Depuis quand la morale démocratique est-elle devenue le fondement de la politique extérieure des pays du G7?

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Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy. Les nuits de Sarkozy sont troublées comme celles de Caïn après le meurtre de son frère Abel.

« Jai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J’espère vivre assez pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »

                                                                                         (Nelson Mandela)

 

Les griffes aciérées de l’histoire se sont finalement enfoncées dans le corps frêle et rachitique de l’ex-président de la France. Nicolas Sarkozy  fume actuellement un cigare scandaleux qui lui exposera dans la bouche comme une dynamite. De la voix arrogante et effrontée du loup de Gubbio des Parisiens, il ne reste que la crainte de la honte profonde et de l’humiliation enlaidissante.   Le sang des victimes –le père et le fils – crie vengeance. Les nuits de Sarkozy sont troublées comme celles de Caïn après le meurtre de son frère Abel. Le mari de Carla Bruni, l’allumeuse aux yeux de sphinx, emprisonnée dans sa « plastique de liane », pour réutiliser la locution nominale de Paris Match,  n’arrive plus à fermer ses paupières, sans voir l’œil accablant et accusateur de Mouammar Kadhafi se poser sur son visage osseux et inquiet.

Nicolas Sarkozy a assassiné une amitié loyale, détruit un pays progressiste, déstabilisé une nation ambitieuse et solidaire, divisé une patrie héroïque, appauvri un peuple digne et fier de son passé historique Si tout se passe bien au niveau du procès, se déroule de manière équitable, si les faits qui sont reprochés à l’accusé sont avérés, les populations du Sud pourront enfin peut-être jouir du  privilège de voir le dirigeant d’un État impérial prendre le chemin de la prison. Franchir, la tête baissée devant les Français, les portes robustes du pénitencier. Du royaume des morts, s’élèvera peut-être la voix puissante de Johnny Halliday :

« Les portes du pénitencier

Bientôt vont se fermer

Et c’est là que je finirai ma vie

Comme d’autres gars l’ont fini… »

 

« Qui rit vendredi, dimanche pleurera! »

Les accusations qui pèsent sur Nicolas Sarkozy sont classées dans la catégorie des « crimes contre l’humanité » et des « crimes de guerre ». C’est la Cour pénale internationale (CPI) qui devrait être investie du pouvoir d’instruire et de juger cette « Affaire » nébuleuse. Les analystes politiques en dégagent déjà l’odeur de la « sadicité », de la puanteur de la « crapulerie », de la senteur de la « traitrise »…

Nicolas Sarkozy est-il effectivement pour Kadhafi  l’Olympias qui mit le poignard dans la main de Pausanias pour qu’il assassinât le roi Philippe II de Macédoine? Ou, plus près de nous, une espèce de « Garât [1] » du néocolonialisme? Selon les informations qui circulent dans le monde, le Guide libyen Mouammar Kadhafi et son fils Muatassim seraient sommairement exécutés sous les ordres de l’Élysée le 20 octobre 2011. Alors qu’ils étaient faits prisonniers. Ils n’avaient donc aucun moyen de défense. À l’en définir par le Statut de Rome, il s’agit de « deux meurtres au premier degré ». De « deux assassinats politiques ». De « deux crimes prémédités ». Les « crimes contre l’humanité » et les « crimes de guerre » sont sanctionnés par l’emprisonnement à perpétuité, étant donné que la peine de mort est abolie dans plusieurs États de la planète. Ce n’est pas à Paris, en France que Sarkozy doit être jugé. Mais à la Haye, aux Pays-Bas. Pour rendre justice à Kadhafi, à Muatassim, au peuple libyen qui recommence à vivre des moments de privations difficiles par rapport aux besoins primaires et essentiels, comme du temps où les Bédouins étaient sous l’emprise féroce, impitoyable de l’occupation italienne.

