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Ils ont envahi des terres étrangères, les ont occupées de façon permanente, ont traité les habitants comme des sous-hommes. Ceux-ci se sont révoltés et ont tué 12 envahisseurs. Ces derniers sont revenus avec une expédition armée, ont brûlé les habitations et ont tué 800 habitants, dont 300 femmes et enfants.
C’était en janvier 1599, au Nouveau-Mexique alors occupé par l’Espagne et ses truands à la recherche d’or et de métaux précieux, et on a appelé cet événement historique le massacre d’Acoma, du nom du peuple qui habitait dans la région.
Quatre siècles et un quart plus tard, on retrouve la même cruauté au Moyen-Orient. Les Israéliens n’ont pas encore atteint le même ration de 12:800, il leur reste à tuer quelque 60.000 Palestiniens (soit 1269:84.600, le premier chiffre étant le nombre de tués par Hamas le 7 octobre), mais ils sont sur la bonne voie et surtout, ils ont largement dépassé le ratio hommes/femmes-enfants, les Espagnols avaient atteint 38% tandis que les Israéliens sont entre 60 et 70% de femmes-enfants tués à Gaza (soit 12,882 sur plus de 21.000 au 22 décembre).
[Ls chiffres sont à percevoir comme des ordres de grandeur – diverses sources, dont: UN Women – Facts and figures: Women and girls during the war in Gaza, 22 December 2023].
Ils veulent la terre sans palestiniens
Ils ont aussi littéralement rasé Gaza, ce qui avait été impossible aux Espagnols dans un autre désert faute d’engins. Voici la photo (au début de l’article) de la rue Al-Rashid à Gaza , qui longe la Méditerannée, avant et après le passage des tanks et bulldozers israéliens. Cette photo de désolation complète a circulé dans Israël comme “l’image de la victoire sur Hamas […] diffusée avec fierté, annonçant que les Palestiniens ne peuvent plus marcher dans la rue Al-Rashid dans la ville de Gaza et, plus généralement, ne peuvent pas retourner dans la partie nord de Gaza, devenue un territoire libre de Palestiniens”.
En cela, l’armée israélienne ne fait que compléter le travail des colons juifs en Cisjordanie, lesquels, établis dans des avant-postes illégaux au regard du droit israélien et international, armés et menaçant les Palestiniens, sont de plus en plus agressifs grâce aux puissants et nombreux alliés ultraconservateurs et ultra-orthodoxes dans le gouvernement israélien, tels que Itamar Ben Gvir (lui-même un colon illégal), le ministre à la sécurité nationale, et Bezalel Smotrich (autre colon illégal), le ministre des finances qui a également la responsabilité de la sécurité en Cisjordanie. “Ils détruisent des villages palestiniens, tabassent des agriculteurs palestiniens, volent leurs olives, tentent d’ouvrir un troisième front, un front oriental contre les Palestiniens en Cisjordanie. Pourquoi ? Parce qu’ils veulent la terre sans Palestiniens“, dit Nadav Weiman qui est venu visiter avec la BBC l’ex-village palestinien de Khirbet Zanuta dont les maisons et l’école (financée par l’Union Européenne), ont été détruites par un bulldozer. Weiman est un ancien soldat des forces spéciales israéliennes, aujourd’hui militant de “Breaking the Silence”, un groupe d’anciens combattants israéliens qui font campagne contre l’occupation des territoires palestiniens par Israël. [Israeli settler violence brings destruction and fear to West Bank as war rages, Jeremy Bowen, 6 décembre 2023, BBC]
Destruction totale des Palestiniens par Israël. Signes d’un pays en phase terminale de dépravation. Et avec lui, les Etats-Unis d’Amérique du nord et son très fidèle toutou anglais. Nous venons d’apprendre que ces derniers utilisent leur base Royal Air Force d’Akrotiri à Chypre pour fournir aux Israéliens «du personnel et des équipements militaires» en secret. “Dans une mesure sans précédent, le ministère anglais de la Défense bloque toutes les enquêtes parlementaires sur les activités de la RAF Akrotiri, sa base aérienne à Chypre. […] De plus, la suppression de l’information par l’Angleterre va jusqu’à déconseiller aux médias anglais de faire état des activités des forces spéciales anglaises liées à Gaza […] La décision du gouvernement anglais de bloquer les questions parlementaires est tout à fait inhabituelle. En règle générale, les ministères peuvent refuser de répondre à des questions spécifiques pour des raisons de sécurité, mais une interdiction générale de toutes les demandes semble sans précédent”. [Action on Armed Violence, une ASBL anglaise enquêtant sur la violence armée contre des civils dans le monde entier]
les anglais utilisent leur base à Chypre pour fournir en secret des equipEmenTs militaires aux Israéliens
