Mesdames, Messieurs les membres du CUEH
Nous, les Élus désignés de la Faculté d’Ethnologie, par reconnaissance du pouvoir du CU d’invalider des élections, nous nous faisons le devoir de protester et de contester la résolution datée du 5 février par laquelle est ordonnée la reprise des joutes à la FE.
En effet, s’il est reconnu dans les dispositions transitoires actuelles en vigueur à l’UEH, que seul le CU peut casser la décision de la Commission électorale facultaire, il reste à déterminer dans quelles conditions cela peut être fait. Les conditions de possibilité d’invalidation d’une élection doivent être établies. Malheureusement, celles-ci ne sont nullement considérées dans la prétendue résolution qui circule sur les réseaux sociaux qui, à notre connaissance, n’a toujours été signifiée ni à la Commission Électorale de la FE, ni aux Élus, voire au corps professoral, à l’Assemblée des étudiants, au personnel administratif qui sont reconnus comme dans des instances facultaires permanentes dans ces dispositions transitoires.
Cela dit, ne s’étant pas intéressé à établir les conditions de possibilité d’annuler des élections qui, pour autant, se sont très bien déroulées à la satisfaction de la grande majorité de la communauté facultaire, le CU ne s’est pas soucié non plus de vérifier les allégations des contestataires et de documenter sa décision. Ce qui est très dommage pour notre communauté facultaire et notre université en général.
seuls les contestataires ont été entendus dans ce processus de contestation électorale.
Permettez que nous vous rappelions, distingués membres du CU, que fonder la décision de cette autorité électorale en dernière instance sur le bon vouloir de certains membres, sans justification et documentation, c’est ouvrir la porte à toutes les dérives. C’est fort du constat que le droit et l’intérêt général ont été lésés, carrément mis de côté dans cette prétendue résolution, autant dans le fond que dans la forme, que nous les élus désignés, nous nous réservons le droit de l’assimiler à une pétition signée par une minorité de 17 membres du CU qui s’apparente à une forme de véto. C’est encore dommage qu’il en soit ainsi.
Dans la poursuite de l’intérêt facultaire pour lequel nos mandants nous ont votés, nous, en tant que représentants élus de la Faculté d’Ethnologie, restons attachés aux principes démocratiques et affirmons notre devoir de résister à toute mesure ou disposition illégale et autoritaire visant à instituer un certain droit de véto au sein du CU face à un pouvoir souverain des mandants qui ont choisi souverainement leurs dirigeants.
Pour éclairer votre gouverne, soulignons notre profond regret de constater avec quelle désinvolture cette illustre assemblée que constitue le CU s’est penchée sur des contestations électorales en ignorant aussi bien la Commission électorale de la FE qui a agi en toute indépendance et les élus qui, de bonne foi, ont participé aux élections en vue de combattre la pathologie qui s’y est installée depuis plusieurs années, de contribuer à la normalisation de la situation de la faculté et de travailler avec tous les acteurs et actrices afin de réparer son image, de mettre tout le monde au travail, d’encourager l’excellence académique, d’instaurer plus de transparence et de participation dans la gouvernance facultaire, entre autres.
Ironie du sort, seuls les contestataires ont été entendus dans ce processus de contestation électorale. Ouf… Même la commission électorale a été mise de côté. Ce qui tend à prouver et prouve même que les contestataires ont agi de connivence avec des membres de la Commission électorale centrale (CEC) et certains signataires de ladite pétition-résolution. Quelle honte et quel dommage pour la plus grande université haïtienne !
Dans la perspective de construction universitaire qui est la nôtre, nous ne voulons pas contribuer à ternir l’image de notre Alma mater et à ruiner l’espoir de la communauté d’ethnologie qui nous a votés massivement. Nous tenons, pour l’histoire et pour la vérité, à rétablir les faits saillants et à vous demander de bien vouloir jouer votre rôle de CU devant se constituer légalement en tribunal électoral, de vous montrer à la hauteur d’une autorité impartiale en dépit des intérêts particuliers qui peuvent animer certains membres. Nous tenons aussi à vous demander de commencer à respecter la loi que vous voulez appliquer vous-mêmes aux autres.
