Alix Didier Fils-Aimé, l’aboutissement de l’ambition du Secteur économique

0
901
Les neuf Conseillers Présidentiels ont procédé à la nomination d’Alix Didier Fils-Aimé comme Premier ministre

Jamais depuis le début de la Transition post-Jovenel Moïse, le limogeage d’un Premier ministre et son remplacement n’ont été diligentés avec une telle dextérité. L’annonce de la révocation de Garry Conille et la nomination de son successeur, Alix Didier Fils-Aimé, à la Primature viennent de démontrer une chose : quand les politiques haïtiens veulent, ils peuvent.

Cette dynamique souligne aussi que la poursuite de cette transition qui n’en finit point est la volonté de tous ceux qui se sont succédé au pouvoir et qui ont décidé de maintenir Haïti dans ce cycle d’instabilité jusqu’à mener le pays au bord d’un effondrement total. L’arrivée de cet homme d’affaires à la tête du gouvernement intérimaire est la conclusion attendue après six mois de brouille, de malentendu mais aussi d’insubordination entre les deux branches du pouvoir Exécutif. Un conflit inutile et sans raison apparente qui a énormément pénalisé toute avancée vers une possible solution à cette crise.

Dans les chroniques précédentes, nous avons démontré et expliqué les raisons qui ont conduit à la révocation du Premier ministre Conille le 8 novembre 2024 par un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) qui voulait prendre la main sur la Transition. Ici, nous allons tenter de comprendre pourquoi les membres du CPT ont fait le choix d’un membre du Secteur des affaires et de l’élite économique pour la poursuite d’une expérience politique qui, loin de faire l’unanimité, peine surtout à convaincre. On essayera aussi de voir si ce représentant de la classe économique est l’homme du moment et apte à apporter des solutions pour sortir Haïti de la trajectoire qu’il a prise depuis l’assassinat de Jovenel Moïse il y aura bientôt quatre ans. Surtout, l’on cherchera à savoir qui est cet homme, peu connu du grand public, à part qu’il fut un obscur parlementaire de la mouvance Lavalas version René Préval, c’est-à-dire, plus light.

Tout comme son prédécesseur, Alix Didier Fils-Aimé est arrivé à la Primature sous le crépitement des armes automatiques des groupes armées, la séquence du « pays lock » avec en toile de fond la fermeture de l’aéroport international Toussaint Louverture.

Avec ce nouveau gouvernement, l’élite économique et des affaires qui a déjà la classe politique dans sa poche remporte le jackpot.

En réalité, tout a commencé par l’annonce surprise de la mise à pied de celui qu’on nous avait vendu comme l’homme de la situation ou de la conjoncture. Tout va aller très vite. Entre la révocation de Garry Conille, la nomination de son successeur, la publication de l’arrêté au journal Officiel Le Moniteur, l’installation du nouveau Premier ministre et la formation du cabinet ministériel, il aura fallu moins de quarante huit heures. Un record ! En tout cas pour Haïti. C’est quasiment sans précédent à Port-au-Prince.

En effet, le temps d’apprendre le limogeage du Premier ministre Garry Conille, le pays était déjà doté d’une nouvelle équipe gouvernementale sous l’autorité de celui à qui on avait refusé, quelques mois plutôt, de confier les clefs de la Primature. Cela a été tellement vite qu’on a l’impression que tout était discuté, préparé, agencé et qu’il suffisait de lancer le processus.

En réalité, Alix Didier Fils-Aimé, depuis sa candidature durant le processus de nomination d’un Premier ministre selon l’Accord du 3 avril 2024, n’était jamais sorti de l’esprit ni des vues des membres du CPT même après l’avoir mis de côté au profit de Garry Conille sous la pression de la Communauté internationale. Il suffit de lire l’Arrêté nommant le nouveau chef du gouvernement pour comprendre que ce choix est loin d’être anodin et qu’en vérité, le CPT n’attendait que le bon timing pour lancer la machine.

Le Conseil Présidentiel de Transition avait annoncé le limogeage de Conille le vendredi 8 novembre par une « Résolution » prise par les neuf membres. Or, l’on remarquera que c’est par cette même « Résolution » datée du 8 novembre 2024 que Alix Didier Fils-Aimé a été nommé en lieu et place de Garry Conille. Sur ce point, le hasard n’a pas sa place. Le choix de cet ancien candidat au Sénat sous la couleur du parti Vérité de feu Président René Préval a été un choix mûrement réfléchi et concerté.

