Deux projets politiques face à face !

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Le bilan tragiquement éloquent de la classe politique haïtienne est de toujours proposer une politique de compromis raisonnable pour ne pas réellement sortir le pays de la crise mais juste pour assurer un certain changement dans la continuité. C’est une conscience de classe qui s’aiguise au fur et à mesure que la situation apparaît comme une pandémie sociale.

Du Secteur Démocratique et Populaire en passant par la Direction Politique de  l’Opposition (DIRPOD), jusqu’aux différents accords politiques, l’ancienne opposition contre Jovenel Moise a clairement démontré qu’elle n’avait, en fait, aucune divergence politique fondamentale avec celui-ci. C’est le même processus qui continue avec la garantie du soutien de l’impérialisme américain, le principal responsable de ce lamentable aboutissement auquel est parvenu le pays.

Tous les protagonistes du nouveau régime et ceux qui se placent en pièces de rechange, soit pour les remplacer soit pour se joindre à eux dans un quelconque consensus politique, n’ont aucune différence de fond mais de forme pour atteindre les objectifs visés. Ils sont tous des opportunistes, des défaitistes qui se laissent charmer par les sirènes de dialogues nationaux, d’accords de consensus que prêche l’impérialisme pour mieux les gérer. Voilà pourquoi, leur patron veut mordicus rallier leurs accords de transition de sorte qu’on ne les identifie plus comme deux factions, deux projets, deux frères rivaux, mais de préférence comme une unité, un ensemble, sinon, une seule force politique.

Ce qu’il faut retenir de toutes ces acrobaties de la classe politique, c’est que ce n’est pas par hasard si les discussions achoppent sur les élections au sein des accords de transition, mais n’abordent ni la question cruciale de la domination impériale du pays, ni la question de la lutte des classes. L’essentiel c’est que l’atmosphère politique dominante sera une farce tant qu’elle est contrôlée par ces mêmes acteurs au service des classes dominantes qui n’attaqueront jamais les sources de notre mal. Tout simplement, ils ne peuvent pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Cela ne signifie-t-il pas que la question de la transition n’est qu’une mystification, une pure illusion pour renforcer la classe politique moribonde contre le camp ennemi, essentiellement celui du peuple haïtien ?

En vérité, deux camps se font actuellement face sur la scène politique haïtienne : le camp des masses combatives, et celui des forces politiques pourries défendant les privilèges de la domination de l’impérialisme américain et qui n’ont aucun scrupule à collaborer et continuer à servir les forces impériales au nom d’un consensus vicié à la base même. Les partis et plateformes liés à ces structures pourries n’ont fait, durant toute leur existence, que pactiser avec l’ennemi du genre humain.

Ils lient leur sort à celui des grandes puissances, abandonnant tout esprit combatif. Ils préfèrent se jeter dans les bras d’une réalité tissée de combines et de magouilles, allant même jusqu’à miser sur une étrange démagogie appelée « transition de rupture » truffée de cynisme. Une supercherie très limitée d’ailleurs pouvant néanmoins servir de refuge et de régénération pour ceux qui, dans le passé ont pillé le pays.

Et puis, il y a le camp de la résistance. Le camp de ceux qui s’accrochent à des droits arrachés au prix de multiples sacrifices pratiquant une politique différente de ceux qui se réclament ouvertement de la défense du capitalisme. Le camp de ceux qui croient dans un idéal humain et dans l’esprit de fonder le développement sur la volonté collective, consciente et harmonisée de la classe ouvrière.

Ainsi le peuple sera à la fois sujet et objet de sa lutte pour le changement qu’il veut réaliser lui-même, par lui-même et pour lui-même. L’exemple du peuple malien révolté qui est le véritable moteur du choix politique en cours est à cet égard édifiant. Cette perspective d’appuyer la transition engagée, une vraie, menace sérieusement les intérêts vitaux de la France, des Etats-Unis et de leurs valets et alliés de la CEDEAO.

Les masques sont dorénavant tombés. Deux mondes, sinon deux projets politiques antagoniques sont face à face. L’un qui veut collaborer avec le système, dont les intérêts sont indissociables de ceux de l’impérialisme. Et un autre, populaire et dessalinien qui, catégoriquement lutte pour changer fondamentalement le sort de la population en comptant sur ses propres forces.

L’impression qui se dégage aujourd’hui est celle d’une gigantesque impasse et de confusion afin de jeter de l’eau sur les flammes révolutionnaires des déshérités du sort, de façon à tromper leur vigilance jusqu’à leur faire croire dans des illusions, des armes désuètes et des solutions cosmétiques. Il n’est pire ennemi que celui qui joue sur deux tableaux à la fois. Une transition ne peut-être de rupture tout en collaborant avec les puissances dominantes.

Nous, du journal Haïti Liberté, avons foi et conviction dans la volonté d’un changement structurel, et parions absolument sur la victoire du peuple. Nous ne rêvons pas simplement de changement, puisqu’il ne sera jamais le fruit d’un miracle. Pour nous, l’essentiel est de le préparer, de l’organiser avec les masses opprimées jusqu’à son avènement.

Le peuple haïtien qui a donné son sang pour libérer cette terre du joug esclavagiste est-il incapable de mettre un terme définitif à l’abominable domination impérialiste ?  Certainement non ! Alors, le pouvoir de s’engager sur la voie de la vraie rupture sera entre les mains de ceux qui peuvent l’imposer ; non pas celles d’une classe politique alliée réelle, objective ou tacite, qui se réclame ouvertement de la défense du capitalisme, mais celles, « magiciennes », de la classe sociale qui, aujourd’hui exploitée, peut changer elle seule la face d’Haïti dans le monde et ouvrir une perspective d’émancipation pour la majorité de la population haïtienne.

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