Voix juives indépendantes Canada (VJI Canada) applaudit les membres du Nouveau Parti démocratique (NPD) qui ont voté par une écrasante majorité à l’occasion du congrès du parti, samedi, en faveur d’une résolution demandant la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. La résolution (désignée comme « résolution 04-10-20 ») mène également le NPD à adopter pour politique officielle de cesser tout commerce et toute coopération économique avec les colonies illégales en Israël-Palestine, et à suspendre tout commerce bilatéral d’armes avec Israël. La résolution a été soutenue par VJI ainsi que par un grand nombre de député·e·s du NPD, d’organisations religieuses, de groupes communautaires et de syndicats.
« Cette résolution arrive à un tournant critique où le Canada doit se doter d’une vision claire pour promouvoir la paix et la justice au Moyen-Orient », explique le coordonnateur national de VJI, Corey Balsam. « Un mois après la plus récente élection en Israël et un nouveau glissement vers un gouvernement d’extrême droite à la Knesset, on ne voit pas la fin de l’occupation illégale des territoires palestiniens par Israël. Compte tenu de cette impasse, la communauté internationale doit se montrer à la hauteur de la situation et redoubler d’effort pour soutenir les droits de la personne du peuple palestinien. Cette résolution est un pas dans la bonne direction et contribuera à tenir enfin Israël responsable de plusieurs décennies de violations toujours impunies. »
« La définition de l’antisémitisme utilisée par l’IHRA mentionne Israël dans sept de ses onze exemples, mais ne mentionne pas une seule fois le suprémacisme blanc. »
L’adoption de cette résolution est l’une des positions les plus progressistes jamais adoptées par un parti politique au Canada. De récents sondages d’opinion indiquent que la majorité des Canadiens et Canadiennes veulent que leur pays soutienne davantage les droits de la personne du peuple palestinien. Cette position est particulièrement forte parmi les membres du NPD. Le fait que cette résolution ait reçu un appui aussi massif devrait envoyer un message clair à tous les partis qu’il est temps d’adopter des politiques plus vigoureuses pour rendre Israël responsable de ses violations du droit international.
VJI est néanmoins déçue que la résolution s’opposant à la définition profondément erronée de l’antisémitisme mise de l’avant par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), soit la résolution « 04-11-20 », n’ait pas été débattue en dépit du fait que les délégué·e·s lui avait donné un ordre de priorité important. VJI avait également soutenu cette résolution, tout comme 45 associations de circonscription. Celle-ci aurait amené le NPD à prendre des mesures vigoureuses pour combattre l’antisémitisme, tout en rejetant l’amalgame qu’opère la définition de l’IHRA entre l’antisémitisme et les contestations légitimes d’Israël et du sionisme. « La définition de l’antisémitisme utilisée par l’IHRA mentionne Israël dans sept de ses onze exemples, mais ne mentionne pas une seule fois le suprémacisme blanc. Ce simple fait devrait suffire à soulever des doutes sur cette définition », indique Sam Hersh, un délégué au congrès du NPD et membre de VJI. « L’adoption de cette résolution aurait été un geste important pour refléter les valeurs antiracistes du parti. »
la résolution sur la Palestine est exactement ce dont nous avons besoin : une politique humaine et compatissante qui découle du militantisme antiraciste et de la solidarité internationale de la base.
VJI est engagée depuis plusieurs années dans une vaste campagne pour mettre en échec la définition de l’IHRA, car il est nécessaire de protéger les espaces de débat et d’activisme qui concernent les droits de la personne du peuple palestinien. À cet égard, la résolution sur la Palestine est exactement ce dont nous avons besoin : une politique humaine et compatissante qui découle du militantisme antiraciste et de la solidarité internationale de la base.
« Que la résolution sur l’IHRA soit adoptée ou non, le fait qu’elle ait reçu un appui aussi large au sein du parti devrait envoyer un message clair au leader du NPD, Jagmeet Singh », explique Corey Balsam. « Dans le passé, Singh a signifié son appui à la définition de l’IHRA, mais ça ne correspond tout simplement pas à la volonté des membres de son propre parti. »
La définition controversée de l’IHRA a jusqu’ici été adoptée dans le cadre de la stratégie de lutte contre le racisme du gouvernement fédéral, par plusieurs municipalités de banlieue de l’Ontario et du Québec, et par décret antidémocratique en Ontario en octobre 2020. Les conseils municipaux de Vancouver, Calgary et Montréal l’ont tous rejetée.
« L’adoption de la résolution sur la Palestine était un important premier pas », poursuit Sam Hersh. « Le NPD devra pousser davantage dans les prochains mois et les prochaines années, et il est permis de l’espérer également de tous les autres partis, pour garantir que le peuple de Palestine reçoive la justice et la dignité qu’il mérite. »
Aaron Lakoff, coordonnateur des communications et médias
11 avril 2021