Avec Lamothe, Zenny, Mayard-Paul, et Sophia hors de la course: Les élections de Martelly seront-elles crédibles?

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1L’ancien Premier ministre Laurent Lamothe, précédemment considéré comme le candidat préféré à la fois du président haïtien Michel Martelly et de Washington, a été parmi les 12 candidats à la présidentielle disqualifiés par le Conseil électoral provisoire d’Haïti (CEP), la semaine dernière, créant un élan d’enthousiasme et d’optimisme parmi beaucoup d’électeurs haïtiens qui avaient été sceptiques du scrutin prévu pour Août, Octobre et Décembre.

Les bureaux du contentieux électoral départemental et national (BCED et BCEN) ont refusé de qualifier Lamothe, parce qu’il a été contesté pour absence de “décharge” (quittance d’irrégularités financières ou administratives) après ses 31 mois en tant que Premier ministre de Martelly. Il a été contraint de démissionner, c’est-à-dire qu’il a servi de fusible pour sauver le mandat de Michel Martelly dont les manifestants exigeaient le départ.

Figurent également parmi les candidats disqualifiés l’ancien ministre de l’Intérieur de Martelly et un des ses conseillers politiques Thierry Mayard-Paul et le sénateur Edwin Zenny, tous deux considérés comme de proches alliés politiques du président. Le mois dernier, le CEP avait disqualifié l’épouse de Martelly, Sophia Saint-Rémy Martelly, se préparant pour un siège au Sénat dans le département de l’Ouest.

« Sophia Martelly et Laurent Lamothe ne pouvaient pas être candidats parce que pour ces élections, il fallait créer une certaine crédibilité et susciter la confiance qui permet à tout le monde de penser qu’il peut gagner », a dit le Président Martelly dans une entrevue avec le quotidien Le Nouvelliste. « Cela fait quelque temps que je disais à Lamothe qu’il ne serait pas mon candidat parce que j’avais réalisé qu’on allait avoir des élections avec des partis politiques très peu confortables avec Lamothe qui paraissait être un candidat du président qui pouvait sûrement gagner », a-t-il dit. « Depuis décembre 2014, j’avais dit Laurent Lamothe qu’il ne serait pas mon candidat, qu’il n’était pas souhaitable qu’il soit candidat à la présidence. J’avais dit la même chose à Sophia Martelly, ma femme ».

Ces propos de Martelly sont très contradictoires. Depuis que le peuple haïtien avait chassé Lamothe de son poste de Premier ministre, suite aux mobilisations populaires, les États-Unis lui auraient sans doute enlevé leur soutien, malgré que l’ancien président américain Bill Clinton lui soit resté fidèle et l’ait soutenu en disant de lui qu’il avait fait « un très bon travail ».

« C’est le gouvernement le plus cohérent et décisif avec lequel j’ai jamais travaillé sur un large éventail de questions », avait insisté Clinton pour nous humilier davantage. Et il s’empressa d’ajouter : «Et je pense que si vous considérez le volume des investissements qu’ils ont attirés, tout, des hôtels à l’énergie propre et aux soins de santé, vous devez vous demander: ‘Pourquoi est-on en train de faire cela ? »

Puis, cette semaine dernière, le sénateur républicain de la droite dure et candidat à la présidence en 2016 Marco Rubio (R-FL) a parrainé un amendement visant conditionner le financement des élections en Haïti au cas où le CEP ferait « des tentatives pour disqualifier les candidats » pour « des raisons politiques ».

Si il n’y avait aucun doute que Rubio défendait Lamothe par son intervention, l’ancien agent de l’Institut républicain international (IRI), Damian Merlo, maintenant un haut conseiller de Lamothe, a clarifié la question en disant: «nous sommes heureux que le sénateur Rubio soit intervenu pour faire en sorte que le Département d’Etat fasse attention à cette question digne d’urgence ». En faisant fi de la posture diplomatique non-interventionniste habituelle, Merlo a désespérément affirmé que Washington « ne peut tout juste pas rester sur la touche et prétendre que c’est une simple ».

Ainsi, la question est maintenant la suivante: avec Lamothe et d’autres alliés de Martelly hors de la course, les élections seront-elles libres, honnêtes, souveraines et possibles dans les conditions politiques actuelles?

Pour nous autres la réponse est assurément Non, il y a encore un long chemin à parcourir.

Comme nous n’avons pas une longue histoire de partis politiques institutionnalisées pendant le siècle passé, nous avons tendance à nous concentrer sur des individualités, comme les anciens présidents charismatiques Daniel Fignolé, Jean-Bertrand Aristide, ou les infâmes despotes François et Jean-Claude Duvalier.

