Contradiction interne au sein d’un appareil d’État pourri

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La situation qui prévaut dans le pays est dominée en ce moment par les luttes internes au sein d’un appareil d’État dont le crime de corruption est tellement consommé qu’il lève au grand jour le voile sur l’organisation de cette conspiration bicentenaire.

Les déclarations de Jovenel Moise en France, au cours de sa rencontre avec la communauté haïtienne, ont suscité et suscitent encore pas mal de réactions au sein de la classe politique. C’est avec une émotion à peine contenue qu’il a admis avoir employé des juges réputés corrompus pour ajouter ensuite qu’il a ses antennes partout dans le système et c’est bien lui qui a freiné le vote du rapport sur le Fonds Petro Caribe au Sénat de la République pour le renvoyer aux calendes grecques. Voilà l’homme qui prétend être un champion dans le combat contre la corruption, mais qui vient de se démasquer lui-même en se noyant dans le fleuve immonde de la manipulation et des manœuvres corruptrices.

Ces révélations un peu salées qui ont été faites en France ont semblé surprendre les pouvoirs législatifs et judiciaires. Et, comme pour parer à l’insulte, ces derniers sont entrés ouvertement en désaccord avec l’exécutif ; les affirmations du président ne valant que celles d’un corrompu lui-même qui cherche à se racheter en dénonçant les autres acteurs d’une entreprise criminelle, ceux-là qui ont été les complices d’une gabegie en cours pendant plus de deux siècles.

La triste réalité reste que cet appareil d’État est politiquement corrompu ; mais personne dans le passé n’en a fait cas.

Nous savons tous avec quelle complaisance est géré l’appareil d’État, véritable fraude organisée et cautionnée par le cynisme des trois pouvoirs et la classe politique en général, et dont souffre le peuple haïtien à travers des épreuves diverses et difficiles.

La triste réalité reste que cet appareil d’État est politiquement corrompu ; mais personne dans le passé n’en a fait cas. Cependant, Jovenel en tant qu’inculpé veut afficher une façade de marque, à l’instar de l’actuel président du sénat, Youri Latortue, qui, hier, pataugeait dans les mares nauséabondes de Martelly en tant que son conseiller. Mais voici qu’aujourd’hui, il essaie de se refaire une virginité morale pour se placer en symbole d’honnêteté et de dignité à dessein unique et inique d’écraser sur sa route les opposants politiques, voire ses amis, anciens amis, de sorte qu’il atteigne ses objectifs. Attitude profondément contradictoire, ambigüe et équivoque. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Rien de tout cela ne devrait surprendre personne. Qu’il s’agisse de Jovenel Moise, de Youri Latortue ou de Me Jules Cantave, président du pouvoir judiciaire (CSPJ), ce sont de tels individus que la bourgeoisie aime avoir et à voir à la Magistrature de l’Etat haïtien, pour servir d’agent patenté, authentique du système capitaliste qui ne peut plus être renouvelé ni maquillé davantage.

Fort heureusement les faits sont têtus et il convient de les observer avec le maximum de lucidité pour éviter des attitudes démagogiques. La question maintenant est de savoir à qui profite cette lutte interne au sein des trois pouvoirs de l’Etat qui en somme forment un seul camp contre les intérêts du peuple haïtien. Il est certes vain de ne pas nier que le secteur populaire lui-même puisse difficilement profiter de cette contradiction de classe. Face à cette situation de crise pourrie dont on ne saurait pour autant prévoir l’issue sans une alternative qui mette en cause le système capitaliste qui sous-tend le projet gouvernemental de corruption, la faiblesse ou l’inexistence d’un mouvement révolutionnaire reste un handicap majeur.

La nature du système ne peut que nous imposer d’autres corrompus au pouvoir et ce ne sont pas des faits nouveaux. En définitive et pour tragique que cela puisse paraitre, il nous faut reconnaitre qu’il y a impasse tant du côté du pouvoir dans ces contradictions que du côté d’une quelconque opposition sans objectif, sans vision, poursuivant son déclin en attendant impatiemment que les forces impériales fassent appel à eux comme fossoyeur de la Nation, à l’instar d’un Martelly, d’un Privert, d’un Jovenel et de tant d’autres.

Aucun secteur n’a pour objectif de proposer une démarche tendant à susciter une alternative de pouvoir au peuple, ou du moins n’est en mesure de réunir les conditions susceptibles d’être une force alternative incontournable.

Certains courants politiques, au lieu de travailler en ce sens, préfèrent se perdre dans des polémiques stériles pour cacher leur vraie position comme quoi les classes dominantes accoucheuses de bourreaux au peuple, les patrons exploitant les ouvriers à outrance, les éducateurs ignorant à quelle classe sociale appartiennent leurs étudiants ne sont pas des adversaires, mais plutôt ceux-là mêmes qui revendiquent que la lutte révolutionnaire doit gravir un nouvel échelon par des actions organisées des masses sous la direction d’un Parti d’avant-garde pour en définitive finir avec cet appareil d’état pourri et corrompu : seul moyen d’aboutir à la mise en place d’institutions conséquentes, progressistes, nationalistes, honnêtes et dignes, capables de drainer et d’animer les masses laborieuses à être maîtres de leur destin.

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