BAI et RNDDH exigent la libération des 17 prisonniers politiques

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De gauche à droite : Pierre Esperance du RNDDH, Me Gervais Charles du Cabinet Gervais Charles, Jean Hérold Buteau, Me Mario Joseph du BAI et Pierre Buteau. Photo: Milo Milfort/Haiti Liberté
Des organismes de promotion et de défense des droits humains exigent lors d’une conférence de presse le jeudi 4 mars 2021 au local du BAI à Port-au-Prince, la libération des 17 personnes accusées de « Coup d’Etat » par le gouvernement de facto le 7 février 2021, gardées en prison malgré la mise en liberté du juge Yvickel Dabrésil quelques jours après.

Le Bureau des Avocats Internationaux (BAI), le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), le Cabinet Gervais Charles et des proches de plusieurs personnes accusées – dont celui de la famille Buteau et de Gauthier, plaident pour la libération des 17 prisonniers politiques accusés de vouloir perpétrer un coup d’Etat sur la personne du président Jovenel Moise dont le mandat est arrivé à terme le 7 février 2021, suivant l’article 134-2 de la Constitution. « J’ai été surpris de voir un bon matin sur les réseaux sociaux mon condisciple de classe – mon ami depuis le Primaire au Petit Séminaire, Loulou en pyjama accusé de commettre un coup d’Etat. Je ne savais pas qu’on pouvait faire un coup d’Etat en pyjama. Je ne comprends pas non plus qu’on entre à 2 heures du matin chez des gens qui organisent un coup d’Etat alors qu’ils se trouvent dans leur lit », souligne ironiquement Me Gervais Charles.

« On ne joue pas avec la liberté individuelle des gens. Ils.elles ont tou.te.s été arrêté.e.s arbitrairement et illégalement »

Pour lui, cette accusation de putsch n’est autre qu’une vaste comédie et mise en scène que notamment les réseaux sociaux ont raillé en lançant des défis. « Quand vous rentrez dans le domicile de quelqu’un et vous le prenez de force – il s’agit bel et bien de kidnapping », insiste-t-il, passant en dérision le fait que des gens vont faire un coup d’Etat avec un fusil, une machette, une plume, un pyjama  … « Quand vous parlez de coup d’Etat, des conditions doivent être réunies. Il faut qu’il y ait un début d’exécution. Où est ce début d’exécution ? », se questionne-t-il.

« On ne joue pas avec la liberté individuelle des gens. Ils.elles ont été arrêté.e.s par le Palais National et la Police vers les 2 heures du matin. Ils ont débarqué chez elles, chez eux sans aucun mandat de perquisition. Ce qui est une violation de leur domicile. Ils.elles ont tou.te.s été arrêté.e.s arbitrairement et illégalement », fait savoir pour sa part Pierre Espérance, responsable du RNDDH.

Le 7 février 2021, pas moins de 18 personnes ont été arrêtées par la police nationale d’Haïti sous le soupçon non étayé d’un coup d’Etat et d’un attentat contre le président Jovenel Moise. Ont participé à cette opération, des agents de l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN), le ministre de la Justice Rockefeller Vincent, le directeur général (ai) de la Police Nationale d’Haïti (PNH) Léon Charles, le commissaire du gouvernement de la Croix-des-bouquets et un juge de paix, sans mandat de perquisition d’un juge d’instruction.  « Ceci est un cas emblématique pour la justice haïtienne », rappelle M. Espérance. Pour lui, la grève des magistrats est un prétexte pour ne pas libérer celles ef ceux qu’ils considèrent comme des prisonniers politiques. « Ce sont des gens arrêtés illégalement. S’ils voulaient les libérer, ils pouvaient le faire. La justice n’a pas d’autre chose à faire que de les libérer ».

Les dirigeants de droits humains demandent la libération des 17 personnes accusées de « Coup d’Etat » par le gouvernement de facto le 7 février 2021

Le pouvoir exécutif humilie des juges, ne renouvelle pas le mandat de certains, arrête un juge illégalement, envoie trois juges à la retraite et nomme trois autres en dehors des prescrits légaux. Des décisions critiquées par la société civile. Dans la foulée, les juges de toutes les juridictions sont entrés en grève, tout en promettant de mettre en place un canal d’urgence permettant de pencher sur les libertés individuelles. Mais on se questionne encore sur l’existence réelle d’un tel canal.

Espérance rappelle à celles et ceux qui continuent de commettre des violations de droits humains et des actes de répression sur les gens que leurs actions auront tôt ou tard des conséquences. Il appelle la population à se mobiliser contre ce pouvoir dictatorial, pour défendre sa dignité et ses droits.

Le responsable invite les acteurs de la chaine pénale à faire un effort afin de faire honneur au système judiciaire. « Montrez que vous n’êtes pas des gens au service de l’Exécutif. Donc, ce n’est pas normal de priver de liberté 17 personnes arrêtées illégalement. Elles n’ont commis aucune infraction », dénonce-t-il.

Pour M. Espérance, tous les indicateurs en ce qui a trait à l’Etat de droit sont au rouge dans le pays. Il tient à rappeler que par rapport à tout ce qui se passe, c’est le peuple haïtien qui détient le dernier mot.

Le 11 février 2021, en raison de la mobilisation persistante de toutes les associations de juges et des avocats, le juge Yvickel Dabrésil a été libéré. Le BAI interpelle les associations de juges en grève depuis plusieurs jours à mettre en branle une cellule d’urgence au bénéfice des gens en détention préventive afin de pouvoir interroger dans un plus bref délai les accusé.e.s comme ils l’ont fait pour le juge Yvickel Dabrésil.

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