Autre indice pouvant confirmer que Fils-Aimé était en standby pour ce poste, le nombre des membres du CPT ayant paraphé l’arrêté publié dans le Journal Officiel, Le Moniteur numéro spécial 57 paru le lundi 11 novembre 2024. Ils sont 8 sur 9 à l’avoir validé. Seul l’ancien Coordonnateur du CPT, Edgard Leblanc Fils, n’a pas signé le parchemin. Mais, il n’a pas non plus contesté ni dénoncé la nomination, signe que lui aussi a avalisé ce choix même si ce n’est pas la première fois qu’il fait cavalier seul depuis l’accusation pour corruption portée contre trois Conseillers-Président : Louis Gérard Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin dans le scandale de la BNC qui se trouvent devant la justice tout en refusant de démissionner du CPT. D’ailleurs, voici ce qu’on lit dans Le Moniteur (…)

« Nous, Smith Augustin, Louis Gérald Gilles, Fritz Alphonse Jean, Edgard Leblanc Fils, Laurent Saint-Cyr, Emmanuel Vertilaire, Leslie Voltaire, membres votants, Régine Abraham et Frinel Joseph, membres observateurs sans droit de vote du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), réunis ce vendredi 8 novembre 2024, au Palais National, avons fait choix, par consensus, du citoyen Alix Didier Fils-Aimé comme Premier Ministre. La présente Résolution sera publiée et exécutée aux fins de droit. Donné au Palais National, à Port-au-Prince, le 8 novembre 2024, An 221e de l’Indépendance. (…) » Un document prouvant que c’est à l’unanimité que les neuf Conseillers Présidentiels ont procédé à la nomination d’Alix Didier Fils-Aimé et décidé de mettre fin au service d’un Premier ministre qui n’était pas le leur et qui leur faisait savoir à chaque fois qu’il en avait l’occasion.

Pourtant, malgré quelques agitations résiduelles, certains diraient de pure forme, comme les déclarations de l’ancien soutien d’Ariel Henry et chef de file du SDP et de l’Accord du 21 décembre Me André Michel qui laissait entendre que « Les textes fondateurs de la Transition (le Consensus de la Jamaïque du 11 mars 2024, l’Accord du 3 avril 2024, le décret du 12 avril 2024, le décret du 23 mai 2024) ne donnent pas au CPT le pouvoir de renvoyer le Premier ministre. Bien entendu, exceptionnellement, l’article 37 du décret du 23 mai 2024 stipule qu’en cas de présomptions graves de corruptions et de déficit de gouvernance, dûment constatés par l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG), le CPT met fin à la mission du Premier ministre par la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. Cette disposition existe aussi dans l’Accord du 3 avril 2024. Aujourd’hui, l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG) n’est même pas encore créé.  Il n’y a aucune possibilité pour le CPT de renvoyer le Premier ministre. »

L’installation du nouveau Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé à la Primature

Il en est de même pour le patron du RNDDH, Pierre Esperance qui, semble-t-il, était dans la confidence de la présidence sur ce dossier. Invité sur Magik9 le dimanche 10 novembre 2024 pour donner son avis sur la révocation du Garry Conille et surtout sur la désignation de l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé, à la tête du gouvernement, Pierre Esperance avait non seulement confirmé l’intention du CPT de limoger Garry Conille, mais il avait aussi un conseil à lui faire passer dans l’hypothèse qu’il compterait contester la décision de la présidence comme il le laissait entendre dans la presse. « Hier, j’ai parlé à deux Conseillers-Président. Ils m’ont confirmé qu’ils allaient révoquer le Premier ministre et nommer à sa place Alix Didier Fils-Aimé. Ils m’ont annoncé que l’arrêté de révocation ainsi que celui de la nomination du nouveau Premier ministre seront publiés dans Le Moniteur incessamment. 

Si le CPT parvient à publier la Résolution de destitution dans le journal Le Moniteur, je conseillerais au Premier ministre Garry Conille de jeter l’éponge afin de ne pas engager la force publique dans ce conflit politique. Même si cette décision du CPT allait à l’encontre de l’Accord servant de cadre légal à la Transition, celui qui détient le pouvoir de nomination possède également le pouvoir de révocation. » Une consultation gratuite que Conille qui disait s’opposer à la décision a mis à son profit pour effectivement jeter l’éponge sans même combattre et repartir sur la pointe des pieds dans le plus grand secret par où il était arrivé. Sitôt nommé, sitôt installé.

