Appel pour sauver les deux réserves de Biosphère d’Haïti

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Massifs de la Selle

La 28e journée internationale de la biodiversité est célébrée cette année sous le thème : « Nous faisons partie de la solution ». Le 22 mai marque l’entrée en vigueur de la Convention sur la diversité biologique (CBD) en 1993 et a été ratifiée jusqu’à présent par 196 États, dont Haïti.

 

Cette convention internationale vise à défendre la diversité biologique, l’utilisation durable des ressources naturelles et la protection des ressources génétiques. À cet effet, en Haïti, des organisations écologistes constatant le déclin total des unités d’aires protégées dans les deux réserves biosphère d’Haïti, appellent à s’engager pour préserver la biodiversité haïtienne à travers un programme dénommé : « Campagne nationale pour la restauration des écosystèmes dégradés d’Haïti », lancé depuis le mois de juin 2020 par ces écologistes.

Pour se faire une idée de l’état critique de la réserve la Selle, nous présentons un diagnostic réalisé au niveau du Parc national La Visite et de la Foret des Pins.

Massifs de la Selle

Parc national La Visite

Situé dans le massif de La Selle, le Parc national La Visite a été déclarée zone protégée le 4 avril 1983 et constitue l’un des plus importants sites naturels du pays. Il est depuis un certain temps livré à des centaines d’individus qui l’exploitent à des fins agricoles et commerciales. Sa superficie boisée diminue considérablement pour passer de 2000 ha à environ 600 ha en raison des activités humaines (brulis). En 2006, quelque 600 personnes habitaient une partie de la zone réservée. Pourtant, en 1983, l’Etat haïtien s’était engagé à déloger les 88 familles qui y vivaient. Un délai de trois ans expirant le 31 décembre 1986 leur avait été accordé pour libérer l’espace [..].

La Foret des pins

L’état actuel de la Foret des Pins

De 32 000 hectares en 1937, la Forêt est actuellement réduite à environ 14 000 ha repartis en deux unités… suite au déboisement massif et aux incendies récurrents qui se poursuivent.

La Forêt des Pins se situe à plus de 2 000 mètres d’altitude dans le massif de la Selle. Elle concentre une vaste forêt tropicale de conifères et alimente beaucoup de villes dans le pays avec sa diversité en espèces de plantes. Le déboisement de la forêt est dû aux exploitations des arbres chaque jour où soit par les besoins de la population locale et des entreprises. Le charbon de bois représente le gagne-pain des habitants de cette zone, ce qui occasionne la coupe abusive des arbres. Les habitants de la zone pratiquent la déforestation pour faire de l’agriculture, du charbon de bois et aussi des meubles pour subvenir à leurs besoins. Avec une couverture forestière de 3% du territoire, exposant le pays à l’érosion et aux catastrophes naturelles. Les habitants de Fonds Verettes et Mapou (localité de la région) souffrent déjà des conséquences de la disparition de la forêt. Durant les dernières années, les inondations et glissements de terrains augmentent dans ces zones […].

Parc national Macaya

Situé dans le Massif de La Hotte, le Parc national Macaya déclaré Réserve de la Biosphère par l’UNESCO en 2016, est d’une superficie de 2000 hectares. Sa diversité biologique est d’une importance capitale pour notre pays et pour l’humanité. Cette richesse naturelle exceptionnelle est aujourd’hui toujours très menacée par une colonisation humaine désordonnée qui peut être expliquée par des facteurs sociaux, économiques, structurels et culturels. Jusqu’à présent, les limites du Parc national Macaya ne sont pas encore définitivement établies 25 ans après le décret de 1983 créant ce Parc malgré les nombreuses demandes sociales répétées. Chaque année, selon les estimations des experts, des milliers d’espèces disparaissent dans ce Parc. Si cette tendance de dévastation se maintient, les prévisions laissent entrevoir l’amenuisement presque total des ressources naturelles, d’ici 10 ans. Malgré tout, cela est supplanté par de l’indifférence pour ne pas dire du mépris. La destruction des espèces endémiques se poursuit malgré les nombreux appels lancés depuis longtemps par des organisations écologistes et des scientifiques haïtiens et étrangers.

Étant la dernière forêt primaire d’Haïti, Macaya est un point chaud de la biodiversité mondiale abritant des espèces endémiques d’animaux et de plantes. Il est le foyer de 65 espèces d’oiseaux, 54 espèces d’amphibiens et de reptiles y vivent. C’est le plus haut taux d’endémisme de la Caraïbe. Le Parc contient plus de 367 variétés de plantes à fleurs, 99 espèces de mousses, 103 variétés de fougères, 150 espèces d’orchidées et diverses variétés de champignons. Le Parc national Macaya abrite les deux espèces de mammifères terrestres endémiques à l’Ile. Le Parc est le château d’eau des départements du Sud et de la Grand’ Anse. Les rivières des Anglais, de Port-à-Piment, de l’Acul, de Torbeck, La Ravine du Sud, les rivières de la Guinaudée, de la Voldrogue et des Roseaux y prennent leur source.

Parc national Macaya

Afin de trouver des solutions à la dégradation continue de la Forêt des Pins, du Parc national La Visite, et du Parc Macaya du massif de la Hotte, les autorités doivent mettre en place une politique environnementale et incorporer des mesures relatives aux changements climatiques, des stratégies et la planification nationale pour protéger ces forêts. Aussi, l’État doit décréter « l’état d’urgence » dans les forêts haïtiennes en vue de procéder au reboisement.

Signataires du communiqué :

L’Initiative Haïtienne pour l’Environnement et le Développement (INHED), le Mouvement d’Appui pour le Développement des Collectivités Territoriales Haïtiennes (MADECTH) le Groupe d’intervention écologique d’Haïti (ECOVERT-HAÏTI), l’Agence de Promotion pour le Développement Intégré (APRODI), l’Association Zantray pour le Développement National (AZADN), le Mouvement d’Appui à la Paysannerie (MAP).

Venesol 23 mai 2021

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