Près d’un mois après la mort du leader historique de la Révolution cubaine Fidel Castro, j’aimerais revenir sur des éléments que les médias ont souvent- volontairement- omis de signaler. Bien évidemment, de nombreux articles ont déjà été rédigés à ce sujet, aussi je ne m’attarderai pas sur la biographie de Fidel Castro, ou de son combat dans la Sierra Maestra aux côtés des révolutionnaires illustres que furent Camilo Cienfuegos, Hugo Almeida, Ernesto Guevara, ou bien Raül Castro, son frère et actuel président de la République de Cuba.
En fait il est plus important de rappeler les horreurs, les menaces, les pressions qu’à subis Cuba depuis le triomphe de la Révolution et la proclamation de son caractère socialiste par Fidel Castro. Quand la première puissance du monde tenta d’assassiner plus de 600 fois un dirigeant d’un pays, quand elle tenta d’appauvrir Cuba par le biais d’un embargo inhumain et condamné à de multiples reprises par l’ONU, quand elle tenta d’envahir une île souveraine, quand elle tenta d’infecter la population en propageant des virus sur des porcs, quand elle fut responsable d’attentats sur le sol cubain contre des hôtels ou des bateaux, comment peut-on critiquer Cuba en oubliant tout ce contexte ?
Surtout, il faut voir ce que représentent Fidel et sa solidarité, son internationalisme pour les peuples asiatiques, africains, arabes, et latino-américains. Fidel ne fut pas seulement le héros de l’indépendance cubaine. Il est celui qui redonna au peuple cubain sa souveraineté et sa dignité, mais fut, pour les peuples du Tiers-monde, un camarade de lutte, un héros de la liberté des peuples. Et il est extrêmement dur pour nous, occidentaux, de mesurer ce que représentent l’image de Cuba, et singulièrement celle de Fidel pour les autres Nations.
Qui envoya des médecins et des médicaments pour soigner et soulager les combattants algériens, sahraouis, arabes, ou asiatiques ? Qui envoya des armes et des hommes pour aider à la lutte de libération des peuples africains, notamment la Namibie, le Mozambique ou l’Angola ? Qui lutta contre le régime d’apartheid de l’Afrique du Sud, en apportant son soutien à l’ANC de Mandela, pendant que les prétendues « démocraties occidentales » soutenaient le régime raciste en qualifiant Nelson Mandela de terroriste ?
L’aide cubaine en faveur des peuples arabes
Si l’Afrique a grandement profité de la solidarité cubaine, le Moyen-Orient, et les peuples arabes ont également été assistés dans leur lutte par Cuba. Ce n’est pas un hasard si l’Algérie a décrété un deuil national de 8 jours après l’annonce de la mort d’El Comandante. Les liens unissant l’Algérie révolutionnaire et Cuba sont parmi les plus sincères qui puissent exister. Dès le début de la Révolution algérienne, Cuba a apporté son aide aux combattants du FNL, les a accueillis, soignés, entraînés.
Même tristesse, et même désarroi du côté du peuple palestinien, qui a perdu un grand ami de leur cause. Les différents partis et mouvements palestiniens y sont allés de leur hommage, le plus vibrant étant sans doute celui du Front populaire de Libération de la Palestine qui a déploré la perte d’un camarade. Depuis 1973, et la guerre du Kippour, Cuba a, en effet, coupé les relations diplomatiques avec Israël, et, en 2014, suite à l’agression israélienne et le massacre de la population de Gaza, Fidel avait qualifié cet acte « d’Holocauste ».
Au Yémen par exemple, où Cuba avait soutenu les républicains contre les partisans du roi, soutenu par l’Arabie Saoudite, en Egypte, en Syrie, en Libye où Cuba avait été un ami des leaders de l’époque que furent Nasser ou Kadhafi par exemple, en fait dans chaque pays en quête d’indépendance et de souveraineté, Cuba était présent.
L’aide médicale
Il n’y a pas qu’en armant des mouvements que Cuba a agi pour la liberté des peuples. La médecine cubaine est réputée dans le monde entier, et les Cubains peuvent être fiers d’avoir développé, sous la Révolution, une médecine gratuite accessible à tous, et performante au point d’en faire pâlir les grandes puissances mondiales.
Cuba envoie ainsi ses médecins, sur la base du volontariat, partout où le besoin l’exige. Que ce soit après le tsunami en Indonésie, après un séisme au Pakistan, une tempête à Haïti, ou contre Ebola en Afrique occidentale. Cuba est le pays qui possède le plus de médecins par habitants. A tel point que la mortalité infantile y est plus faible qu’aux Etats-Unis, et que des millions de personnes à travers le monde ont pu être soignées gratuitement grâce aux médecins cubains.
D’ailleurs, en Amérique latine, ces derniers sont souvent envoyés dans les zones les plus reculés des autres pays, là où les autres médecins refusent d’aller soigner les patients qui pourtant méritent les mêmes soins que n’importe quel autre humain.
Un grand homme qui restera dans l’Histoire
Fidel Castro était bien le dernier géant du XXème siècle, une page de l’Histoire se tourne désormais, à la fois pour le peuple cubain, mais aussi pour le reste du monde. L’hommage qu’ont rendu les pays au leader de la Révolution cubaine témoigne à lui seul de la grandeur de cet homme qui a su mener une politique indépendante et souveraine à proximité de la plus grande puissance impérialiste du monde. Le fait que les pays occidentaux aient boycotté ses funérailles témoigne, quant à lui, du peu de respect qu’ils ont envers le peuple cubain. Pour rappel, seul Alexis Tsipras et Ségolène Royal ont représenté l’Union européenne, alors que dans le même temps, les chefs d’Etats occidentaux, François Hollande en tête, s’étaient empressés d’assister aux obsèques du roi d’Arabie Saoudite.
Quelle hypocrisie, condamner Cuba et, dans le même temps, glorifier et recevoir en grandes pompes des dirigeants d’un pays où les femmes n’ont même pas le droit de conduire. Un pays qui continue à couper des têtes, ou à mettre des coups de fouets pour des motifs tout aussi rétrogrades.
Qu’importe, la Révolution cubaine, en dépit des pressions et des menaces, continuera sur le chemin de la paix, de la justice sociale et du socialisme car telle est la volonté du peuple cubain qui s’est exprimé librement à ce sujet en confirmant la politique du gouvernement révolutionnaire et en résistant aux déstabilisations américaines. Tout comme son compagnon d’armes, Che Guevara, Fidel Castro ne sera pas de ceux qui meurent, car il restera vivant dans le cœur de chaque révolutionnaire.
LGS 30 décembre 2016