Dans son ouvrage « Terre des hommes », Saint-Exupéry a rendu un vibrant hommage à ces populations courageuses du désert de Libye, qui lui a valu la gratitude, la reconnaissance du poète engagé, Emile Tubiana :

« Les Bédouins de Libye que tu as su honorer

Avec des paroles dignes de leur noblesse,

Leurs enfants se trouvent tous en détresse,

Que ce soit dans le désert de Libye

Ou de l’Égypte, ou de la Tunisie,

Ou même du Qatar ou du Yémen,

On se demande ou cela nous amène.

Et plus encore, en Syrie… »

Pourrions-nous oublier ces paroles écrites par Mouammar Kadhafi, et qui prophétisaient sur sa mort prochaine?  « Non, peu importe ce que j’ai réalisé ! Pour certains ce n’était jamais assez. Mais les autres savaient que j’étais le fils de Gamal Abdel Nasser, le seul vrai leader musulman arabe que nous avons eu depuis Salah-al-Din. Nasser était sur ses traces quand il a exigé le canal de Suez pour son peuple, tout comme j’ai réclamé la Libye pour mon peuple. J’ai essayé de l’imiter pour garder mon peuple libre de la domination coloniale, des voleurs qui nous détroussent.

[…] Et si Allah le veut, je mourrai en suivant Sa Voie, la voie qui a rendu notre pays riche en terres arables, avec de quoi manger et la santé, et nous a même permis d’aider nos frères et sœurs africains et arabes en les faisant travailler ici avec nous, dans le Jamahiriya libyen. »

Après l’exécution de Mouammar Kadhafi, nous fûmes particulièrement déçus de Jean Ziegler. Celui-ci répondait à une question portant sur ses rencontres avec le défunt dirigeant. L’écrivain s’était laissé prendre au piège de l’interviewer de France 24. Il déclarait, comme cela lui était suggéré dans la formulation trompeuse de la question, qu’il aurait agi aujourd’hui différemment. L’auteur de « L’Empire de la honte » admettait sans intelligence que Kadhafi fut effectivement un dictateur, un assassin, un criminel, un persécuteur pour son peuple. Les Libyens donneraient actuellement la moitié de leur existence, rien que pour voir Mouammar Kadhafi et Muatassim ressusciter, comme Jésus, de leur tombeau. La Libye est entièrement divisée. La « chaotisation » de ce pays riche en ressources pétrolières, qui se préoccupait des problèmes épineux de l’Afrique, qui œuvrait à l’unification et au désasservissement de tout le continent du néocolonialisme et de la colonialité, inscrit un retard désespérant au tableau de la forme de « Révolution » à laquelle aspirent les sociétés du Sud.

L’hypocrisie des États du G7 va loin. Tous les dirigeants nationaux réunis au sein de ce « Bordel politique » encouragent Benjamin Netanyahu à massacrer les Palestiniens sans défense.

L’hypocrisie des États du G7 va loin.  Tous les dirigeants nationaux réunis au sein de ce « Bordel politique » encouragent  Benjamin Netanyahu à massacrer les Palestiniens sans défense. Cette semaine encore, les militaires israéliens ont reçu l’ordre de tirer sur des civils désarmés, parmi lesquels, des femmes, des enfants et des vieillards. Le bilan fait état de 16 morts et de 7000 blessés. Ces « seigneurs impériaux » se cadenassent la gueule. Et détournent leurs regards de la Bande de Gaza. Les États-Unis, le Canada, la France, le Royaume-Uni, le Japon, l’Espagne, l’Italie et l’Union Européenne savent pertinemment que Yasser Arafat a été empoissonné au polonium en 2004. Et tous les soupçons pèsent sur Israël. Dans n’importe quelle partie de la planète, les experts en matière de politique internationale vous diront que le poison demeure l’arme utilisée fréquemment par le Mossad pour se débarrasser des adversaires et des ennemis de l’État hébreu. Aucun de ces néocolons n’avait annoncé des sanctions à l’encontre du gouvernement répressif de Benjamin Netanyahu. Pas même après les événements graves et sanglants de juillet et d’août 2014 qui ont détruit complètement la Bande de Gaza, et qui ont fauché la vie d’un nombre considérable de Palestiniens!

