D’une transition à l’autre !

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Malgré la répression systématique exercée sur les manifestants par le pouvoir arbitraire et totalitaire de Martelly-Paul, la position anti-peuple du secteur privé à travers le Forum dit économique et les déclarations intempestives et d’ingérence des représentants de la communauté internationale, du Core Group et des diplomates étasuniens, le peuple haïtien est resté déterminé pour revendiquer ses droits. Le droit de vote d’un citoyen et le droit à l’autodétermination du peuple sont sacrés, personne ne peut les lui enlever.

C’est dans ce contexte que des centaines de milliers de personnes ont gagné les rues à

Port-au-Prince, au Cap-Haitien, aux Cayes et dans plusieurs autres régions du pays durant 2 jours : le jeudi 3 et le samedi 5 décembre 2015 pour exiger l’annulation des mascarades du 9 Août et du 25 octobre 2015, le départ de l’occupant du Palais national, Michel Martelly, du dirigeant de la Primature, Evans Paul et de tous les membres du Conseil Electoral Provisoire d’Opont Pierre-Louis

Les manifestants sans un leadership clair ne visent pas à un changement en profondeur. C’est pourquoi ils ne réclament que la formation d’un gouvernement de transition dont la principale mission n’est autre que l’organisation d’élections générales, libres et transparentes. À qui demande-t-on la transition ? A Martelly de la former pour nous faire plaisir ou pour plaire aux forces d’occupation de la Minustah que dirige Sandra Honoré ? Alors veut-on donc en arriver à une transition à la manière d’un Gérard Latortue ?

Ainsi au cours de la manif du 5 démembre, des propos hostiles ont été lancés à l’endroit des occupants du pays: « K-Plim tonbe ! Fòk Martelly ale! Fòk Martelly rache manyòk li! Opont kouri ! vle pa vle fòk y ale! Pat gen premye tou, paka gen dezyèm tou. Vòlè vòt yo ki nan palè a, fòk yo ale ! Vòlè vòt ki nan KEP la, fòk yo ale ! » Tels étaient les cris des manifestants qui ont défilé du centre-ville jusqu’à Pétion ville, une fois de plus, sans se fatiguer. Comment peut-on être en même temps critique aux forces occupantes et leur demander de nous résoudre la crise, soit à travers des rencontres avec le gouverneur Kenneth Merten.

Tout au cours de la manif, il n’y avait aucune photo des candidats ; aucun maillot frappé à l’effigie des candidats n’a été vu porter par des manifestants. Cela signifie que le peuple haïtien a rejeté dans la poubelle de l’histoire non seulement les mascarades du 9 Août et du 25 Octobre, mais aussi les revendications abstraites de ces candidats.

Dans la foulée, les manifestants n’ont pas manqué d’adresser de propos forts pour dénoncer le Core Group de la Communauté internationale, les représentants diplomatiques des Etats-Unis en la personne de l’ambassadeur Peter Mulrean et Kenneth Merten ainsi que leurs laquais locaux du Forum Economique constitués pour la plus part de kidnappeurs, de dealers de drogue, de gens corrompus et de contrebandiers.

A la résidence privée de l’ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, lors d’une cérémonie organisée par la Chambre de Commerce Haïtiano-Américain, (Amcham) le jeudi 3 décembre dernier, l’ambassadeur Peter Mulrean a déclaré en présence des responsables haïtiens et des membres du secteur des affaires, qu’ « Il faut suivre le processus électoral jusqu’ sa fin ». En ajoutant par la suite « Nous voulons que tous les prochains dirigeants d’Haïti soient choisis travers des scrutins libres et crédibles et non dans les rues » Le président de la Amcham Philippe Armand pour sa part dans son discours de circonstance a fait savoir qu’« Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès»

En réaction, les manifestants ont profité de l’occasion pour dénoncer, d’une part, la violation, par l’ambassadeur, de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires, et d’autre part le droit démocratique l’autodétermination du peuple de manifester pour revendiquer ses droits,. « Laissez le peuple haïtien décider du sort de son pays”, a eu à déclarer un manifestant très en colère contre les néo colons.

Il faut rappeler que Kenneth Merten a non seulement imposé l’indécence et l’immoralité au timon des affaires en Haïti, en la personne de Martelly, mais il a contribué à le maintenir au pouvoir pour préserver les intérêts des Etats-Unis et pour continuer à piller les ressources du pays. Maintenant, il est revenu à un moment décisif de l’histoire de ce pays, quand le peuple haïtien décide à nouveau de prendre son destin en main pour vrai.

En guise de conclusion, rappelons les propos de René Lévesque*. Avec raison, il disait : «une population dont le territoire est planifié par d’autres, aménagé par d’autres, géré par d’autres, exproprié par d’autres et au profit des autres est réduit à l’insignifiance. » Dans cet ordre d’idées, pour que le territoire haïtien ne se réduise pas à l’insignifiance, le peuple haïtien doit continuer à se mobiliser constamment jusqu’au déchouquage de ce système qui a accouché de Martelly et qui se prépare à nous donner Jovenel dont les bananes risquent de nous rester en travers de la gorge pour nous étouffer.

Il ne faut s’attendre à rien de concret, rien de positif, avec l’équipe Martelly-Paul-Opont qui vole le vote du peuple et plonge le pays dans l’instabilité politique chronique. Seul un gouvernement imposé par le peuple pourra remédier à l’actuelle situation, qu’on le veuille ou non.

*René Lévesque, ex-premier ministre du Québec à la tête du premier gouvernement souverainiste de l’histoire québécoise. Promoteur du projet de souveraineté de la province de Québec , il était aussi connu pour ses convictions sociales-démocrates. Il convoqua, en 1980, un référendum portant sur la souveraineté-association de la province ; mais la démarche fut défavorable au gouvernement puisque le « non » à la souveraineté l’avait emporté par 59,56 % des voix. Un autre referendum tenu en octobre 1995 s’est soldé par un score de 50,58 % pour le non, contre 49,42 % pour le oui, lors du scrutin le plus déchirant de l’histoire contemporaine du Québec.

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