Nous avons accepté et acceptons encore de servir la Faculté en nous portant candidats rien que pour redorer l’image de la communauté facultaire. L’intérêt général est notre boussole, notamment celui des étudiants et étudiantes qui ne cessent d’être victimes de crise et de faire les frais de grosses ambitions personnelles. Il y a lieu de rappeler que professeur John Picard Byron qui orchestre cette nouvelle crise ne se présente pas à la Faculté depuis Juin 2017 alors qu’il continue de militer à titre de professeur, en dirigeant un département (autre rôle administratif). Est-ce là le véritable enjeu qui anime la production de cette crise ? Tandis qu’il représenta les professeurs, depuis le début de son mandat, peu après que le professeur Lainy Rochambeau ait appelé à le remplacer en juillet 2016 pour cause de fin de son mandat, Monsieur Byron n’a rencontré personne tandis qu’il continue à prendre des décisions au nom du corps professoral. Élu pour quatre ans, il siège encore dans votre illustre assemblée sans titre ni qualité. Sans aucune tentative de réunir et d’écouter le corps professoral, il formate la crise dans les couloirs du Rectorat.
Face à cette tentative de certains membres du CU d’instituer un droit de véto sur les élections facultaires, nous affirmons notre droit à la résistance au nom de l’intérêt général et des principes démocratiques qui se trouvent donc foulés aux pieds. Nous demandons à la communauté de ne pas se laisser faire. Nous ne tenons pas à un poste de doyen ou de vice-doyen, notre résistance ne fait que soutenir et renforcer la démocratie universitaire. Permettez que nous vous rappelions comment cela s’est passé.
Le 15 janvier 2021, des élections ont été organisées à la Faculté d’Ethnologie pour choisir un Doyen, un Vice-Doyen aux affaires académiques, un Vice-Doyen à la recherche, un Représentant des étudiants au Conseil de l’Université. Ces élections se sont déroulées dans le calme, ayant pris fin avec la proclamation des résultats partiels, tard dans la nuit. Ces résultats ont déclaré vainqueurs :
- Ilionor Louis (Doyen)
- Fritz Lucien Maurepas (Vice-Doyen à la Recherche)
- Sandy Larose (Vice-Doyen aux Affaires académiques)
La partie adverse était constituée respectivement de :
- Claude ManeDas (Doyen a.i.) candidat au poste de Doyen
- Mikado Telisma, Professeur (candidat au poste de vice-doyen à la recherche)
- Direny Theuriet, (Secrétaire général de la Faculté) Candidat au poste de vice-doyen aux affaires académiques.
Chacun des candidats a reconnu publiquement sa défaite tout en formulant des vœux aux gagnants. L’ancien représentant des professeurs au Conseil de l’Université, Monsieur John Picard Byron, farouche opposant au professeur Ilionor Louis, et qui a mené une campagne systématique de dénigrement contre lui, a, à partir d’un message posté sur les réseaux sociaux, notamment sur le groupe-WhatsApp des professeurs de la faculté d’Ethnologie, notifié sa démission au poste de chef du programme de Master en Anthropologie sociale.
Coup de théâtre, moins de 48 heures après, conseillés par des amis au Rectorat de l’UEH (selon les propos de Claude Mane Das à une journaliste de Ayibopost), les candidats ont contesté les résultats des élections auprès de la Commission Électorale de la Faculté d’Ethnologie (CEFE) argüant que les calculs devraient être faits non pas à partir de la liste des votants mais à partir du nombre des électeurs inscrits sur la liste électorale. Absurde mais vrai. La CEFE a rejeté les contestations en démontrant le caractère irrationnel de leur recevabilité. Claude Mane Das, ancien Doyen a.i. candidat pour se renouveler à ce même poste manipulait, de concert avec le secrétariat général, responsable du service d’immatriculation des étudiants et étudiantes, a omis de remettre la liste électorale 15 jours avant les élections, conformément à la charte électorale. Ce n’est que 72 heures avant les compétitions électorales que cette liste a été remise des doublons tant en ce qui concerne des professeurs que des étudiants. Estimant qu’on ne peut pas profiter de ses propres erreurs, comme cela se dit en Droit, la CEFE a rejeté les contestations.
Entre temps, les résultats des élections ont été officiellement proclamés consacrant la victoire des professeurs : Ilionor Louis, Fritz Lucien Maurepas et Sandy Larose. Alors, les contestataires ont porté les contestations devant une autre instance : la Commission Électorale Centrale (CEC) de l’Université (contrairement au prescrit de l’article 102 de la charte électorale) qui a convoqué le CEFE, le mercredi 27 janvier. Le même jour, outrepassant ses droits, d’une part, sans avoir écouté l’autre partie (les vainqueurs aux élections); d’autre part, la CEC fit injonction à la Commission électorale de la Faculté d’Ethnologie (CEFE) de reprendre le processus électoral en organisant un deuxième tour argüant que les calculs ont été mal faits. La CEC a fait preuve de manque de finesse dans la démonstration de sa partialité en prenant non seulement une décision qui ne relève pas de ses compétences mais aussi en refusant d’écouter les deux parties.