Ceci n’est évidemment pas une surprise, l’Occident – y compris la politiquement insignifiante Union Européenne – est fameux pour son hypocrisie et pour oublier son propre passé tumultueux. Ce sont eux les véritables terroristes, non seulement pour avoir ignoré pendant des décennies l’occupation de la Palestine et le traitement inhumain des Palestiniens, mais pour avoir contribué récemment à leur isolement et au rejet par défaut d’un Etat palestinien. Et ce, de pire en pire. Assassinats croissants par les colons juifs (plus de 515 actions en justice criminelle contre les colons pour violence rien qu’en 2008), gouvernement d’extrême-droite en Israël depuis décembre 2022, un premier ministre cherchant par tous les moyens à rester au pouvoir et éviter d’être condamné pour corruption et mauvaise gestion, déplacement par Trump de l’ambassade étatsunienne à Jérusalem en 2018, accords Abraham en 2020 de normalisation avec les pays arabes. «Comme le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son cabinet, les hauts responsables étatsuniens semblent avoir supposé qu’aucun groupe palestinien ne pouvait rien faire pour dérailler ou ralentir ce processus ou attirer l’attention sur leur sort», dit Stephen M. Walt, professeur de relations internationales à Harvard University.
Ce qui a déclenché l’attaque par Hamas, la seule force résistant à l’occupation israélienne (comme l’indique son nom complet: Harakat al-Muqawama al-Islamiya, Mouvement de Résistance Islamique). Dans la très respectée revue étatsunienne Foreign Policy, Walt énumère cinq points détaillant la responsabilité des Etats-Unis – maintenant uniquement obsédés par l’avance de la Chine au Moyen-Orient et dans le monde – dans le chaos actuel, et concluant que “Ils n’ont ni la sagesse ni l’objectivité nécessaires pour obtenir des résultats positifs, même pas pour eux-mêmes”. [An expert’s point of view on a current event. America Is a Root Cause of Israel and Palestine’s Latest War. How 30 years of U.S. policy ended in disaster.]
Le public est encore plus perdu et maintenant concentré sur l’émotion et l’image, et sur les derniers faits sans contexte historique. Il n’y a donc pas lieu de fêter le Nouvel An 2024. De toute façon, dans les médias occidentaux, c’est l’incitation à la guerre. La machine de propagande occidentale tourne à plein rendement depuis que le Congrès étatsunien a (momentanément) bloqué l’aide à l’Ukraine. Le but est de faire peur à la population occidentale. Tout dernièrement, le lieutenant-général Martin Wijnen, commandant en chef de l’armée néerlandaise (qui va démissionner en 2024) a dit que “Les Pays-Bas devraient avoir sérieusement peur de la guerre, et notre société devrait s’y préparer […] Les Pays-Bas ne devraient pas penser que notre sécurité est garantie parce que nous sommes à 1 500 kilomètres (des Russes)”, ajoutant que “les civils doivent disposer de réserves de nourriture et d’eau potable en cas d’urgence”. Ceci est rapporté par Ukrayinska Pravda, un des deux organes de propagande de l’Ukraine avec le Kyiv Independent. [Dutch Commander-in-Chief call on Netherlands to prepare for war with Russia, Ukrainska Pravda, December 28, 2023]
“L’héritage laissé par Biden sera la complicité étatsunienne dans ce massacre historique”
Les Allemands et Polonais – pays parmi les plus pro-étatsuniens – ne sont pas en reste: “Le groupe allemand de réflexion DGAP a lancé des avertissements préalables aux pays occidentaux, suggérant que la Russie pourrait lancer une attaque directe contre l’OTAN dans “à peine six à dix ans”. L’agence polonaise de sécurité nationale a quant à elle exprimé une préoccupation plus urgente, estimant que la Russie pourrait potentiellement attaquer l’OTAN dans moins de 36 mois”. [Bild: Russia may attempt to attack Europe next winter, European intelligence source says Dmytro Basmat, Kyiv Independent, December 23, 2023]
Finalement, les Anglais: leur ministre de la Défense Grant Shapps a déclaré au Sunday Times que “l’Occident ‘ne peut pas se permettre’ de perdre la guerre en Ukraine et qu’il y aurait de ‘graves conséquences’ si le dictateur [sic] russe Vladimir Poutine gagnait”. [UK defense minister warns of ‘severe consequences’ if Putin wins war in Ukraine, The Kyiv Independent, December 24, 2023]
Cela fait longtemps que, sans que cela fasse aucun sens sur le plan stratégique, on agite le spectre d’une attaque russe contre la Moldavie, la Finlande, un autre pays de l’OTAN, et maintenant même les Pays-Bas! Des propos incendiaires et irresponsables risquant de mettre réllement le feu aux poudres.
