En effet, comme prévu, la délégation d’hommes et de femmes d’affaires conduite par l’ancien président des Etats-Unis, Bill Clinton, est arrivée dans la capitale haïtienne le jeudi 1er octobre dernier. Accueillie par les autorités, celle-ci s’est rendue à l’hôtel Karibe Convention Center dans les hauteurs de Pétion-ville où un vin d’honneur lui a été offert en la circonstance. Discours de la Première ministre Mme Michelle Pierre Louis, déclaration de l’ancien chef d’état américain, chef de la délégation, interviews, prises de positions favorables du secteur privé haïtien des affaires ont marqué cette journée dite de l’espoir.
Cependant on est unanime à reconnaitre qu’on a déjà assisté à cet élan d’optimisme dans le passé. Donc une visite touristique pour les cartes et les galeries internationales de photos. Bientôt on remarquera les photos de nos belles plages, de nos monts encore verts, de nos plaines léchées par le soleil des tropiques sur certains sites d’internet pour indiquer d’autres destinations touristiques tout autre qu’Haïti. Une approche trompeuse de persuasion pour l’augmentation des recettes touristiques au détriment des normes régissant la matière, sachant qu’il n’y a aucune autorité du pays en question ni d’instance internationale pour dénoncer la forfaiture et la réparer ensuite. D’ailleurs au bas de certaines photos de notre citadelle Laferrière sont inscrites des légendes en espagnol: “Castillo de la república dominicana”. Une preuve solide pour étayer notre assertion qui n’accuse nullement.
Pour ainsi dire, la présence de cette délégation en Haïti s’inscrit dans le cadre des visites après l’hécatombe pour voir les visages des estropiés. En 1986, après la chute du régime des léopards, nous avions assisté à ce même élan. Le péruvien Javier Perez de Cuellar, ex-secrétaire général de l’ONU, avait débarqué en Haïti comme un roi, prônant un pays nouveau. Puis, il n’en fut rien. Et on a eu les autres après chaque cataclysme politique dont William J. Clinton, le président des Etats-Unis d’alors, pour annoncer un don de plusieurs kilomètres de route, un plan de reboisement du pays et puis il n’en est rien jusqu’à date.
C’est le même Clinton dépêché par un autre secrétaire général de l’ONU Ban Ki- Moon, qui débarque aujourd’hui avec une délégation d’investisseurs dans la perspective de création d’emplois. Pourquoi ne l’avait-il pas envisagé avant, particulièrement en 1994? Lors, il y aurait 25 000 hommes de troupes pour veiller sur la sécurité de ces entrepreneurs croit-on savoir et à l’époque oú l’économie était si florissante aux Etats-Unis, n’est-ce pas? A un moment oú les Etats-Unis d’Amérique font face à l’une des crises économiques des plus aiguës de leur histoire dont les retombées frappent sévèrement toutes les couches de la société américaine et encore beaucoup plus que le crash boursier de 1929, au point qu’elles ne cessent d’exercer des pressions continues sur le nouveau président Barack Obama pour l’obtention d’emplois, nous avons du mal à croire que cette délégation est sincère et quelle chercherait effectivement un terrain pour l’investissement. Elle devrait tout compte fait, commencer par les Etats-Unis, le Brésil, l’Argentine ravagé récemment par une grave crise économique au point de changer de gouvernements comme des chemises dans l’espace de plusieurs mois, ne pense-t-on pas? Surtout quand on sait qu’on s’occupe toujours de chez soi avant de s’occuper du voisin.
Face à cette visite y a t-il de l’enthousiasme chez les chercheurs d’emplois en Haïti? Peut être lespwa fè viv, n’est-ce pas ? comme celui de René Préval. On n’est vraiment pas trop optimiste pour se faire leurrer à chaque fois. Ce n’est pas cette visite qui va apporter le changement et les milliers d’emplois qu’elle pourrait aider à créer. Et pour quand? Et oú ça? A Port-au Prince ? A Jacmel? Dans le nord? Avec quelles structures électriques? Des usines à forte capacité de distribution, existent-elles? Dans quel domaine vont elles investir? Industrie d’assemblage? Industrie hôtelière? Avec quel personnel? en tout cas nous ne sommes pas des détracteurs. Nous aurions souhaité tout simplement pour une fois que nous nous trompions et qu’Haïti soit perçue à travers un autre prisme. Mais notre cher Clinton qui nous avait aidés à sortir sous les griffes carnassières des putschistes de 1991 mettra du temps pour convaincre le peuple haïtien qui croit au père noël certes, mais pas lorsqu’il débarque en plein mois d’octobre. Autrement cette visite de la délégation ne fera qu’alimenter l’espoir des ONGistes ou Mendiants Sans Frontières (MSF).