Pourtant, les institutions de la Ve République lui donnent tout pouvoir pour détruire la Sécurité sociale et ce qu’il reste du Code du travail. Comment l’en empêcher ? Par l’unité ouvrière !
Ce 7 mai, Macron a été élu. Mais les faits établissent qu’il est ultra minoritaire.
La preuve :
– 26 % des électeurs inscrits se sont abstenus ;
– 9 % des électeurs inscrits ont émis un vote blanc ou nul ;
– les suffrages exprimés représentent donc moins de deux électeurs sur trois, un record historique, et parfois même moins de la majorité des électeurs dans les quartiers ouvriers ;
– Macron, avec 65 % des suffrages exprimés recueille donc les suffrages de 42 % des électeurs inscrits ;
– Et tout le monde sait que plus de la moitié des voix recueillies par lui viennent d’électeurs en désaccord avec son programme, qui ont voulu voter contre Le Pen.
Ainsi donc, quatre électeurs sur cinq ont refusé de soutenir le programme de Macron. Ce président ultra-minoritaire n’a aucune légitimité.
Pourtant, les institutions de la Ve République sont ainsi faites qu’un président qui représente 20 % de l’électorat concentre entre ses mains 100 % des pouvoirs.
Ces pouvoirs, il annonce vouloir les utiliser :
– dès le début de l’été en recourant aux ordonnances et à l’article 49-3 pour une destruction totale du Code du travail, aggravant la loi El Khomri ;
– pour faire disparaître l’assurance maladie, pilier de la Sécurité sociale, conquête ouvrière de 1945 fondée sur le salaire différé. Il a même prévu de supprimer le remboursement de ce qu’il ose appeler « les soins inutiles » pour ensuite s’attaquer aux « soins utiles » ;
– pour liquider les régimes de retraite par répartition et instaurer la retraite à points.
Macron n’est que l’instrument – illégitime, répétons-le – d’une poignée de capitalistes et de banquiers, avides de frapper la classe ouvrière qui a osé déferler par millions dans tout le pays pour le retrait de la loi El Khomri.
Dans cet objectif, il a même prévu – c’est la logique de la Ve République – d’exiger des organisations syndicales qu’elles s’associent à l’élaboration et à la mise en œuvre de ces plans de destruction.
De toutes parts, on se félicite que Le Pen soit battue. Certes, mais pour les travailleurs, pour le mouvement ouvrier, deux questions sont posées : comment en est-on arrivé là ? Que faire pour empêcher le désastre annoncé ?
Comment en est-on arrivé là ?
– Cinq ans de gouvernement Hollande, cinq ans de plans de régression sociale, de destruction, de contre-réformes dictées par l’Union européenne : lois Macron, Touraine, MAPTAM, NOTRe, El Khomri, Peillon, pacte de responsabilité. Et la fermeture d’usines, d’hôpitaux, d’écoles, de bureaux de poste. Et la répression contre les syndicalistes et les jeunes.
– Dans les départements, régions et communes, tous les partis de « gauche » (y compris ceux qui ont soutenu ensuite La France insoumise) ont mis en œuvre les mêmes mesures relayant les politiques d’austérité, supprimant les postes de personnels, privatisant les services publics notamment par la mise en œuvre de l’intercommunalité forcée, aggravant les conditions d’existence de la population.
– La division : même dans ces conditions difficiles, l’unité entre Hamon (désigné comme candidat par la primaire du PS parce qu’il remettait en cause, au moins partiellement, la politique de Hollande) et Mélenchon pour une candidature unique pour l’abrogation de la loi El Khomri – première mesure visant à inverser le cours des choses – aurait totalement modifié la situation.
Mais ces deux candidats, refusant la voie de l’unité, aiguisant la division, ont choisi de faire élire Macron.
C’est la logique des institutions antidémocratiques de la Ve République
Dans la Ve République, les élections politiques ne visent pas à permettre aux électeurs de choisir entre différents programmes. L’élection décisive, c’est le plébiscite tous les cinq ans pour élire un roi sans couronne, choisir celui que l’on préfère ou plutôt celui que l’on déteste le moins.
Une fois élu, même par défaut, le président se trouve ensuite doté de tous les pouvoirs pour s’attaquer à la classe ouvrière et à la démocratie.
Voilà pourquoi l’élection au suffrage universel du président de la République doit être supprimée. Voilà pourquoi les institutions de la Ve République doivent être abrogées.
L’heure est venue d’élire une Assemblée constituante souveraine
Au soir de ce second tour, les responsables des partis institutionnels ont tous réaffirmé leur respect de ces institutions antidémocratiques et souhaité plein succès à Macron. Il y a ceux qui se portent candidats pour aider le nouveau président à mettre en œuvre sa politique, il y a ceux qui se proposent de jouer le rôle d’une opposition loyale, voire même de gagner les élections législatives pour gouverner en cohabitation avec Macron.
L’expérience a appris aux travailleurs que sous la Ve République, régime bonapartiste où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du président, l’opposition à l’Assemblée nationale est une opposition impuissante.
Sa seule fonction est de donner un vernis démocratique aux mesures anti-ouvrières et antidémocratiques prises par le président.
Appuyés sur leur expérience de la manière dont le gouvernement Hollande-Valls, à coups de 49-3 et d’ordonnances, a fait passer ses plans anti-ouvriers, les travailleurs sont en droit de dire : la défense de nos droits, la défense de notre existence, celle des jeunes, celle de nos familles, la défense de la démocratie, ne passent pas par le petit jeu faussement parlementaire de la Ve République, mais par la liquidation de la Ve République et l’élection d’une Assemblée constituante souveraine.
Car dans une telle assemblée, les délégués du peuple, élus, mandatés, révocables, contrôlables, prendront entre leurs mains tout le pouvoir pour établir des institutions qui correspondent à la démocratie. Cela parce qu’ils auront été élus non comme les courtisans d’un « sauveur suprême », mais à la proportionnelle intégrale des listes en présence sur la base de leurs programmes politiques.
Hier, aujourd’hui, demain : en toutes circonstances, le Parti ouvrier indépendant démocratique agit pour l’unité ouvrière et la démocratie.
Partisan d’un gouvernement ouvrier, il se prononce pour l’Assemblée constituante pour en finir avec l’Union européenne et la Ve République.
Partisan de l’unité des travailleurs et de leurs organisations dans la lutte de classe, hier contre l’adoption de la loi El Khomri, aujourd’hui pour son abrogation, il entend jeter toutes ses forces dans l’action politique pour aider à la réalisation du front commun le plus solide, le bloc uni des travailleurs et des organisations pour bloquer les plans meurtriers de l’illégitime « président-20% ».
Le Parti ouvrier indépendant démocratique estime qu’il est urgent de construire un authentique parti ouvrier sur des bases de classe. C’est sur ces objectifs qu’il présente des candidats aux élections législatives pour aider à la réalisation de l’unité, pour l’abrogation de la loi.
El Khomri, contre les attaques qui menacent la Sécurité sociale et le Code du travail, pour l’Assemblée constituante pour en finir avec la Ve République. C’est pour en débattre qu’il invite travailleurs, militants et jeunes à participer aux assemblées qu’il organise dans tout le pays dans les prochains jours.
Le bureau national du POID – Paris, le 7 mai 2017 – 22 h 30