Depuis le lundi 15 mai 2017, le prix de la gazoline est fixé à 224.00 gourdes (auparavant 189.00 gourdes), celui du diesel à 179.00 gourdes (auparavant 149.00 gourdes) et celui du kérosène à 173.00 gourdes (auparavant 148.00 gourdes). Ces prix ne sont pas définitifs comme l’avait indiqué le ministre de l’Economie et des Finances, Jude Alix Patrick Salomon dans le protocole de honte et de compromission signé par les syndicats de transport. Ainsi, à chaque arrivage de carburant qui se fait presque tous les 28 ou 29 de chaque mois, le prix à la pompe subira une augmentation de cinq ou six gourdes et cela ne s’arrêtera, à en croire les protagonistes, que jusqu’au mois d’octobre de cette année.
Tandis que cette annonce fait l’affaire des syndicats de transport qui n’ont pas tardé à augmenter le tarif des courses, elle a par contre hérissé les poils sur le dos des ouvriers et des ouvrières qui déjà travaillant dans des conditions précaires ont été mis le dos au mur. Comme ils étaient déjà en pourparlers de négociations avec le ministre des Affaires sociales, Roosevelt Bellevue, cette augmentation n’a en quelque sorte apporté rien de concret à leur avantage. A ce compte, ils n’avaient d’autre alternative que de mobiliser leurs troupes pour faire face à cette nouvelle situation et depuis lors, à savoir le vendredi 19 mai, ils sont rentrés en grève en multipliant de vastes mobilisations populaires, de plusieurs milliers de travailleurs de Carrefour en direction du Parlement, puis du palais national pour exiger aux patrons d’augmenter la pitance de salaire minimum de 350 gourdes à environ 800 gourdes tout en profitant de dénoncer la décision de l’Administration Moïse-Lafontant de hausser les prix des produits pétroliers. Le lundi 22 mai, les manifestants étaient de plus en plus nombreux et disent s’engager à défendre leurs revendications qui sont l’amélioration des conditions de travail et l’ajustement des salaires
Pour les syndicats dénommés SOTA-BO, et la Plateforme du syndicat des industries textiles (Plasypo), le seul moyen de faire face à cette augmentation du prix de carburant qui engendre obligatoirement l’augmentation des prix de tous les produits de première nécessité, c’est d’augmenter le salaire des travailleurs.
Les patrons ne se sont pas restés inactifs, c’est-à-dire sans mobiliser leur force de répression qui pour l’instant demeure la police Nationale du pays. Il semblerait qu’ils ont été pris par surprise puisqu’ils ont paniqué. Dans une note de presse signée par Georges Sassine , le président de L’Association des industries d’Haïti (ADIH), manifeste ses inquiétudes « pour la sécurité du personnel et du matériel des entreprises d’exportation textile du Parc industriel métropolitain SONAPI et des usines situées autour de l’aéroport ». L’Association pour réduire les protestations à une sorte de violence déclare que « Les ouvriers ont été violentés afin de forcer leur sortie et de projeter plus tard l’image d’une manifestation spontanée et pacifique » pour ajouter ensuite qu’elle « considère grave et catastrophique que des leaders syndicaux se sentant incapables de sensibiliser les ouvriers pour réaliser une grève dans les normes et dans le respect de la loi se transforment en hors-la-loi pour arriver jusqu’à frapper des ouvriers pour les faire sortir des entreprises »
Les ouvriers n’ont pas caché leur grande faiblesse politique quant arrivés devant le Parlement le sénateur Antonio Chéramy, président de la commission des Affaires sociales du Sénat est venu à leur rencontre. Les manifestants tout au cours de leur parcours ont lancé des propos hostiles à l’égard de Jovenel en signalant d’ailleurs qu’il leur avait promis monts et merveilles lors de sa campagne électorale. Munis de pancartes et de branches d’arbres, les travailleurs chantaient « Jovenel, Martelly te pale w pou salè minimòm sa nou te wè ou t ap pran nan cho ».
Les syndicats malgré la répression des policiers sur les manifestants semblent determinés à rester dans les rues pour forcer le gouvernement à revenir sur sa décision sinon augmenter le salaire minimum. Ainsi, alors que les ouvriers occupaient le macadam, une rencontre a eu lieu ce lundi 22 mai, entre les représentants du secteur patronal, de la Police Nationale, du Ministère des affaires sociales et du travail pour essayer de trouver une solution pour calmer les travailleurs.
Le ministre des Affaires Sociales Roosevelt Bellevue, annonce un ensemble de dispositions, pour apporter une solution, à moyen terme et à long terme, à cette crise à savoir : assistance alimentaire et médicale pour les ouvrières et ouvriers. Ils bénéficieront de prêts auprès de l’Office national d’assurance vieillesse (ONA) et plus de 300 bus seront mis à leur disposition pour faciliter le transport des ouvrières et ouvriers au travail.
Tous les partis politiques sont restés muets et sourds n’ayant pas appuyé les syndicats à combattre le pouvoir. Il ne reste qu’à attendre la capitulation des syndicats quand le pouvoir aura à leur offrir quelques miettes. Le sénateur du Sud, de l`OPL Jean Mare Junior Salomon pour autant essaie d’alerter ses paires en leur indiquant qu’: « On est proche d`un soulèvement populaire »!
« Il y a des signes avant-coureurs qui laissent présager des jours sombres pour Haïti. Le gouvernement doit changer son fusil d`épaule, car ce que nous vivons n`est que le symptôme d`une maladie beaucoup plus grave » a-t-il d’ailleurs indiqué. Le sénateur doit savoir qu’aucun malade ne sera plus grave si le peuple arrive à déboulonner ce système et tous ses laquais au pouvoir.