Et pourtant, des voix puissantes s’élèvent en Europe et en Amérique du Nord  pour accuser la Russie de Vladimir  Poutine d’avoir tenté d’assassiner un ancien agent des services secrets russes, Sergueï Skripal et sa fille, en Angleterre. Une vaste comédie à la Molière. Un burlesque à la Charlie Chaplin. Ou à la Griffith. Comme si le Grand Palais du Kremlin était le seul siège officiel qui utilise l’empoisonnement  comme moyen de destruction de la vie humaine. Qu’est-ce que l’on a fait du cas de Manuel Noriega dans les prisons des États-Unis et de la France? L’espion rebelle de la Central Intelligence Agency (CIA), qui s’est retourné contre ses patrons, ne s’est même pas souvenu de son nom, lorsqu’il est décédé dans son pays natal. D’ailleurs il ne se rendait même pas compte de sa présence dans ce lieu sinistre où il attendait inconsciemment sa triste fin. L’accomplissement de son destin.

En voulez-vous? En voici!

Combien de tentatives d’assassinat les États-Unis ont-ils manigancé, par l’entremise de la CIA, contre feu le révolutionnaire Fidel Castro? Les chiffres font état de plus de 630. Et tous les moyens étaient envisagés. Y compris celui de l’empoisonnement. Beaucoup de militants des milieux de l’opposition politique, qui décèdent de manière  brusque, qui succombent à une crise cardiaque,  se sont fait ingérer parfois des substances toxiques sans le savoir. Dans l’ancienne Grèce ou dans la Rome  antique, les antagonistes utilisaient le cyanure, l’arsenic, la dioxine ou le poignard. Aujourd’hui, il faut ajouter à la sombre liste les balles des mitraillettes.

Les pratiques, les méthodes qui règlent les hostilités politiques ne changent pas. Dans tous les pays, la « raison d’État » emprisonne. Torture. Empoisonne. Exécute. Qui oserait affirmer le contraire? Pour la cosmocratie mondiale, le faire n’est point la question! Les États qui gravitent dans le cercle hermétique de la mondialisation détiennent et exercent tous les pouvoirs. Même celui de restreindre les Libertés individuelles et collectives. Ils affament leurs habitants.  Engouffrent l’argent des contribuables dans les usines de fabrication d’armes de destruction massive, au lieu de s’en servir pour l’amélioration des conditions de vie des familles démunies.

Après le triomphe de la révolution française, la Convention a envoyé sous la guillotine beaucoup de « têtes nobles ». Celle du roi Louis XVI ne fut pas épargnée. En Russie, toute la famille royale est passée par les armes. En Chine, à Cuba, les dirigeants antirévolutionnaires  ont payé de leur vie les souffrances physiques et morales  qu’ils infligeaient à leurs peuples. Antoine de Rivarol parlerait de « mal » du « Bien », qu’il ne faut pas toujours voir. Dans certains cas.

Cependant, les militants progressistes n’oublieront jamais les conditions répugnantes dans lesquelles sont assassinés des femmes et des hommes qui ont participé au combat de libération de leurs concitoyens.  Le 24 mars 1980, Monseigneur Óscar Arnulfo Romero y Galdámez, archevêque de San Salvador, fut criblé de balles sur l’autel de l’église où il prononçait son homélie. Il se portait à la défense des droits des paysans. Et prêchait contre l’exploitation des faibles. Le 1er juin 1976, le jeune journaliste haïtien, Gasner Raymond trouva la mort de façon tragique dans une petite localité de la ville de Léogane. Ses assassins – quoique connus de tous – ne furent jamais arrêtés. Ces citoyens n’étaient pas des « agents doubles » au service occulte d’un État mafieux. Mais plutôt des camarades qui défendaient les principes sacrés de l’existence humaine. Les États-Unis, le Canada, la France, l’Angleterre, l’Allemagne, etc. n’ont pas suspendu leurs relations diplomatiques avec les gouvernements impliqués dans ces assassinats.

