Un malheur qui arrive à répétition, n’est plus un malheur, non plus un simple accident. En Haïti il ne se passe pas une semaine sans qu’il ne se produise un grave accident de la circulation dans l’un ou l’autre des départements du pays. S’il ne s’agit pas d’une collision, ce sont des freins qui ont lâché ou n’importe quelle autre excuse. Mais on occulte le vrai problème. En effet, il n’y a aucun service d’inspection qui vérifie sur la base d’inspections régulières si un véhicule est habilité à transporter des passagers ou pas. Quand survient un accident, on n’entend responsabiliser ni le chauffeur, ni le propriétaire du véhicule, ni l’Etat haïtien pour son insouciance, mais le véhicule lui-même comme si ce dernier est responsable de n’avoir été l’objet d’aucune inspection régulière, et personne d’autre.
Samedi dernier 10 juin 2017, dans la commune de Cavaillon (Sud), un camion assurant le trajet Port-au-Prince/ Dame-Marie (Grande Anse) a heurté de plein fouet sur sa route, plus précisément au marché public de Cavaillon, des marchandes et marchands qui s’activaient à vendre leurs marchandises pour gagner leur pain quotidien. Manifestement, le chauffeur avait perdu le contrôle de son camion surchargé de passagers et de marchandises, en descendant le Morne des orangers. Alors, on devrait savoir si le chauffeur conduisait en pleine lucidité, s’il était sous influence de l’alcool ou de la drogue ou bien encore si le véhicule était doté d’une vignette d’inspection délivrée par les autorités concernées à Port-au Prince l’habilitant en tout temps à assurer un trafic routier sûr, sans risque. La seule certitude pour le moment, c’est que le chauffeur du camion dont l’identification n’a pas été dévoilée se trouve en « garde à vue » au commissariat des Cayes.
Cet énième accident a causé énormément de morts et de blessés, soit près d’une quinzaine de morts et d’une quarantaine de blessés. C’est totalement inacceptable. Le magistrat de la mairie de Cavaillon, Ernst Ais a effectué, le dimanche 11 juin 2017, la mise en terre de ces cadavres qui entraient déjà en putréfaction.
Comme il fallait s’y attendre, le Premier ministre, M. Jack Guy Lafontant, comme ses prédécesseurs, a annoncé dans un communiqué sa profonde consternation au sujet de cet accident de la circulation et demandé, en tant que président du Conseil supérieur de la Police nationale, qu’une enquête soit diligentée pour déterminer les causes de ce tragique accident qui vient d’endeuiller ces familles haïtiennes.
Est-ce une blague ou une façon sinistre de minimiser un tel drame ? C’est quand même avouer qu’il peut avoir eu une cause à cet accident autre que celle annoncée à la presse. Une énième enquête qui «se poursuit»? Le PM a-t-il offert, concrètement, le concours de l’État pour aider les parents des victimes, à part la «solidarité» à l’oral du gouvernement ? Quelles mesures rapides compte-t-il prendre pour garantir un service d’inspection des véhicules efficace auquel le public peut faire confiance ? Bien malin celui ou celle qui répondrait à ces questions.
Le Premier ministre a salué les secours apportés aux blessés, en particulier, par les équipes de la Protection civile, de la Croix-Rouge haïtienne, du Centre ambulancier national et des agents de la PNH et exprime, aux familles et aux proches des disparus, affectés par ce nouveau drame ses condoléances attristées et les a assurés de la solidarité du gouvernement. C’est bien, mais il faut plus que ça.