Le 1er février 2021, le Myanmar était frappé par un Coup d’État. Les mobilisations populaires ont rapidement suivi. Depuis lors, les travailleur·euses de l’habillement et les organisations syndicales locales sont en première ligne des manifestations et font face à une très forte répression. Les marques et enseignes de l’habillement qui s’approvisionnent au Myanmar peuvent agir.
Nous, les organisations et réseaux internationaux soussigné·es, sommes solidaires des syndicats, du mouvement des droits des travailleur·eusess et du peuple du Myanmar en condamnant le coup d’État militaire, en appelant à la restauration de la démocratie, au respect de l’État de droit et à la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées illégalement depuis le coup d’État.
Depuis le 1er février, date du coup d’État militaire, la population du Myanmar est descendue courageusement dans la rue pour manifester sa résistance face au coup d’État militaire par des rassemblements, des grèves et des protestations bruyantes. Les travailleur·euses de tous les secteurs économiques, y compris de nombreux travailleuses et travailleurs de l’habillement, se joignent aux protestations et au Mouvement de désobéissance civile (Civil Disobedience Movement – CDM), exerçant leur droit fondamental de faire grève et de manifester. Les syndicats et les organisations de défense des droits humains au Myanmar et à l’étranger s’opposent au coup d’État militaire et appellent à la solidarité internationale dans la lutte pour le rétablissement de la démocratie.
Les syndicats et les organisations de défense des droits humains au Myanmar et à l’étranger s’opposent au coup d’État militaire
Les entreprises de confection qui opèrent et s’approvisionnent au Myanmar doivent faire preuve de solidarité avec les travailleurs et soutenir le CDM ainsi que les travailleur·euses qui luttent courageusement pour leurs droits et pour la démocratie au Myanmar.
Nous demandons instamment à tous les fabricants, marques et enseignes de vêtements actives au Myanmar de le faire :
- Condamner publiquement le coup d’État militaire, appeler à la restauration de la démocratie et de l’État de droit, et soutenir les protestations du peuple et le mouvement de désobéissance civile 2. Veiller à ce que leurs activités commerciales ne contribuent pas aux violations des droits de humains ni ne les aggravent et à ce qu’elles ne soient pas directement liées à l’armée. Les marques et les enseignes qui s’approvisionnent au Myanmar doivent faire preuve de diligence raisonnable en matière de droits de humains à l’égard de leurs fournisseurs et sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement afin de garantir le respect de ces principes. Les entreprises de confection doivent continuer à identifier, documenter, traiter et remédier aux violations des droits humains et aux risques dans le secteur de la confection au Myanmar.
- Protéger et soutenir le mouvement des droits du travail, y compris les fédérations syndicales, les syndicats d’usine, les organisations de défense des droits du travail et les travailleur·euses dans la défense de la démocratie au Myanmar. Les marques et les enseignes doivent condamner l’annonce de l’armée déclarant illégales les organisations de défense des droits des travailleur·euses et leur interdisant de poursuivre leurs activités. Elles doivent également exprimer et montrer leur soutien à la liberté d’association et veiller à ce que leurs fournisseurs directs et indirects respectent ces principes.
- Protéger et soutenir les travailleur·euses qui exercent leurs droits fondamentaux de liberté d’expression, de réunion pacifique, de liberté d’association et de droit de grève. Cela signifie que :
(a) Les entreprises de confection doivent veiller à ce qu’aucun travailleur·euse, dirigeant·e ou membre d’un syndicat ne soit puni ou ne fasse l’objet de mesures disciplinaires pour avoir fait grève ou participé à des manifestations.
(b) Les travailleur·euses qui s’absentent du travail, soit pour des raisons de sécurité et des raisons politiques, soit pour avoir exercé leur droit fondamental de faire grève et de protester, ne doivent pas faire l’objet de punitions ou de mesures disciplinaires.
(c) Les entreprises de confection doivent assurer la sécurité de l’emploi et le paiement des salaires des travailleur·euses en grève ou qui protestent, ainsi que des travailleur·euses qui ne peuvent pas venir travailler pour des raisons de sécurité.
- Les marques et les enseignes, ainsi que les initiatives volontaires (telles que les initiatives multipartites ou les initiatives de responsabilité des entreprises) axées sur l’industrie de l’habillement, doivent agir rapidement en réponse aux plaintes ou aux informations qu’elles reçoivent concernant les violations des droits humains et du travail se produisant dans les usines d’où elles-mêmes, ou leurs membres, s’approvisionnent. Dans ce contexte, les entreprises doivent s’engager activement auprès du Myanmar et des syndicats et organisations syndicales internationales.
- Pour faciliter l’identification des risques et la résolution des plaintes et des violations des droits humains, les marques et les enseignes devraient divulguer une liste à jour de tous leurs fournisseurs directs et indirects au Myanmar, comprenant le nom, l’adresse, la société mère, le type de produit et le nombre de travailleur·euses.
Nous demandons instamment aux initiatives volontaires de s’engager publiquement à respecter ces recommandations
Nous appelons les marques de vêtements, les enseignes et les fabricants à rendre publics ces engagements, à les partager avec leurs fournisseurs directs et indirects au Myanmar et avec les partenaires commerciaux concernés.
Nous demandons instamment aux initiatives volontaires de s’engager publiquement à respecter ces recommandations, de les partager avec leurs membres et de surveiller étroitement les entreprises membres pour s’assurer qu’elles remplissent leurs obligations en matière de respect des droits de l’homme.
Signataires
Both ENDS
Clean Clothes Campaign
Solidarity Center
United Students Against Sweatshops (USAS)
We Women Foundation
achACT 01 mars 2021
Tlaxcala : 22 mars 2021