Alors, le Conseil de l’Université s’est saisi du dossier en vue de prendre une décision. D’aucuns croient que le CUEH allait se transformer en tribunal pour écouter les deux parties bien avant de prendre une décision finale. Ceci n’a pas été fait. Le CUEH a produit un document allant dans le même sens que la Commission électorale Centrale, suivant la même procédure. Même cette instance, constituée des doyens de différentes entités de l’UEH et des représentants d’étudiants et de professeurs n’a pas su développer de bons rapport avec l’objectivité et l’impartialité. Avant la réunion du Conseil, le 3 février, nous avons adressé une correspondance pour demander aux membres d’éviter de prendre des décisions préjudiciables au bon fonctionnement de la Faculté, génératrices d’une spirale de crise comme c’est le cas dans d’autres entités de l’UEH. Nous avons le sentiment que notre correspondance n’a même pas été lue. Nous pensons également que le Conseil ne s’est pas transformé non plus en tribunal pour se prononcer sur cette affaire. S’il est vrai qu’il y a eu réunion de conseil, où est le procès-verbal de la rencontre ? Combien de Membres étaient présents (quel était le quorum?) ? Pourquoi n’avons-nous pas été cités à comparaitre ou bien à participer à la rencontre ? Les Conseillers ont-ils autorité de décider sur le contentieux concernant deux parties sans les avoir préalablement écoutées ? Nous exigeons la publication du procès-verbal de la rencontre du CUEH réalisée le 5 février dernier.
la résolution est suspectée de partialité, entachée d’irrégularités, sans procès-verbal, un représentant signant à la fois pour trois à quatre autres.
En vertu de ces considérations, nous, candidats élus aux élections du 15 janvier 2021, déclarons irrecevable la résolution du Conseil de l’Université d’État d’Haïti validée par le Conseil Exécutif de l’Université d’Haïti. Primo, elle ne nous concerne pas puisqu’à aucun moment de la durée nous n’avons été consultés. Secundo, cette décision est illégale puisque certains professeurs ayant apposé leur signature au bas de la résolution ne sont pas habilités à le faire puisqu’ils sont dépouillés de toute légitimité relative (légalité) à la représentation de leur entité respective. Par exemple, le mandat de Monsieur Byron a pris fin comme représentant des professeurs de la Faculté d’Ethnologie. Il n’a aucun droit d’apposer sa signature à la résolution. Monsieur Méus, représentant du Conseil de l’Université a siégé comme membre de la Commission électoral. Il ne devrait pas signer pour l’annulation d’une élection dont il a été coorganisateur. Tercio, la résolution est suspectée de partialité, entachée d’irrégularités, sans procès-verbal, un représentant signant à la fois pour trois à quatre autres.
En dernier ressort, on ne peut pas annuler une élection pour laquelle il n’y a aucun procès-verbal dument signé de la part des représentants du rectorat (Clerveau ou Méus) ou d’autres mandataires faisant état de fraude le jour du scrutin. Le rôle des représentants du rectorat à la CEFE n’est-il pas de veiller à la bonne marche des élections. Ces membres n’ont rien rapporté de négatif jusqu’à la publication officielle des résultats. Peut-on annuler une élection pour laquelle il n’y a aucun procès-verbal dument signé des représentants du Rectorat à la Commission Électorale de la Faculté d’Ethnologie?
Ne respectant pas les normes démocratiques, nous considérons la résolution nulle et de nul effet. Cela nous porte à nous questionner sur la logique et le sens de l’éthique même de la plupart des membres de ce Conseil. Comment des universitaires peuvent-ils s’engager dans une telle procédure sans se questionner et garder une certaine distance par rapport au réel ? Ils savent très bien que la plupart de leurs collègues ne devraient pas siéger au Conseil puisque leur mandat a pris fin depuis quelque temps. Ils sont au courant de la haine d’un des leurs contre un des candidats élus. Mais ils s’en foutent puisqu’ils sont probablement liés par d’autres intérêts inavouables et inavoués, tout au moins pour l’instant. Ils font exactement ce qu’ils sont en train de reprocher au Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK). Il s’agit là d’un acte de rébellion contre la loi réalisé avec la complicité du Rectorat de L’UEH.
Salutations académiques
Ilionor Louis, Doyen élu
Fritz Lucien Maurepas, Vice-Doyen à la recherche, élu
Sandy Larose, Vice-Doyen aux affaires académiques, élu