Cette semaine en Haïti, un photojournaliste, Vladimir Legagneur a été mutilé à Grand-Ravine. Les chiens ont dévoré son cadavre. Tous les médias du monde ont repris cette tragédie. Les autorités politiques, législatives et judiciaires ont réagi deux semaines après la disparition du jeune homme. Cela laisse supposer que la police était bel et bien au courant que Vladimir Legagneur a été exécuté par ses ravisseurs le jour même du 14 mars 2018 où son épouse constatait et signalait sa disparition. Ce lieu sinistre sert de refuge aux gangs les plus cyniques de l’Ouest. Ce Gougòy, à la peau goudronnée, qui s’exprime ouvertement aux micros des médias, avoue qu’il dirige un groupe de bandits armés jusqu’aux dents qui contrôlent, règnent sur toute la zone. L’État haïtien n’a plus le monopole de la violence sur son territoire. Le PHTK, la Minustah, la Minujusth, le Core Group ont plongé la République d’Haïti dans l’anarchie sociale, politique, économique et culturelle.

Vladimir Legagneur aurait-il fait une quelconque rencontre inopportune qui aurait pu signer sa condamnation à mort?

Selon des révélations faites par les habitants de la région sous le couvert de l’anonymat, les gangsters des quartiers de Martissant ont plusieurs mains qui les nourrissent. Ils ont parlé de la présidence, du parlement, des ONG, du secteur privé… Vladimir Legagneur aurait-il fait une quelconque rencontre inopportune qui aurait pu signer sa condamnation à mort? A-t-il été présent en ces lieux simplement au mauvais moment ? N’oubliez pas que le malheureux chauffeur de motocyclette qui assurait son transport demeure lui aussi introuvable jusqu’à présent. Le gangstérisme implanté à Martissant a des ramifications maléfiques profondes. D’ailleurs les chefs se succèdent à un rythme rapide. Ils ne survivent pas longtemps après leurs crimes. Le remplaçant de ce satané Gougòy se positionne, peut-être, déjà.

Vladimir Legagneur n’est pas Sergueï Skripal. Les ambassades étrangères accréditées à Port-au-Prince enverront-elles une note de protestation à Jovenel Moïse pour exiger que la lumière soit faite sur ce crime affreux qui rappelle les temps abominables des grandes dictatures politiques?

Si la morale démocratique était le fondement de la politique externe, il n’y aurait pas de « diplomatie ». L’État a des intérêts qui dépassent ses frontières. Les méthodes et les pratiques politiques observés dans la phénoménologie de la perception de l’extraterritorialité qui relève elle-même du droit international montrent assez clairement que les actions des puissances dominantes ne sont pas guidées par des motivations humanitaires et des considérations   philanthropiques. Lorsque George  W. Bush a planifié l’intervention des militaires états-uniens en Irak, ce n’était pas seulement pour une question de contrôle des puits pétroliers. Cette opération désastreuse, camouflée sous une propagande farfelue, indigeste, tendant à faire croire que le régime de Saddam Hussein était sur le point de maîtriser les techniques de  l’enrichissement de l’uranium, cachait une autre réalité.