Dès le lundi 11 novembre, en effet, une cérémonie d’installation avait été organisée au siège provisoire de la présidence de la République se trouvant à la Villa d’Accueil, à Delmas 60 où sont installés les 9 membres du Conseil Présidentiel de Transition depuis la création de cette instance exécutive. Tandis que le Premier ministre, lui aussi, ayant fui la Primature située au Bicentenaire, a installé le gouvernement à sa résidence officielle de Bourdon à quelques pas de la Villa d’Accueil censé être la résidence officielle des Premiers ministres haïtiens. Après la révocation surprise de Conille, le CPT s’inquiétait un peu de la réaction de l’ensemble des parties prenantes, les entités ayant désigné leur représentant au sein du CPT pour former ce pouvoir collégial vue qu’il n’a pas respecté justement les énoncés de l’Accord du 3 avril. Leslie Voltaire, le Président en exercice du Conseil Présidentiel de Transition, et ses huit collègues redoutaient surtout l’absence des diplomates étrangers accrédités à Port-au-Prince, boudés parce que leur poulain a été licencié. Bref, la présidence haïtienne craignait les chaises vides au moment de l’installation de son Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé.

Surprise, tous avaient tort de craindre un boycott du Core Group et de la classe politique. La Villa d’Accueil avait fait le plein de politiques, de diplomates et d’autres dignitaires de l’ancien gouvernement. On reprend les mêmes et l’on recommence. Les chefs de troupes qui courtisaient Garry Conille et le soutenaient dans son bras de fer avec les Conseillers-Président l’ont tous lâché en rase campagne et ne l’ont pas suivi dans sa tentative de rébellion. La preuve, ils étaient tous présents à l’installation de son successeur. De Normil Rameau, Directeur général de la police nationale, à Derby Guerrier, chef d’Etat-major général de l’armée d’Haïti, en passant par le Commandant kenyan de la force multinationale d’appui à la sécurité, Godfrey Otunge, des diplomates et leaders politiques et bien entendu des dizaines d’hommes et de femmes du Secteur d’affaires et économique, sans oublier un nombre remarqué de membres du gouvernement sortant se sont déplacés pour venir cautionner ou faire allégeance au nouveau locataire de la Primature.

Seul Garry Conille, mauvais joueur, avait brillé par son absence. Dans son allocution de circonstance, Leslie Voltaire, le maitre d’œuvre de tout ce chamboulement, a voulu s’expliquer sur le limogeage de celui-ci sans pour autant oublier de lui rendre hommage, en tout cas, ne souhaitant pas paraître revanchard. Voltaire, rassuré devant l’assistance et voulant apaiser la tension et enterrer la hache de guerre avec l’ancienne équipe, devait déclarer « La nécessité s’est imposée d’apporter rapidement certaines corrections, toujours dans le souci de garantir, dans l’intérêt commun, la pleine réussite de cette expérience démocratique et consensuelle. Pour le Conseil présidentiel de transition, il y a urgence d’agir, d’agir vite, d’agir bien, dans le respect des lois de la République et dans le sens du renforcement des institutions républicaines. Il ne nous reste pas beaucoup de temps, c’est maintenant qu’il faut faire les corrections afin d’assurer le succès de la transition. Nous avons opté pour des changements au niveau du gouvernement sur la base de l’expérience des derniers mois. 

Il n’y a pas eu que des difficultés et des obstacles. Nous avons franchi des étapes importantes avec le Premier ministre Conille et je salue son courage et sa détermination. Nous avons jeté des bases intéressantes qui permettront au nouveau Premier ministre d’avancer avec les chantiers de la transition. J’ai été personnellement attiré par les qualités et les compétences de plusieurs membres du gouvernement sortant. Je prends plaisir, encore une fois, à saluer leur effort et leur contribution. Les regards, monsieur le Premier Ministre, sont désormais portés sur vous. Etant donné que chaque changement à la tête du Gouvernement produit un sursaut d’espérance, il faut dès maintenant considérer que le temps de grâce qui vous sera accordé sera réellement court. Point besoin de vous rappeler combien les attentes sont urgentes et nombreuses. Le temps n’est ni aux promesses ni aux propagandes mensongères. » Visiblement confiant et ayant même repris son souffle en voyant tant de monde qu’il n’attendait certainement pas, le tombeur du PM au casque d’acier, tout comme son successeur, se sont accordés pour dire que la priorité des priorités demeure la sécurité.

