Depi m maten m ap bat nay (Pawòl Papa Pyè)
Une triste nouvelle provenant d’Orlando, nous a informé de la disparition physique du comédien Jean Claude Joseph. Selon plusieurs sources dignes de foi, hospitalisé à Orlando depuis le vendredi 13 octobre dernier, Papa Pyè de son nom d’artiste, allait rendre l’âme le mercredi 18 octobre suivant. Asthmatique et souffrant simultanément de diabète, le comédien et dramaturge vivait loin de sa famille et de ses amis.
Micheline Pierre, sa jeune sœur qui intervenait sur une station de radio de la capitale haïtienne exprimait son chagrin en ces termes : « C’est un coup de massue pour nous de sa famille. Au tout début, il vivait dans le Maryland ; mais se plaignait souvent que là ses affaires ne marchaient pas trop bien. C’est alors qu’il a pris la décision de déménager pour aller à Orlando. Nous avons appris qu’il a été hospitalisé vendredi dernier. Tout en sachant qu’il souffrait d’asthme nous n’avons pas pensé qu’il était aussi gravement malade au point de rendre l’âme en si peu de temps ».
C’est en ces termes teintés d’étonnement mêlé de doute que sa sœur cadette confirmait cette funeste nouvelle. Madame Pierre pour exprimer ses doutes a même sollicité une autopsie du cadavre de son frère pour avoir la certitude que cette mort est naturelle. Cet élan de révolte que Madame Pierre n’est pas parvenue à contenir est pourtant pleinement justifiée. Dans notre pays, les autorités de l’Etat préfèrent cracher sur la population au lieu de l’aider à vivre dans la dignité.
A titre d’exemple, l’ex-sinistre de la Communication Magalie Comeau Denis et ses complices les minables Lionel Trouillot et ti Jean Lhérisson qui se sont contentés de cracher sur les 75 pères et mères du Quotidien d’Etat l’Union à l’occasion du séisme politique de 2004. Depuis mars 2004, toutes les démarches entreprises auprès de tous les autres sinistres n’ont essuyé que mépris, morgue et mésestime. Pour revenir à Papa Pyè, rappelons qu’il a dû attendre jusqu’au 13 octobre 2015, pour voir ses nombreux efforts honorés par le ministère de la Culture à l`occasion de la réouverture des portes du Ciné Triomphe à Port-au-Prince.
En cette occasion le comédien a eu à déclarer. « On m’a rendu hommage quinze fois à l’étranger. C’est la première fois qu’on m’honore dans mon propre pays », avait souligné Jean-Claude Joseph, dit Papa Pyè. Homme de scène, Papa Pyè a laissé son empreinte dans le théâtre populaire comique haïtien. Vers la fin des années 70 et au tout début des années 80, la Télévision nationale diffusait hebdomadairement ses séries de Lavi Nan Bouk. Chaque samedi, les amants du théâtre comique attendaient qu’il soit 3 heures pour qu’ils s’accrochent à leurs petits écrans et rigoler pendant 30 bonnes minutes de plaisir sain.
Notre indignation est encore plus grande quand la famille du comédien a indiqué avoir entrepris des démarches auprès des officiels du pays notamment le ministère de la Culture pour avoir les moyens d’organiser les funérailles de l’artiste. N’est-ce pas là l’occasion pour l’Etat de prendre une fois pour toutes les dispositions nécessaires concernant les funérailles de ceux et celles qui ont servi le pays ?
Jean-Claude Joseph, ce comédien plus connu sous le nom de Papa Pyè, son nom d’artiste à la télévision, durant les années 1970 et 1980, dans la série Lavi nan bouk, l’une des figures emblématiques du théâtre haïtien, est décédé, à l’âge de 66 ans, tôt dans la matinée de ce mercredi 18 octobre 2017, dans un hôpital à Orlando. Intervenant par téléphone depuis les Etats Unis la sœur cadette du disparu Micheline Pierre n’a pas caché ses doutes sur les circonstances entourant la disparition selon elle trop subite de son frère.
« L’on nous a contacté par téléphone le mardi 17 octobre 2017, pour nous informer que Jean-Claude a eu une crise cardiaque, au point que les médecins ont pris près de 5 minutes avant de le réanimer. Le lundi 16 octobre 2017, il avait fait une rechute d’asthme. Les médecins lui ont donné un calmant pour l’endormir parce qu’il était un peu agité. Ensuite il a été admis à l’hôpital, le vendredi 13 octobre 2017, après qu’il a été retrouvé évanoui dans sa chambre. On lui a fait de la respiration artificielle, avant d’appeler une ambulance pour l’emmener à l’hôpital dans la ville d’Orlando », a déclaré Madame Pierre.
C’est notoire qu’il souffrait d’asthme plus connu chez nous sous le nom d’oppression. Conduit à l’hôpital, le vendredi 13 octobre 2017, il s’est endormi pendant deux jours, avant de se réveiller le dimanche 15 octobre 2017 dans la matinée, un peu faible. L’un des pionniers dans l’histoire du cinéma haïtien, il a fait ses débuts dans ce métier en 1977-1978 à la Télévision nationale d’Haïti, où il était responsable de trois shows : « Cric Crac », « Les aventures de Papa Pyè » et « Lavi nan bouk ». Ce dernier lui a valu sa popularité en Haïti et à l’étranger.
Papa Pyè, qui a hérité son nom d’artiste de son beau-père qu’il chérissait beaucoup, vivait depuis plus d’une trentaine d’années aux États-Unis d’Amérique. Tantôt à Maryland, tantôt à Orlando, Jean Claude Joseph a également participé dans plusieurs courts et aussi longs métrages haïtiens et jamaïcains, tel que le film « Fly people » du réalisateur Raynald Delerme en 2002. Selon ce qu’a confié sa sœur Micheline Pierre, Papa Pyè vivait exclusivement de son talent de comédien et de publiciste.
Profitons de cette occasion pour revendiquer une vie digne et un départ honorable pour tous nos compatriotes. En outre nous exhortons ces éléments méprisables, ces relais stipendiés du Collectif Non, à ne plus se contenter de cracher sur les fils authentiques des masses populaires ; juste à cause de leur appartenance sociale. Quelle gloire pourrait trouver ces pseudos intellectuels à tenter d’anéantir les couches des bas-fonds ? Les éternelles victimes n’ont qu’à continuer à foncer pour enfin inverser la vapeur en leur faveur.
La question logique qu’il revient à se poser, des dirigeants qui s’en prennent aux masses populaires à coup de gaz lacrymogène et de projectiles sur fond de vie chère et d’autres violences de toutes sortes au lieu de répondre à leurs revendications légitimes, pourront-elles un jour leur rendre leur dignité? Alors il est temps que le peuple puisse se lever pour prendre son destin en main, puisque toutes les conditions objectives sont donc déjà réunies pour la bataille finale. Sinon, c’est l’avenir de tout un peuple qui va en pâtir. Alòs, Papa Pyè fè travèse a ak kè poze.