jean Baptiste Ouédraogo, du capitaine Hugo Chavez contre Carlos Andres Perez,  de Laurent-Déziré Kabila contre Mobutu Sese Seko sont à l’antipode de la pratique perverse contre les gouvernements progressistes. Malheureusement, tous les coups qui ont terriblement frappé notre pays  entrent toujours dans leur cadre négatif de nous empêcher toute forme d’avancée souveraine vers le progrès social et économique.

En vérité,  notre catastrophe totale a pour point de départ le 17 Octobre 1806, soit deux ans après la grande révolution anti coloniale et anti esclavagiste qui a donné naissance à ce premier pays de  nègres libres, indépendant et souverain de l’hémisphère. L’assassinat de Dessalines permet la division du pays en République de l’Ouest et du Sud et de celle du Nord. Ce faux pas ne fut autre que le fruit de ce coup d’état criminel qui n’avait pas d’autre projet que mettre un frein à la révolution en marche. C’est à la lumière de ces faits historiques qu’il nous faut comprendre  les coups d’état du 10 mai 1950 contre Estimé, du 14 juin 1957 contre Fignolé et du 30 septembre 1991 contre Aristide, durant lesquels le peuple a toujours été massacré.

L’arrêt du 30 septembre n’a fait que briser les faibles ciments organisationnels qui commençaient à traduire  la volonté populaire d’essence progressiste qui s’éparpillait dans le pays pour renforcer la fragile démocratie naissante après le départ du régime dictatorial des Duvalier. Il n’a fait que renforcer les intérêts vitaux des institutions internationales au détriment des aspirations des masses haïtiennes.

Ainsi, ce 30 septembre 2016 qui ramène le 25ème anniversaire de ce  coup qui avait fait plus de 10.000 morts, on aurait pu espérer qu’il allait être sans doute commémoré dans un  moment de tristesse  par un deuil national à la mémoire des milliers de victimes ; mais aussi dans la dignité et la mobilisation d’un peuple ayant tiré de ses anciens malheurs de nouvelles raisons de lutter, uni autour d’une avant-garde qui aurait mis à profit certaines leçons politiques. Mais, ce n’est pas le cas ;  manifestement, rien n’a changé, puisque c’est l’objectif d’écarter les masses populaires de la scène politique qui continue encore son cours au profit des intérêts coloniaux de sorte que le pillage et l’exploitation des richesses nationales par les grandes puissances continuent encore et toujours de plus belle.

Si les deux mandats de René Gracia Préval et le quinquennat de Michel Joseph Martelly, malgré leur cynisme sans égal, n’ont jamais été interrompus par aucun coup des forces des réactionnaires, c’est la preuve qu’ils ont été totalement domestiqués par les mercenaires du système capitaliste et c’est pourquoi justement ils s’alignaient sur les positions de l’impérialisme et de ses valets. Voilà pourquoi d’ailleurs, ils n’ont jamais caché leur dégoût pour les masses populaires haïtiennes et ont eu à dire avec fierté que tant qu’il y aura la force d’occupation la Minustah, ils restent à l’abri des coups (venant cette fois du secteur progressiste.) Bref, tout cela, c’est pour témoigner que ce sont toujours  les objectifs du coup d’Etat de 1806 et du 30 septembre 1991 contre les masses qui continuent sous la domination des puissances internationales. Comme il n’y a jamais eu de rupture entre le mouvement démocratique, uni et populaire qui avait imposé Aristide au pouvoir en 1990 et offert une nouvelle alternative, l’impérialisme, après sept mois seulement, a repris le contrôle du pouvoir  par un coup d’état qui avait suscité un vaste  soulèvement populaire. Aristide tout comme Fignolé ont été  pris à leur propre jeu, du fait que tout en faisant une politique profondément de collaboration avec l’impérialisme, ils n’ont jamais renoncé à leur posture de se donner une base populaire, quoique pour la façade, cachant ainsi leur vrai nature. Et c’est précisément ce que déteste Washington et il en profite pour démantibuler les organisations de masses par tous les moyens possibles et imaginables.

Ainsi, le peuple ne doit pas se laisser berner par de vaines illusions de changement de la part de cette classe politique qui s’aligne convenablement avec l’autorité dominante pour la continuité de la tragédie haïtienne.  Les élections en cours, n’importe qui peut les gagner ; mais cela n’ébranlera pas les forces tutrices puisque aucun de ces candidats n’a la force populaire et politique adéquate pour renverser la situation vers de véritable changement anti-impérialiste. Même les principaux dirigeants populaires, ils se laissent emporter par leur ambition personnelle au détriment de la patrie. Voilà pourquoi quelque soit l’heureux gagnant, il entrera tout droit dans la logique de perpétuer les objectifs des coups d’état de 1806 et de 1991 afin d’aider à pérenniser les actions impériales visant à maintenir le pays sur la voie de la domination et d’un sous-développement sans pareil.

Sauf qu’un jour viendra où l’honnêteté l’emportera sur l’hypocrisie, où la résistance populaire organisée l’emportera sur  les collabos pour doter le pays d’un vrai mouvement révolutionnaire qui, à la manière de Dessalines, de Lénine, de Castro, de Sankara, de  Kabila et de Chavez, sera en mesure de freiner l’influence impériale et ses fantoches pour jeter les bases solides de la reconstruction sociale du pays.

Berthony Dupont    Volume:Vol 10 # 12 du 28 Septembre au 4 Octobre 2016
 

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