Depuis 2006, Israël a mis au point un plan d’attaque militaire [2] contre l’Iran. Pour mener ses opérations, Netanyahu doit, selon les calculs mathématiques, utiliser un couloir aérien qui traverse le territoire irakien. L’idée maîtresse consistait donc à renverser le gouvernement de Saddam, à affaiblir l’État syrien, à asséner en même temps le coup de grâce aux Palestiniens afin de s’emparer de l’ensemble du territoire, et ensuite à enlever les dents de l’ancienne « Perse » devenue « Iran » en 1934 à la suite du décret de Reza Pahlavi. Tout cela ouvrirait les portes à l’élargissement de l’hégémonie des États-Unis dans cette partie du monde, où chaque femme, chaque homme est né avec une étoile de guerrier sculptée sur son front. Jusqu’à présent, le scénario demeure sur la table. Il faut dire que Barack Obama n’était pas très ouvert à cette entreprise qu’il qualifiait de risque dangereux pour la paix dans la région, pour la sécurité de la planète. D’ailleurs, les observateurs de la politique internationale ont clairement remarqué la froideur hostile qui suintait des relations difficiles entretenues par la Maison Blanche de l’époque d’Obama et le dirigeant de l’État hébreu.

La guerre civile que les États-Unis ont provoquée en Syrie participe de la logique de déclenchement d’une éventuelle attaque d’Israël contre l’Iran. La Russie a bien compris les intentions malsaines et mal dissimulées de Washington, du Département d’État et du Pentagone.  En faisant défiler son puissant arsenal de guerre, Vladimir Poutine a lancé un sérieux avertissement aux pays du G7. Depuis ce jour-là, la panique s’est installée en Occident. En aucun cas, le Chef du Kremlin n’abandonnera le pays de Bachar el-Assad à la déconfiture de la destruction. C’est pour le président une façon de réparer l’énormité de ses erreurs regrettables envers le peuple libyen et la famille Kadhafi. Si Vladimir Poutine n’était pas venu à la rescousse du régime assadien, la Syrie serait devenue déjà comme l’Irak, la Libye, l’Égypte, l’Afghanistan…

L’arrivée de la Corée du Nord dans le décor politique des grandes puissances qui veulent se partager la terre  inquiète l’Organisation des Nations unies (ONU), préoccupe l’Organisation du traité de l’atlantique nord (Otan) au plus haut point. L’affaire de l’empoisonnement de l’ex-espion russe et de sa fille sert de bouée de sauvetage aux « gendarmes septentrionaux » qui cachent mal leur faiblesse, leur crainte, leur désarmement, leur nudité, leurs frustrations par rapport à la montée vertigineuse de Vladimir Poutine qui a juré de reconstruire la puissance militaire mondiale de son pays humilié par les conséquences catastrophiques de la perestroïka et de la glasnost du pro-occidental Mikhaïl Gorbatchev. L’ancien directeur du KGB, élevé à la plus haute fonction de l’État, a juré de ramener la Russie à l’époque où elle faisait trembler l’Est et l’Ouest.

En dernier lieu

L’approche de l’analyse « gramscienne » de l’État nous permet de comprendre que les masses exploitées sont également blâmables de leur situation à plusieurs niveaux. Elles ont aidé –  par les habitudes de vie qu’elles ont développées et adoptées dans le système capitaliste – l’ « idéologie bourgeoise » à  « hégémoniser » leur conscience. Elles ont donc inconsciemment consenti aux conditions dégradantes de leur domination et de leur exploitation. Dans les circonstances que nous décrivons, aucun changement social, économique et politique ne peut être « réalisé » sans que les élites progressistes envisagent la mise en place d’un système de rééducation viable, capable de préparer et d’adapter la mentalité de la classe ouvrière et syndicale aux impératifs de l’idéologie de la lutte pour le « désasservissement » des marginalisés.