La question des élections en vue de revenir à un fonctionnement régulier des institutions de la République faisait aussi partie du menu. Toujours en parfaite harmonie et compréhension politique avec le Conseil Présidentiel de Transition, le nouveau chef du gouvernement intérimaire insiste durant son intervention pour que la Communauté internationale réponde positivement aux multiples sollicitations des autorités haïtiennes d’avant-hier, d’hier et d’aujourd’hui, à renforcer, voire transformer la mission multinationale actuellement en cours en Haïti en une Mission Multinationale de paix sous statut des Nations-Unies. Si Alix Didier Fils-Aimé appelle à l’unité de la Nation et à une sorte de « Paix des braves » entre haïtien, il n’oublie point de reprendre à son compte la vieille litanie de tous les dirigeants haïtiens, de mariage entre la population et les forces de l’ordre (police et l’armée) pour combattre l’insécurité afin de mettre les gangs, selon lui, hors d’état de nuire. Le nouveau locataire insistait sur la reprise de ces « territoires perdus » de la République sans quoi il serait difficile de réaliser des élections libres dans le pays.

« Le premier chantier incontournable et qui conditionne la réussite de la Transition est le rétablissement de la sécurité. Sécurité des personnes, des biens et infrastructures mais aussi Sécurité alimentaire et liberté de circulation sur tout le territoire national. (…) En ce qui concerne les chantiers de la Conférence nationale, de la réforme constitutionnelle, de la réforme des institutions, dans le respect des prérogatives présidentielles, je m’appliquerais à garantir tout le soutien de l’Administration publique pour un plein succès de ces processus indispensables au plein succès des travaux devant aboutir à des élections, objectif fondamental de la Transition. Le retour à l’ordre démocratique par le choix transparent et libre des électeurs de leurs dirigeants est la principale raison d’être de cette Transition de refondation voulue par tous (…) 

J’exhorte nos amis de la Communauté internationale à supporter les appels du Conseil Présidentiel et du gouvernement sortant pour une coopération plus efficace et qui tient davantage compte de l’urgence de la situation mais nous sommes conscients que les solutions devront être essentiellement haïtiennes » disait cet homme venu de deux secteurs que certains croient être des fournisseurs d’armes aux groupes armés qui contrôlent la quasi-totalité des départements de l’Ouest et de l’Artibonite. En effet, Alix Didier Fils-Aimé n’est pas un nouveau venu dans l’arène politique haïtienne, bien que personne ne se souvient de son passage à la Chambre des députés de 1995 à 1999, encore moins son élection perdue devant Don Kato (Antonio Cheramy) pour le Sénat de la République en 2015. Si son père Alix Fils-Aimé était un grand militant de gauche, voire un révolutionnaire pour avoir participé au mouvement Sandiniste au Nicaragua, lui, il est plutôt connu pour son appartenance au secteur d’affaires et à l’élite économique du pays.

Leslie Voltaire, le maitre d’œuvre de tout ce chamboulement, a voulu s’expliquer sur le limogeage de Conille sans pour autant oublier de lui rendre hommage, ne souhaitant pas paraître revanchard.

Une entité qui a toujours considéré Haïti comme étant un territoire de passage préférant investir son argent à l’étranger notamment en Floride et en République dominicaine. On sait aussi que depuis la fin de la dictature des Duvalier en 1986, le Secteur d’affaires en plus du pouvoir économique, détient aussi par procuration le pouvoir politique à travers des politiciens – Président, sénateur, député, maire – dont il finance les élections. Depuis l’élection de Jovenel Moïse que ce secteur avait financé dans l’esprit de garder intact la main mise sur l’administration publique, l’Etat et particulièrement le pouvoir politique, les dirigeants du secteur économique, avant de contribuer sans nul doute à son assassinat, cherchaient à prendre directement le contrôle du pays. Sous Ariel Henry, ils ont essayé ou commencé avec la désignation de Laurent Saint-Cyr, leur représentant officiel au Haut Conseil de Transition (HCT), un organisme politique dirigé par Mirlande Manigat. Ce machin sans aucun pouvoir réel créé par Ariel Henry et ses amis, histoire de conserver le plus longtemps la totalité du pouvoir. Toutefois, même sans pouvoir au HCT, le secteur d’affaires et économique gardait son objectif et ce, malgré l’échec prévisible de cette institution, il s’évertue à être représenté directement à la tête du pouvoir Exécutif.

