Banaliser les vampires du capital…

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De gauche à droite : le défunt président haïtien René Préval ; Bob Johnson, fondateur et président The RLJ Companies et la dame Youri Mevs

J’ai lu un article sur Haïti de deux journalistes américains. Cet article me semble une charge à fond contre le G-9 et Babekyou, et une « normalisation » ou « banalisation » de la famille Mevs, super-riche dans un pays affamé comme chacun sait.

Entre autres, l’article affirme que Babekyou a eu du mal à se faire acclamer dans un quartier populaire. J’ai de mes yeux vu, dans deux videos datant l’une du 17, et l’autre du 24 octobre, Babekyou et ses jeunes gens armés acclamés et accompagnés par le peuple Haïtien dans les rues du Port-aux-Crimes, dans une atmosphère de fête populaire à l’haïtienne. Les seules personnes que j’ai vu se faire traiter avec tant d’enthousiasme par notre peuple sont le regretté Daniel Fignolé et Jean-Bertrand Aristide.

« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose… » conseillait Monsieur de Talleyrand. Et le ministre nazi de la propagande, le sinistre Dr. Joseph Goebbels, affirmait en substance que plus le mensonge est gros, plus il a de chances d’être cru.

La recette fait toujours fureur, semble-t-il, parmi les ripoux de tout poil…

L’article nous présente aussi une dame Youri Mevs, qui semble gérer actuellement les déprédations, pudiquement baptisées business, de cette famille maffieuse. Soit dit en passant, Youri, prénom masculin Russe, semble avoir été féminisé dans ce cas, un peu comme Yanick, prénom masculin d’origine bretonne, est pa fòs ponyèt nou attribué aux filles dans nos contrées. Personne ne s’en plaint, je n’ai donc rien à dire là-dessus. Mais je n’ai pas encore pu digérer Himmler… Affubler un enfant innocent du nom du pire des criminels nazis comme prénom devrait être classé crime contre l’humanité. Et il se trouve aussi des Rochambeau chez nous! Ignorance, ignorance, quand tu nous tiens…

Pour les mauvaises langues, je préciserai que je ne tiens nullement notre peuple responsable de son ignorance de l’Histoire. Tout au contraire, les classes dominantes et leurs laquais se sont toujours efforcées de le tenir à l’écart de l’instruction et de la culture, en lui imposant une langue de fait étrangère et en le privant de livres au moyen de prix de vente hors de ses possibilités, voire de non-réédition des ouvrages des bons écrivains nationaux.

Quoi qu’il en soit, l’article nous présente cette dame Youri comme une personne fort riche, mais fort respectable, et présentement rançonnée par Barbecue… tout en nous informant que 93% des produits importés aboutissent à une installation dont le propriétaire est… la famille Mevs, et par voie de conséquence dame Youri…

Pour n’importe quel étudiant de première année d’Economie, 93% veut dire monopole, et monopole veut dire que vous vendez au prix que vous voulez, car étant le seul vendeur sur le marché, vous avez ce que les économistes appellent une clientèle captive, car les gens ne peuvent acheter que de vous. Vous fixez donc le prix que vous voulez.

Youri Mews

Et quelle est la clientèle captive de dame Youri Mevs? Le peuple Haïtien, voyons! Vous voulez vraiment que je vous fasse un dessin?

Nous touchons maintenant à l’origine de la fortune des Mevs, dont les deux journalistes US se gardent bien de nous parler. Pas leur boulot, à ces braves gens…

La richesse indécente de cette famille maffieuse date de l’association de Fritz Mevs et de François Duvalier. Il était de notoriété publique, fin des années 1950-début des années 1960, que Papa Doc recevait chaque mois une très grosse contribution de Fritz Mevs. En échange de cette agréable, utile et constante rentrée de cash, Fritz avait tous les monopoles qui pouvaient lui faire plaisir, y compris ceux de produits de première nécessité dont le cochon de payant (notre pauvre peuple) ne peut se passer. Et cette association de malfaiteurs a perduré jusqu’au moment où j’écris.