Albert Jacquard déclare : « Mon objectif, ce n’est pas de construire la société de demain, c’est de montrer qu’elle ne doit pas ressembler à celle d’aujourd’hui. »

Les tristes réalités économiques dans lesquelles végètent les peuples des ghettos du Nord et des bidonvilles du Sud poignardent la dignité humaine dans le dos. Le sang des inégalités sociales inonde le monde contemporain. Chômage, famine, analphabétisme, délinquance, variance… deviennent le lot quotidien des infortunés de la planète. La société globalisée est d’une laideur terrifiante. Il faut la démolir, repenser une nouvelle architecture et tout reconstruire. Cependant, il faut pour cela provoquer l’émergence symbolique d’un « Noé [5] charismatique » pour préserver et nourrir les espèces qui soient capables d’incarner la « société de demain »  dont parle le généticien français. Plusieurs penseurs humanistes le prédisent : la « propriété privée », l’ « enrichissement individuel » pratiqués en mode de disproportion honteuse – en comparaison bien entendu  au train de vie précaire mené par les  masses populaires paupérisées – détermineront la cause ultime – selon l’approche phénoménologique aristotélicienne – du cataclysme socioéconomique qui acheminera l’Humanité vers l’apocalypse. Donc, vers sa perte totale…!

L’État bourgeois a négocié la perdition de la planète avec « Satan ». Les efforts de la classe asservie doivent être mobilisés et redirigés efficacement vers l’espoir et la volonté de le forcer à dépérir.

Sans le vouloir, nous avons une fois de plus évoqué la pensée marxienne qui accentue sur l’importance du phénomène de dépérissement de l’État répressif dans la société révolutionnaire. Lénine suggère lui-même la fondation de l’État prolétarien pour remplacer le premier qui servait les intérêts des oligarques corrompus. Cependant, en explorant les régimes politiques de droite ou de gauche, nous nous rendons compte que ni les uns ni les autres n’ont pu répondre à la problématique aristotélicienne sur le modèle de gouvernement qu’il faudrait instaurer pour garantir le bien-être matériel et psychologique de l’individu. Aristote associe le syntagme nominal de « communauté politique » à la notion de « vie heureuse ». En clair, « vivre ensemble » pour « bien vivre ». Toutes les théories développées en sciences humaines pour tenter de pallier l’absence de solution aux situations de souffrances des êtres échouent, comme un bateau, dans le banc de sable de l’inappropriation et de l’inefficacité. Elles ont toutes montré leurs limites et leur irrationalité. Il ne s’agit pas d’aménager ici une plateforme quelconque d’idées et de débats pour apologiser le communisme et diaboliser le capitalisme. L’un paraît illusoire, l’autre  est impitoyable. Il faut que les philosophes contemporains avant-gardistes réfléchissent sur la nécessité de découvrir d’autres concepts qui traduisent et imposent des réalités sociopolitiques et économiques plus justes.

Nous ne faisons pas du tout référence à l’ « égalitarisme hallucinatoire ». Rien n’est égal dans la nature. Et il ne faut pas oublier que l’ouvrage de Thomas More qui a tenté la démarche de l’égalité des êtres et des choses s’appelle L’Utopie. Le gouvernement idéal n’a jamais existé. N’existera probablement pas. Il reste tout simplement à l’individu d’en inventer un modèle qui puisse tant bien que mal rendre sa vie sur la terre plus ou moins supportable. Voilà le sens de nos réflexions! L’essence du bien-fondé de notre persistante plaidoirie…!

Quand la politique cessera d’être la « science du pouvoir » entre les mains d’une élite internationale, elle deviendra un instrument de bien-être pour tous les « laissés-pour-compte ». Les masses détiennent le « pouvoir de vie et de mort » sur le capital. Elles peuvent le ruiner. Car c’est avec leur force de travail qu’il progresse et s’expand. Mais, malheureusement, elles ignorent elles-mêmes l’étendue de leur « puissance ».

 

Robert Lodimus

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Références

[1] Garât, le soldat qui abattit le cheval de l’empereur haïtien Jean-Jacques Dessalines, avant que celui-ci fût criblé de balles.

[2] Éric Laurent, BUSH, L’IRAN ET LA BOMBE, Enquête sur une guerre programmée, Éditions Plon, 2007.

 

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