Ironiquement, Jens Stoltenberg, secrétaire-général de l’OTAN vient de dire que “le président Putin a perdu l’Ukraine à jamais […] Ceci est une défaite stratégique pour la Russie”. En définitive, la Russie est-elle une menace pour l’Europe ou un adversaire écrasé?! Cela dépend à quelle fin on veut arriver. [NATO’s Stoltenberg: ‘Putin has lost Ukraine forever’, Deutsche Presse-Agentur, December 22, 2023]
“les États-Unis se soucient des Israéliens, se soucient des Ukrainiens et ne se soucient vraiment pas des personnes de couleur”
Ajoutons un dernier appel à la guerre: par l’ancien conseiller à la sécurité nationale sous Trump, John Bolton, contre l’Iran, cette fois rapporté par l’ultraconservateur journal anglais The Telegraph. [Opinion – The West may now have no option but to attack Iran, John Bolton, December 28, 2023]
Mais l’Occident voit sa réputation ternie et est très heureusement en nette perte de vitesse. Comme l’a dit Peter Beinart, rédacteur en chef de Jewish Currents, un magazine étatsunien progressiste, «L’héritage laissé par [Biden] sera la complicité étatsunienne dans ce massacre historique et la destruction des normes internationales sur lesquelles [il] a misé [sa] présidence». Ceci est rapporté par Howard W. French, professeur à la Graduate School of Journalism de la Columbia University de New York., qui se demande: “Voulons-nous vraiment dire que [les Palestiniens] ne devraient pas pouvoir résister au sort misérable et contraignant qui a enfermé un grand nombre de leurs habitants dans une vie sans espoir à Gaza, ou qu’ils devraient se résoudre à voir les terres de Cisjordanie qu’ils contrôlaient autrefois et sur lesquelles ils vivaient, progressivement annexées par Israël alors qu’ils deviennent de plus en plus victime d’attaques violentes ? Cela signifie-t-il que les Palestiniens de Gaza doivent se résigner à être bombardés et affamés, rejetés hors de leur territoire ?” [Defining Away Palestinians’ Right to Resist. What does it mean to say that rising up against injustice is impermissible? Howard W. French, Foreign Policy, 13 décembre 2023]
Leslie Vinjamuri, directrice du programme États-Unis et Amériques au Royal Institute of International Affairs – la Chatham House – à Londres renchérit: “La vue actuelle que l’on a dans le reste du monde est que les États-Unis se soucient des Israéliens, se soucient des Ukrainiens et ne se soucient vraiment pas des personnes de couleur”. [US sees new isolation from Israel support, Shaun TANDON, AFP, December 23, 2023]
Les pays non-occidentaux commencent à prendre la situation en main. La Malaisie a interdit à tous les navires appartenant à des Israéliens et battant pavillon israélien, ainsi qu’à tous les navires à destination d’Israël, d’accoster dans ses ports. La Turquie a comparé Netanyahu à Hitler. Le Pakistan a interdit les célébrations du Nouvel An pour protester contre le génocide des Palestiniens de Gaza. L’Afrique du Sud – malheureuse ex-victime d’apartheid, tout comme les Palestiniens – vient de demander ce vendredi à la Cour internationale de justice (ICJ) une injonction urgente déclarant qu’Israël a violé ses obligations au titre de la Convention sur le génocide de 1948 qui, ironiquement, a été élaborée en réaction à l’Holocauste contre les Juifs en Allemagne nazie. Le torturé est devenu tortionnaire.
Et bien sûr le vote du 12 décembre à l’Assemblée générale de l’ONU où 153 pays ont voté en faveur d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza, contre 10 pays opposés et 23 abstentions notamment, sans surprise, les Angleterre, Allemagne, Pays-Bas, Ukraine et plusieurs pays slaves, traditionnels clients des Etats-Unis.
Fin
[…] De l’indécence de célébrer le Nouvel An 2024 Haiti Liberte […]
[…] (English version) […]