Ces petites revendications peuvent accoucher de grandes guerres !

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L’inefficacité, la médiocrité, et l’inconscience de la classe dirigeante ont donné au pays l’image d’un corps sans tête. En effet, les dirigeants haïtiens ont battu tous les records d’impopularité et ont tout à fait réussi la triste performance de démoraliser tout un peuple et de démobiliser toute une jeunesse qui ne pense qu’à se procurer un passeport pour fuir le pays comme s’il était en guerre.

Depuis quelques semaines, les nouveaux dirigeants ont descendu une à une toutes les marches d’une politique incohérente, visant à tromper les masses populaires, victimes d’une exploitation éhontée de la part des capitalistes étrangers et nationaux. Cependant, à l’exception de ceux du transport, certains syndicats réussissent tant bien que mal à se tenir debout pour simplement demander l’amélioration des conditions de vie des travailleuses et des travailleurs totalement ignorés par leurs patrons.

Depuis quelques temps des manifestations pleuvent de partout dont celles des professeurs suivies par celles des élèves de lycées revendiquant le paiement des professeurs de sorte qu’ils retournent à leur salle de classe. Alors que certains enseignants et leurs syndicats sont en grève réclamant soit leur salaire, soit leur intégration, le directeur général du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), M. Meniol Jeune et le directeur du Bureau national des examens d’État (BUNEXE), M. Renan Michel annoncent tout bonnement que les examens d’État et officiels de l’année académique 2016-2017 sont prévus du 3 juillet au 24 août 2017, sans même daigner aborder la question des salaires qui fait la une de l’actualité et que des militants syndicalistes de l’enseignement revendiquent. Les Lycéens ne sont-ils pas aussi des enfants du pays comme les élèves d’autres écoles, particulièrement les institutions privées, qui dans la paix continuent à suivre leur programme sans aucune inquiétude?

Il s’agit bien d’une lutte de classe, et  ce que nous pouvons déduire de toutes ces constatations, c’est que l’administration de Moise-Lafontant est embarquée sur une mauvaise pente et leur bateau est en passe de heurter le récif du peuple.

Depuis tantôt quinze jours, des travailleurs des usines d’assemblage de la sous-traitance, revendiquent une amélioration de salaires indexée au coût de la vie, sans oublier les revendications des étudiants des différentes universités du pays, réclamant de bonnes conditions et des mesures appropriées sur le plan sanitaire. Nous pouvons ajouter à tout cela la dernière prise de position d’un groupe de 137 Professeurs de l’UEH qui ont signé une pétition contre  l’impunité à l’Université d’État d’Haïti.

De telles conditions de vie ne cachent-t-elle pas une certaine complicité ouverte ou tacite contre une classe bien déterminée ? Ce qui nous paraît plus douloureux encore, c’est cette espèce de connivence entre la classe politique et le régime en place dans ce crime de lèse-intérêt des travailleuses et travailleurs.

Ils pensent ainsi les humilier. Inutile d’épiloguer. Il s’agit bien d’une lutte de classe, et  ce que nous pouvons déduire de toutes ces constatations, c’est que l’administration de Moise-Lafontant est embarquée sur une mauvaise pente et leur bateau est en passe de heurter le récif du peuple.  Nous espérons que ces petites revendications de part et d’autre mises ensemble deviennent catalyseurs d’un grand et formidable mouvement de masses pour cogner aux portes des réactionnaires de cette classe dominante qui ruine le pays au profit des puissances capitalistes, et mettre fin aux règnes des marchands et des bradeurs de pays.

Toutes ces attaques de la part de la classe dirigeante ont l’allure d’une guerre  généralisée et intensive qui est la concrétisation d’un plan longtemps peaufiné, lequel n’attendait que le prétexte de la montée des carburants pour attaquer les masses populaires.

Ceux qui ne cessent de dénoncer la violence contre les masses populaires sans souscrire de manière conséquente à l’arrêt de la violence faite aux couches travailleuses font, au mieux, du verbalisme démagogique. Au pire, ils l’encouragent.

Mais on est encore bien loin du compte. Les lettres, déclarations et communiqués de solidarité toutes véhémentes qu’elles soient ne changeront en rien la situation, si aucune prise de position énergique, claire ne s’exprime contre les véritables artisans, les vrais ennemis du peuple. Ceux qui peuvent jouer un rôle important et déterminant ne doivent guère rester en observateurs et spectateurs amorphes, muets, effrayés par les développements de la situation, réticents à démasquer les ambitions individuelles, l’opportunisme et la démagogie des uns et des autres.

Le véritable choix est entre accepter de contribuer à la continuation catastrophique de la politique capitaliste de dépendance et de maintien des intolérables injustices socio-économiques existantes et joindre la ligne combative populaire de la classe ouvrière, de la paysannerie misérable, ces forces vives endurcies par les injustices et qui sont définitivement prêtes à tourner la page dans l’intérêt supérieur du pays de Dessalines, de Cappoix et de Peralte.

À ce jeu, nous devons bien nous convaincre que si ces petites revendications des catégories lésées sont organisationnellement bien constituées, avec à leur tête une direction conséquente, elles peuvent bloquer les manœuvres délétères des responsables de cette misère atroce, de cette pauvreté abjecte, de cette exploitation programmée des masses populaires pour accoucher de grandes guerres et déboucher sur un projet de libération nationale.

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