Et bien sûr, sous la dictature dynastique, la sécurité personnelle des Mevs, et celle de leurs entreprises de pompage du sang du peuple, étaient assurées par les tout-puissants macoutes. Mainteenant, ils doivent embaucher des gardes privés! Quelle horreur! Quelle déchéance! Vivement le retour de la macoutisation totale-capitale! Trinquons, trinquons encore, au retour des jours bénis où l’on pouvait impunément faire massacrer les empêcheurs de piller en rond par le Papa-Fort-dimancheur…

Jimmy Cherisier (Babekyou)

La fortune « respectable » de dame Youri Mevs repose sur l’ignoble monopolisation de tout ce qui s’achète et se vend dans notre pays par les Mevs, les Bigio, les Handal, les Boulos, et autres pirates de la flibuste locale et internationale. Et si Barbecue les « rançonne », il ne rançonne qu’une classe de rançonneurs de père en fils et de mère en fille, ou plutôt, il leur fait payer les taxes qu’ils n’ont jamais payées, par la grâce de leur achat argent-comptant du « pouvoir ». Précisons d’ailleurs que Barbekyou et ses jeunes aux armes automatiques tenues de façon toute professionnelle ont clamé, repris par le peuple : G-9 pa nan Kidnapping! G-9 pa nan vòlè! Ce n’est pas envoyer dire. Quant au kadejak, crime absolument pendable à mon humble avis, Babekyou a maintes fois affirmé que dans les quartiers contrôlés par le G-9, ces dames pouvaient se promener en tenue d’Eve sans que rien de fâcheux ne leur arrive. Et il est le seul personnage politique influent à le dire. Il ne faudrait pas confondre cet homme raisonnable avec Lanmò 100 Jou qui ne pense que millions, ou ce sinistre ministre qui aurait fait kidnapper son rival dans une simple querelle d’amoureux…

Il faudrait appliquer à cette classe d’affameurs du peuple une justice sévère, comme avait coutume de dire Toussaint Louverture, qui n’était pas commode tous les jours, et savait montrer que sous son habituel gant de velours se cachait une main de fer. Face à une classe ou caste (elle a des caractères des deux) dont le seul dieu est le Dollar Vert, le pacifisme bêlant n’est pas de mise. Il faut s’en débarrasser. Et si d’aventure Babekyou et ses jeunes durs de durs en prennent le chemin, l’on ne peut que les en féliciter.

Post-Scriptumné

Concernant le bon article sur le grand général communiste Vo Nguyen Giap (Vol. 15 # 16, du 20 au 26 octobre 2021, p.13) les auteurs me pardonneront d’y faire quelques ajouts.

Giap avait été professeur d’Histoire. Il connaissait, non seulement l’histoire du Vietnam, mais aussi celle du monde, et particulièrement celle de la Chine, celle-ci étant le « Grand Voisin » contre lequel le Vietnam avait souvent dû se battre (d’où les traditions militaires vietnamiennes). Il connaissait Sun Tzeu (Maître Sun), le grand théoricien militaire Chinois, et avait aussi probablement lu les écrits militaires de Mao Zedong, lui-même inspiré de Sun Tzeu.

Giap avait compris le principe fondamental de la guerre du peuple (encore appelée guerrilla, guerre de partisans, guerre d’embuscades – essentiellement, la guerre du faible contre le fort) qui est que l’armée doit être dans le peuple comme le poisson dans l’eau, autrement dit que le soutien du peuple, ou de sa majorité, est essentiel à sa conduite et à son succès.

Incidemment, c’est le non-respect de ce principe cardinal qui est à l’origine de l’échec de toutes les tentatives de guerrilla haïtiennes.

D’autre part, je crois me souvenir que ce ne fut pas Giap, mais l’un de ses disciples, le général Tran van  Tra, qui dirigea les deux dernières offensives de 1972 et de 1975, qui aboutirent à la Libération du Vietnam.

J’ajouterai un point qui peut intéresser certains : la célèbre tactique d’attraper l’ennemi par la ceinture,  qui donna du fil à retordre à l’US Army, et qui consiste à se battre au plus près de l’ennemi, en lançant dès que possible le combat au corps à corps, n’est pas une innovation vietnamienne. Au cours de la bataille de Stalingrad, en 1942, la 62ème armée soviétique du général Vassili Tchouïkov avait fait pareil contre la Wehrmacht hitlérienne, ce qui ne contribua pas peu à la victoire. Dans les deux cas, il s’agissait de priver l’ennemi de l’avantage de la puissance de feu massive – et meurtrière – de l’artillerie lourde et de l’aviation, qui ne pouvaient plus intervenir, par crainte de tuer leurs propres troupes, l’ennemi étant beaucoup trop proche (30 mètres ou moins). A.C.

 

 

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