Amilcar Cabral à jamais entré dans l’Histoire !

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Amilcar Cabral, un révolutionnaire intégral, une source d’inspiration contemporaine

L’année 2018 marque le quarante-cinquième anniversaire de l’assassinat du révolutionnaire Amilcar Cabral, héros de l’émancipation du peuple africain, fondateur et dirigeant du mouvement indépendantiste en Guinée-Bissau et au Cap-Vert. Cabral a été assassiné à Conakry le 20 janvier 1973, trahi par certains de ses propres compagnons agissant pour le compte du régime colonial portugais.                      

Comme pour d’autres leaders africains tombés au champ d’honneur, la contribution de Cabral à la compréhension des tragiques réalités sociales, politiques et économiques de l’Afrique a été  transcendante, et sa pensée reste pertinente aujourd’hui dans un monde où plus que jamais il est question de réduction des inégalités et de la pauvreté, de viabilité de la planète. En ce sens, quarante-cinq ans plus tard, il reste une référence pour sa vision des luttes à mener et de son énorme capacité à concilier théorie et pratique.  Avant tout, il croyait que les mots liberté, fraternité et égalité sont vides de sens s’ils ne signifient pas une véritable amélioration de la vie de tous ceux et celles qui luttent. D’où la notion de “réalité” un mot omniprésent dans le discours pédagogique de Cabral.

Amilcar Cabral est né à Bafatá en Guinée Bissau. Son père, Juvénal Cabral, professeur, et sa mère, Dona Iva Pinhel Evora, petite commerçante étaient des Cap verdiens qui avaient émigré vers la Guinée Bissau, à la recherche d’une vie meilleure. Éventuellement, ils retournèrent sur les îles où Amilcar allait avoir la chance de commencer ses études. En 1944, Amilcar terminait ses études secondaires. A travers  des poèmes et des interventions culturelles, il explorait déjà les moyens  d’exprimer son amour pour son pays.

À l’automne 1945, il obtint une bourse  pour poursuivre des études universitaires à Lisbonne. Il voulait devenir ingénieur agronome. Étudiant brillant, il devint extrêmement actif dans le mouvement nationaliste émergent  qui militait pour la libération des colonies portugaises.  Il ne tarda pas à devenir une référence, même une boussole pour le petit groupe d’intellectuels africains résidant à Lisbonne, parmi eux l’angolais Agostinho Neto et le mozambicain Eduardo Mondlane. Vite allait se mettre en place un centre d’études africaines.

Cabral revint en Guinée-Bissau en 1952. Il fut nommé ingénieur dans la fonction publique.  Sa position professionnelle lui permit de se livrer à  des recherches, et, du même coup, d’approfondir sa connaissance du pays. Sa participation à un recensement agricole lui avait donné la chance de se rapprocher de la population et de se constituer un vaste réseau de militants potentiels. Néanmoins,   Cabral quitta la Guinée et repartit à destination de Lisbonne. Toutefois voyagea beaucoup en Mais la dynamique politique en cours en Angola l’intéressait beaucoup. Il y fit plusieurs voyages, et même   participa à la fondation du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA).

             En 1956, Cabral fonda le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) ce qui  marqua un tournant pour le mouvement nationaliste dans les colonies portugaises. Son leadership intellectuel et stratégique et son investissement personnel dans le rassemblement des mouvements unitaires fut salutaire pour la solidification et l’unification d’une lutte clandestine difficile contre le colonialisme portugais. Et c’est à juste titre qu’il est considéré comme un théoricien de l’émancipation africaine. En 1960, l’année des «indépendances africaines», Cabral dénonça officiellement le colonialisme portugais et renforça encore la visibilité du mouvement nationaliste qu’il porta au niveau international.

Cabral avait compris que les fondements de la lutte de libération nationale étaient avant tout d’ordre politique. A son avis les mouvements de libération avaient pour tâche de formuler d’abord des positions politiques de principe claires qui justifieraient ensuite l’action militaire garante de victoire. Cabral a même développé l’idée selon laquelle la lutte de libération était un “acte de culture”. Ainsi, il a propulsé le PAIGC dans une série d’innovations politico-culturelles qui ont marqué sa lutte pour l’indépendance et qui lui ont valu d’être reconnu comme un élément central dans la chute du régime fasciste au Portugal, en avril 1974, après l’indépendance de la Guinée-Bissau, proclamée en septembre 1973.

Le nom d’Amilcar Cabral est associé à la pratique de structures efficaces de gouvernance participative dans les zones libérées, une tactique de guérilla innovante, une importante contribution intellectuelle et en définitive à une lutte de libération victorieuse. La voie facile lui déplaisait souverainement. Il insistait sur le temps et l’effort, car fermement convaincu qu’une simple continuation de l’héritage colonial, qu’il soit politique, économique ou culturel, serait désastreuse   Selon Cabral, ce n’est que par “un processus de longue haleine de révolution sociale et structurelle, capable d’amener des peuples entiers à une participation active” que l’on créerait les conditions nécessaires pour que l’Afrique puisse réaliser son potentiel.

Pour Cabral, une volonté et des objectifs politiques clairs sont les fondements de l’idéologie qui doit sous-tendre la lutte. Il est impératif de leur associer une résistance pouvant être politique, économique, sociale ou culturelle. Toutefois, il considère que “le principal contexte de la résistance pratiquée par le mouvement de libération nationale réside dans l’utilisation des traits positifs de la culture du peuple aux côtés des traits similaires des cultures importée”. En offrant une direction, il était possible d’inciter les gens à prendre leur propre destin en main, en faisant de leur résistance culturelle intuitive un facteur de transformation porteur de choix plus larges.

Malheureusement, le rêve de Cabral allait se briser dans la nuit tragique du 20 janvier 1973, quelques mois avant que ne soit proclamée, unilatéralement, l’indépendance de la Guinée-Bissau. Des agents infiltrés de la sinistre et redoutable PIDE (Polícia Internacional e de Defesa do Estado) assassinaient Cabral à Conakry.

 

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