Profitant de la confusion régnant au moment de la chute d’Ariel Henry, les différentes entités économiques et d’affaires – Groupe de Bourdon, Forum économique, Groupe Macaya – se sont arrangées pour avoir un des leurs au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), toujours avec leur homme lige qu’est Laurent Saint-Cyr, ancien Président de l’Institut haïtiano-Américain à Port-au-Prince et de la Chambre du Commerce et de l’Industrie d’Haïti (CCIH), tout un symbole. En accédant au rang de Conseiller Présidentiel avec droit de vote, l’élite économique et d’affaires détenait enfin une des clés pour nommer celui qui dirigerait toute l’Administration publique haïtienne. Depuis le renversement du PM Ariel Henry, ce Secteur lorgnait déjà sur la Primature lorsqu’il lançait la candidature d’Alix Didier Fils-Aimé, il y a huit mois. Les membres du CPT, par crainte du « Blanc », étaient obligés d’avaler la couleuvre Conille qu’aucun ne voulait. Car, plusieurs d’entre eux, sinon tous les 9 membres, sont des créatures de ce condominium, même s’ils ont tous un parti ou une mouvance politique qui les avait désignés au CPT.

Des organisations, d’ailleurs, comme nous le disons plus haut, qui sont forcément logées, nourries, blanchies par l’une des branches de cette tentacule que sont ces secteurs dits économiques et d’affaires. La nomination de cet enfant de la classe économique n’est pas une surprise pour les observateurs politiques haïtiens. Cette nomination est la conclusion logique de ce cheminement commencé il y a déjà près de quatre décennies, c’est-à-dire depuis 1986. C’est pourquoi certains doutent que ce monsieur du sérail est l’homme du moment ou de la situation. Plus qu’un pion qui apporterait sur un plateau le peu qui restait de l’Etat haïtien à ses amis ou à son secteur. Enfin, une semaine après son installation à la Primature, soit le samedi 16 novembre 2024, Alix Didier Fils-Aimé présentait le nouveau cabinet ministériel à la presse et à la nation. Un gouvernement composé de 21 membres dont un Secrétaire d’État chargé des Collectivités Territoriales qui était demandé par différents acteurs politiques.

Pour l’édification des lecteurs et pour l’histoire, nous publions in extenso la liste des récipiendaires. Paul Antoine Bien-Aimé, ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (nouveau) ; Patrick Pélissier, ministre de la Justice et de la Sécurité Publique (nouveau) ; Jean Harvel Victor Jean-Baptiste, ministre des Affaires Étrangères et des Culte (nouveau) ; Kathia Verdier, ministre des Haïtiens Vivant à l’Étranger (nouveau) ; Alfred Métellus, ministre de l’Économie et des Finances (nouveau) ; Duckenson Lorthe Blema, ministre de la Santé Publique et de la Population (nouveau) ; Pédrica Saint-Jean, ministre de la Condition Féminine et des Droits de la Femme (nouveau) ; Patrick Delatour, ministre de la Culture et de la Communication (nouveau) ; Jean Michel Moïse, ministre de la Défense, (nouveau) ; Eriek Dessources, ministre du Tourisme (nouveau) ; Marie Ketleen Florestal, ministre de la Planification et de la Coopération Externe (Reconduite).

Vernet Joseph, ministre de l’Agriculture, des Ressources et Naturelles et du Développement Rural (reconduit) ; Raphaël Hosty, ministre des Travaux Publics, Transport et Communications (reconduit) ; James Monazard, ministre du Commerce et de l’Industrie (reconduit) ; Moïse Jean-Pierre Fils, ministre de l’Environnement (reconduit). Augustin Antoine, ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (reconduit) ; Georges Wilben Franck, ministre des Affaires Sociales et du Travail (reconduit) ; Niola Lynn Sarah Devalis Octavius, ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique ; (Reconduite) ; Patrick Sully W. Joseph, Secrétaire d’État aux Collectivités Territoriales (nouveau). Joseph André Gracien Jean, ministre chargé des questions électorales et constitutionnelles ; Herwil Gaspard, ministre de la Solidarité et des Affaires humanitaires.

Avec ce nouveau gouvernement, l’élite économique et des affaires qui a déjà la classe politique dans sa poche remporte le jackpot. Alix Didier Fils-Aimé est l’aboutissement d’une démarche, d’une quête, d’une ambition, celle de l’accession au timon des affaires de la République d’une élite qui n’a jamais pensé pays, développement, éducation, santé, bref, l’avenir pour le plus grand nombre. Un clan pour lequel une seule chose compte, s’enrichir au profit d’une minorité et ce, depuis le parricide de 1806.

HTML tutorial

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here