Jeanine Añez et cinq ex-ministres sont poursuivis pour « sédition » et « terrorisme » dans le cadre de l’enquête sur le coup d’État de 2019 contre l’ancien président Evo Morales, revenu d’exil en octobre 2020 après l’élection de son dauphin Luis Arce.
Jeanine Añez a été arrêtée ce 13 mars en Bolivie, a annoncé le ministre bolivien de l’Intérieur Carlos Eduardo del Castillo Del Carpio. « J’informe le peuple de Bolivie que Mme Jeanine Añez a déjà été interpellée et se trouve actuellement dans les mains de la police », a-t-il fait savoir dans un message posté sur Twitter et Facebook.
La veille, le parquet bolivien avait ordonné l’arrestation de l’ex-présidente par intérim Jeanine Añez et de plusieurs de ses ministres pour « sédition » et « terrorisme » dans le cadre d’une enquête sur le coup d’État contre l’ancien chef de l’État Evo Morales en novembre 2019. Une copie du mandat d’arrêt émis par le procureur Omar Alcides Mejillones a été diffusée sur Twitter par Jeanine Añez elle-même, accompagnée du commentaire : « La persécution politique a commencé ».
Le procureur Mejillones ne s’est pas prononcé officiellement sur le mandat d’arrêt, mais une chaîne de télévision locale a retransmis des images de l’arrestation le 12 mars de l’ex-ministre de l’Énergie, Rodrigo Guzman, dans la ville de Trinidad (nord-est).
L’enquête ouverte par le parquet fait suite à une plainte déposée en décembre par une ex-députée du parti de Evo Morales (2006-2019), Lidia Patty. L’ex-députée du Mouvement vers le Socialisme (MAS) accuse l’ex-présidente, d’anciens ministres, militaires et policiers d’avoir renversé Evo Morales en novembre 2019 et a déposé plainte pour « sédition », « terrorisme » et « conspiration ».
La Bolivie n’a pas besoin de dictateurs
« Le MAS a décidé de revenir aux habitudes de la dictature. C’est dommage, car la Bolivie n’a pas besoin de dictateurs, elle a besoin de liberté et de solutions », a réagi Jeanine Añez. Au pouvoir durant une année de transition fortement contestée, elle avait elle-même accusé Evo Morales de terrorisme et réclamé la peine maximale contre lui.
Outre Rodrigo Guzman, le mandat d’arrêt concerne plusieurs ministres de l’ancien gouvernement par intérim (novembre 2019-octobre 2020) : Arturo Murillo (Intérieur), Luis Fernando López (Défense), Yerko Nuñez (Présidence), Alvaro Coimbra (Justice). La plainte vise également le dirigeant régionaliste de Santa Cruz (est), Luis Fernando Camacho, qui avait joué un rôle clé dans les manifestations ayant conduit à la démission forcée de Evo Morales en novembre 2019, au lendemain de l’élection présidentielle que le dirigeant indigène avait remportée dès le premier tour.
À l’issue de ce scrutin et de la confusion qui avait entouré les résultats le donnant vainqueur, l’opposition avait crié à la fraude. Une explosion de violence dans tout le pays ayant fait quelque 35 morts avait suivi ces élections, finalement annulées. Sur fond de manifestations, la police avait refusé d’obéir aux ordres et l’armée avait à son tour retiré son soutien à Evo Morales. Ce dernier avait finalement démissionné en novembre 2019 avant de prendre le chemin de l’exil au Mexique, puis en Argentine.
Evo Morales est ensuite revenu triomphalement dans son pays après la victoire de son dauphin Luis Arce à la présidentielle d’octobre 2020. Concernant les accusations de fraude, les observateurs et des études ont fini par révéler que cette thèse n’était pas étayée.
Réseau International 14 mars 2021