Défilé carnavalesque ou lutte de classe ?

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Le pouvoir en place qui ne lésine pas sur les moyens d’asservissement des masses populaires  se croit sans doute invulnérable, puisque pour l’instant il n’est menacé par aucun des secteurs politiques du pays. C’est un fait que s’accordent à reconnaitre aujourd’hui, presque tous les acteurs, même ceux qui se montraient les plus hostiles au régime du PHTK.

Si le rapport des forces internes ne se modifie jamais et reste toujours en faveur de la réaction toujours à l’affut, elle n’a rien de quoi s’inquiéter. Si la crise du pays persiste et continue encore d’hypothéquer lourdement toute possibilité de progrès, c’est du fait qu’il y a un profond sommeil en cours; ajouté à ces manifestations qui ne ressemblent davantage qu’à un défilé carnavalesque.

Dès lors, il n’existe aucune réelle alternative. Le secteur qui se déclare ouvertement opposé au régime se désagrège dans ses propres contradictions. Le fait par les porte-parole de ladite  « Opposition Démocratique et Populaire » Schiller Louidor de Fanmi Lavalas et André Michel (Platfòm Jistis/GNB/RNDP) de divorcer de Moise Jean-Charles de Pitit Desalin comme quoi sans l’ancien sénateur du Nord quelque chose de concret serait en construction, c’est pur mensonge. La vérité, c’est que aucune de ces organisations politiques, unies ou désunies, se rapportant aux mêmes courants réformistes, électoralistes, n’a rien à offrir si ce n’est que de la pression creuse. A bien considérer, elles sont tous deux sur la même position idéologique, sauf que leur unique point de divergences, c’est qu’elles ont chacune leurs propres appétits basés sur qui d’entre elles les forces impériales comptent choisir au terme du mandat de Jovenel Moise.  C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre leur hostilité qui a éclaté au grand jour : rien que des luttes que pour leurs intérêts personnels. Il n’y a aucune trace d’orientation de changement fondamental dans leur démarcation politique interne en cours.

Il y a d’autres courants qui se déclarent tout bonnement à gauche de cette droite et gauche ; mais malheureusement toute leur politique  reste de « salon » contraire aux principes élémentaires et même enfantins de la lutte de classe puisque : « tout mouvement sans le peuple est condamné à l’échec »

Malgré la flambée des prix des produits de première nécessité, les salaires des ouvriers qui stagnent ; le chômage et la misère qui sévissent, les dirigeants de l’Etat et le Patronat vivent dans le luxe; alors que les paysans défavorisés sont forcés de vendre leurs terres aux industriels locaux et étrangers. Dans cette ambiance, nos jeunes cadres ne trouvent rien de mieux qu’à laisser le pays pour aller vendre leur main d’œuvre à vil prix, soit au Brésil, au Chili ou en Argentine. Ces soi-disant forces politiques sur le terrain ne s’organisent guère ni matériellement ni idéologiquement de manière à faire en sorte que les grèves des ouvriers de sous-traitance, des professionnels de la santé et des professeurs soient synchronisées pour qu’enfin ils ne s’agissent plus de la lutte d’une petite entité minoritaire ; mais celle d’une classe, la classe ouvrière haïtienne si petite qu’elle soit, pour qu’enfin elle commence à prendre sa destinée en main en agissant ensemble pour jouer son rôle historique d’avant-garde.

Il n’y a aucune force alternative au pouvoir actuel, ni une opposition cohérente. Tout ce que l’opposition entreprenne en appelant à des manifestations sortant de Pétionville pour se rendre à la Capitale et vice versa passe pour des défilés carnavalesques où les bons masques se mélangent aux mauvais dans toutes les rues, sans boussole, sans aucun objectif ou une vision définie de la lutte. Ces manifestations parfois ne sont pas signes de force; mais aveu de faiblesse puisqu’elles n’arrivent pas à ébranler la Citadelle d’enrichissement économique des Bigio, des Boulos, des Apaid, des Vorbe ou autres potentats de la bourgeoisie pro-impérialiste qui bien souvent, et pour tragique et ironique que cela puisse paraitre, ne sont que leurs commanditaires financiers.

Ainsi sans aucun doute, la confiance du peuple sera toujours trahie, bafouée chaque jour et à tout instant par ces dirigeants qui ne suscitent pas pour autant une réelle mobilisation des masses. Comment pouvons-nous nous affranchir de nos ennemis de classe quand nous socialisons avec eux et avons des amis communs. Il nous faut reconnaitre qu’il y a impasse quand cette opposition est en train de trinquer avec les représentants de la réaction internationale comme nous pouvons le constater sur Facebook : l’avocat de Pitit Desalin Evel Fanfan sablant le champagne chez King Kino avec Michel Martelly ; tout comme l’accolade historique de Louis Gérald Gilles de Fanmi Lavalas avec Sweet Micky. Ce ne sont que des exemples de trahison et de collaboration de classe parmi tant d’autres.

Sans une organisation de classe, sans un mouvement prônant une conscience de classe, un parti développant la lutte des classes, le combat des exploités contre les exploiteurs, des dominés contre les dominants , les masses populaires opprimées haïtiennes seront toujours utilisées d’une manière ou d’une autre à servir la cause de leur ennemi de classe.

 

 

 

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