Alors, quand un acteur politique de premier plan comme Lamothe est éliminé de la course, il y a une tendance à se réjouir et oublier les structures politiques de fond (et leurs limites) toujours en place. Alors que la dure réalité demeure l’occupation du pays par la Mission des Nations Unies pour stabiliser Haïti (MINUSTAH), cette force d’occupation militaire étrangère qui a été déployée illégalement en Haïti depuis plus de 11 ans, au gré des forces impérialistes. Ce sont elles qui avaient installé illégalement au pouvoir le régime de Martelly lors des élections souveraines de 2011.

« », avait déclaré Henry Kissinger, le tristement célèbre secrétaire d’état américain et conseiller en politique étrangère qui a mené des guerres impitoyables et sanglantes contre le Vietnam, le Chili, l’Angola, et beaucoup d’autres nations.

À cet égard, les États-Unis ont toujours un Plan B, Plan C, et le Plan D pour leur agenda et peuvent facilement trouver un remplaçant pour Lamothe, leur pion perdu. Il reste en lice 58 candidats à la présidentielle, c’est-à-dire 58 pions (pour ne pas mentionner les milliers de candidats aux élections législatives et municipales), dont beaucoup seraient plus qu’heureux de bénéficier de l’approbation, des largesses, et du soutien de Washington.

Il se pourrait que ce soit le directeur de l’université, Jacky Lumarque, candidat de la plate-forme politique Verité de l’ancien président René Préval. Il y a également Jude Célestin, le candidat présidentiel de Préval en 2011que Washington avait ouvertement saboté. Comme Préval a montré lui-même qu’il est prêt «travailler avec» Washington, Célestin serait probablement disposé à le faire également.

Sans doute, ce pourrait être l’ancien chef de la police Mario Andrésol, que les Etats-Unis chérissaient, ou l’ancien journaliste bien connu Jean Clarens Renois du média bourgeois de droite Radio Métropole. Le notaire Jean Henry Céant ne montre certainement aucun signe d’objection politique à être «le candidat des États-Unis» ; et on peut dire la même chose de l’ancien président du Sénat Simon Dieuseul Desras, du leader Sauveur Pierre Etienne de l’OPL, ou de l’ancien sénateur Steven Benoit. Cette observation s’applique aussi bien aux candidats de Lavalas, de la Plateforme pitit Dessalines et du MOPOD.

En résumé, l’arbitre du résultat final des élections ne sera pas le CEP, mais bien les Etats-Unis, la France et le Canada, à travers leurs forces d’occupation la MINUSTAH, comme nous l’avons vu en 2010 et 2011. Et le Président Martelly, comme une marionnette qui attend avec impatience une retraite confortable à Miami pour profiter des fruits mal acquis de son règne, ne fera rien pour changer cette équation.

Voilà pourquoi, pratiquement seul parmi les partis politiques, la Coordination Dessalines (KOD) continue d’insister qu’une seule garantie réelle pour la tenue d’une élection libre, honnête et souveraine est la désoccupation du pays et le départ du fantoche Martelly.

Par ailleurs, le «Core Group» composé des ambassadeurs du Brésil, du Canada, de l’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de la France, et de l’Union européenne, et le Représentant spécial de l’Organisation des États américains, Thomas Adams disent constater que jusqu’ici le processus électoral se déroule plutôt bien, surtout avec la publication de la liste des candidats habilités à prendre part à la présidentielle. Adams s’est refusé tout commentaire en ce qui à trait à l’éviction par le CEP de certaines candidatures.

Certains partis comme la Fusion des sociaux démocrates (Fusion), l’Organisation du peuple en lutte (Opl) et le Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod) demeurent sceptiques à propos de l’organisation effective des prochaines législatives prévues, dans le calendrier électoral, pour le 9 août 2015. « », déclare le secrétaire général de la Fusion, Rosemond Pradel. Le sénateur du Plateau central pour sa part et actuel coordonnateur de l’Opl, Francisco De La Cruz, souligne qu’ « ».

« », ajoute De La Cruz. Pour Turneb Delpé, porte-parole et candidat au sénat pour le regroupement Mopod. « ».

Voici la liste des candidats agréés pour les élections-sélections :

Alexandre Jean Bony (M) (CONCORDE NATIONALE)

Andre Amos (M) (FRONT UNI POUR LA RENAISSANCE D’HAITI)

Andre Michel (M) (PLATEFORME JISTIS)

Andresol Mario (M) (INDEPENDANT – 138)

Baker Charles Henri Jn Marie (M) (RESPE)

Bazin Renold Jean Claude (M) (MOUVEMENT CHRETIEN POUR UNE NOUVELLE HAITI)

Benoit Irvenson Steven (M) (KONVIKSYON)

Bertin Jean (M) (MOUVEMENT D’UNION REPUBLICAINE)

Bretous Joseph Harry (M) (KONBIT POU AYITI)

