Voisinage d’ordures !

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 Le pouvoir politique haïtien et son opposition tiennent chacun un discours qui a pour seule constante de minimiser à l’infini leur importance réciproque. Dans une période de crise comme celle que traverse le pays, tout est menacé par une nette aggravation des délabrements sociaux et d’aggravations des conditions de vie des masses populaires.

  La situation reste particulièrement critique, le peuple sombrant davantage dans les bas-fonds d’une violence économique à nulle autre pareille. Réduit à la mendicité, il peut donner parfois l’impression de passivité, ce dont profitent les mercenaires et imposteurs de tous poils. 

 Un peuple qui vit de tragédie en tragédie est assurément vulnérable et sujet à des moments de désolation. Le peuple haïtien est comme devenu un peuple de survivants, car il y a toujours un accident à gérer, soit de la circulation ou d’une négligence grave, soit du mépris de la vie humaine par les autorités.  

Ainsi, le pays est transformé en une république de ghettos, de bidonvilles, de rues envahies par des ordures, des détritus et des déchets alternant avec de larges mares d’eau puante.  Les piles d’immondices nauséabondes accueillent parfois le consommateur à certains restaurants des rues.  Le peuple est réduit parfois à manger au voisinage de poubelles. Tout le monde fonctionne au voisinage de tonnes de poubelles, comme si c’était normal.  Des marchands et des passants vivent dans ce voisinage infecte tout en vendant et achetant des vêtements usagés venus de la Floride et connus sous le nom de pèpè. Rares sont ceux concernés ou bouleversés par le côté exécrable de spectacles aussi révoltants.

Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour affaiblir leur ennemi commun. Qui peut être leur ennemi commun sinon le peuple ?

Il n’existe actuellement et pratiquement aucune industrie nationale dans le pays. Le développement de l’agriculture est un préalable indispensable à l’économie pour la création d’emplois et la souveraineté alimentaire ; pourtant, notre pays est déstabilisé au profit de l’importation de nourriture : de riz venant des États-Unis grâce à la ‘‘bienveillance’’ d’un certain Bill Clinton ; un bon nombre des autres aliments provenant de la République dominicaine. Tout cela se révèle être un instrument de domination entre les mains des classes dominantes qui n’offrent aux jeunes du pays qu’une solution pour résoudre leurs problèmes : tenter d’aller trouver du travail ailleurs.

Combien de fois la population appauvrie n’a-t-elle pas protesté contre la misère dans laquelle elle survit ? Le pire c’est qu’à observer le pouvoir et les élites dirigeantes, ce monde irresponsable semble se comporter comme si le peuple ignorait qu’il est exploité, qu’il est humilié. Que non ! Il est victime, certes, mais sait revendiquer ses droits les plus élémentaires à une vie décente et saine. Et pour emprunter à Depestre : dans le secret de sa nuit corporelle, il mûrit son grisou de force révolutionnaire jusqu’à pouvoir s’en servir.

Dès lors, on peut comprendre en effet, et parfaitement bien pourquoi les dirigeants successivement ont maintenu la population dans un état d’analphabétisme, de sorte qu’elle soit plus facile à manipuler et à mobiliser justement contre son propre intérêt, jusqu’à même le pousser même à la résignation en lui faisant croire que sa vie dans un environnement d’ordures tient d’une fatalité divine. 

Ceux qui font partie de la classe dominante sont surtout préoccupés par le souci de ne pas connaitre le sort, les souffrances des masses défavorisées qui ont bu presque jusqu’à la lie la coupe de la misère et de la pauvreté, n’en pouvant plus de réclamer liberté et dignité.  Ainsi, elles se sont trouvées plutôt vouées à la cause du patron capitaliste, aux usines de sous-traitance qui n’apportent rien aux besoins vitaux de la majorité populaire, voire au pays.

Les masses haïtiennes ne doivent rien attendre de régimes inféodés au capital international car toutes leurs activités sont au détriment des intérêts nationaux.

L’opposition et le pouvoir sont deux forces minoritaires pro-impérialistes qui tiennent le pays et la majorité de la population en otage de sorte que le peuple soit comme une bande de moutons obéissants qu’ils peuvent mener là où ils l’entendent. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour affaiblir leur ennemi commun. Qui peut être leur ennemi commun sinon le peuple ?

Chacun de son côté, lors d’une simple manifestation anti-gouvernementale ou bien d’une quelconque inauguration, crie victoire, même si rien de concret n’est encore gagné. Et quant à l’avenir du pays, c’est le cadet de leurs soucis.

Qu’on ne se trompe pas sur les positions ou déclarations pseudo-nationalistes du pouvoir et de l’opposition destinées à la consommation des indécis et des naïfs pour les noyer davantage dans la confusion. Les masses haïtiennes ne doivent rien attendre de régimes inféodés au capital international car toutes leurs activités sont au détriment des intérêts nationaux.

Cela doit être très clair. Le peuple doit se libérer de cette mise sous tutelle qui le condamne à vivre dans le voisinage d’ordures, en somme les détritus eux-mêmes aussi bien que les dirigeants.

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