Brunet Emmanuel Joseph Georges (M) (PLATEFORME POLITIQUE ENTRENOU)

Brutus Michel Fred (M) (PARTI FEDERALISTE)

Ceant Jean Henry (M) (RENMEN AYITI)

Celestin Jude (M) (LIGUE ALTERNATIVE POUR LE PROGRES ET L’EMANCIPATION HAITIENNE)

Charles Jean Herve (M) (PARTI POUR L’EVOLUTION NATIONALE HAITIENNE)

Cornely Jean Ronald (M) (RASSEMBLEMENT DES PATRIOTES HAITIENS)

Dalmacy Kesler (M) (MOPANOU)

Daniel Yves (M) (PATI KREYOL NOUYE)

Desir Luckner (M) (MOBILISATION POUR LE PROGRES D’HAITI)

Desras Simon Dieuseul (M) (PLATEFORME POLITIQUE PALMIS)

Drouillard Marc-Arthur (M) (PARTI UNITE NATIONALE)

Duchene Willy (M) (PARTI REPUBLICAIN HAITIEN)

Dupiton Daniel (M) (COHESION NATIONALE DES PARTIS POLITIQUES HAITIENS)

Durandisse Joseph G. Varnel (M) (RETABLI AYITI)

Duroseau Vilaire Cluny (M) (MOUVEMAN POU ENDEPANDANS KILTIREL SOSYAL EKONOMIK AK POLITIK AN AYITI)

Etienne Sauveur Pierre (M) (OGANIZASYON PEP KAP LITE)

Flecourt Nelson (M) (OLAHH BATON JENES LA)

Fleurant Aviol (M) (NOUVELLE HAITI)

Francois Level (M) (PARTI DE LA DIASPORA HAITIENNE POUR HAITI)

Gautier Marie Antoinette (F) (PLAN D’ACTION CITOYENNE)

Gerard Dalvius (M) (PARTI ALTERNATIVE POUR LE DEVELOPPEMENT D’HAITI)

Jean Baptiste Eric (M) (MOUVEMENT ACTION SOCIALISTE)

Jeune Jean-Chavannes (M) (CANAAN)

Jn Baptiste Chavannes (M) (KONBIT TRAVAYE PEYIZAN POU LIBERE AYITI)

Joseph Maxo (M) (RASSEMBLEMENT DES NATIONAUX DEMOCRATES VOLONTAIRES POUR L’UNITE SALVATRICE)

Joseph Antoine (M) (DELIVRANS)

Julien Rene (M) (ACTION DEMOCRATIQUE POUR BATIR HAITI)

Khawly Steeve (M) (RESEAU BOUCLIER NATIONAL)

Larosliere Fresnel (M) (MOUVEMENT POUR L’INSTAURATION DE LA DEMOCRTIE EN HAITI)

Lucien Jephthé (M) (PARTI SOCIALISTE UNIFIE HAITIEN)

Lumarque Jacky (M) (VERITE)

Madistin Samuel (M) (MOUVEMENT PATRIOTIQUE POPULAIRE DESSALINIEN)

Magloire Roland (M) (PARTI DEMOCRATE INSTITUTIONNALISTE)

Mathurin Jean Paleme (M) (PLATEFORME POLITIQUE G18)

Moise Jovenel (M) (PARTI HAITIEN TET KALE)

Moise Jean-Charles (M) (PLATFÒM PITIT DESSALINES)

Monestime Diony (M) (INDEPENDANT – 137)

Narcisse Maryse (F) (FANMI LAVALAS)

Nestor Michelet (M) (COALITION POUR LA CONVENTION DE LA RECONSTUCTION DE LA RECONCILIATION DES CITOYENS HAITIENS)

Pierre Mathias (M) (KONSYANS PATRIYOTIK)

Poincy Jean (M) (REGENERATION ECONOMIQUE ET SOCIALE DANS L’UNITE ET LA LIBERTE TOTALE D’ACTION POUR TOUS)

Polycarpe Westner (M) (MOUVMAN REVOLISYONE AYISYEN)

Renois Jean Clarens (M) (UNION NATIONALE POUR L’INTEGRITE ET LA RECONCILIATION)

Roy Joe Marie Judie C. (F) (REGROUPEMENT PATRIOTIQUE POUR LE RENOUVEAU NATIONAL)

Sampeur Jacques (M) (KONBIT LIBERASYON EKONOMIK)

Sanon Jean Chevalier (M) (PARTI NATIONALISTE CHRETIEN D’HAITI)

St Juste Newton Louis (M) (FWON REVOLISYONE POU ENTEGRASYON MAS YO)

Supplice Beauzile Edmonde (F) (PARTI FUSION DES SOCIAUX-DEMOCRATES HAITIENS)

Theagene Jean Wiener (M) (PARTI POUR LA RENOVATION D’HAITI)

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