Israël : Honneur aux 60 lycéens qui refusent de servir dans l’armée de l’Aparthied

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Shahar Peretz (à gauche) et Daniel Peldi, deux des promoteurs de la lettre. Photo Oren Ziv.

Lueur d’espoir, en ce début d’année, avec la sortie fracassante d’une lettre ouverte de 60 lycéens juifs israéliens, qui annoncent leur refus de faire leur service obligatoire (3 ans pour les garçons, 2 ans pour les filles) dans l’armée de l’occupation.

Dénonçant l’oppression du peuple palestinien de manière plus explicite que la plupart de leurs prédécesseurs, ces nouveaux « refuzeniks » précisent qu’il n’est pas question pour eux de servir un régime « d’apartheid ».

« En refusant de servir dans l’armée, nous ne tournons pas le dos à la société israélienne. Bien au contraire, nous prenons publiquement nos responsabilités, et sommes conscients des répercussions de notre initiative. La conscription, pas moins que notre refus, est un acte politique. Il serait totalement inconséquent que pour pouvoir dénoncer la violence systématique et le racisme, il nous faille d’abord participer à ce système d’oppression que nous critiquons », écrivent-ils, à l’attention des pseudo-pacifistes qui érigent quand même le service militaire en « mission sacrée ».

La « Lettre des 60 » est la première du genre à aller au-delà de la dénonciation de l’occupation des territoires palestiniens (de Gaza et de Cisjordanie) conquis en 1967, et à se référer à l’expulsion massive des Palestiniens en 1948, relève le journal israélien en ligne +972. « On nous demande de revêtir un uniforme taché de sang. Avec la Nakba et l’occupation, la société israélienne s’est construite sur des bases pourries, et cela rejaillit dans tous les aspects de la vie : le racisme, les discours politiques de haine, la brutalité de la police, et bien d’autres choses encore ».

Ces jeunes mettent aussi l’accent sur l’articulation entre le néo-libéralisme à l’oeuvre en Israël et le militarisme : « Tandis que les citoyens des territoires palestiniens occupés sont de plus en plus pauvres, les riches deviennent encore plus riches à leurs dépens. Les ouvriers palestiniens sont systématiquement exploités, et les industries d’armements utilisent les territoires occupés comme terrain d’expérimentation pour booster leurs ventes. Le développement de l’occupation se fait également au détriment de nos propres intérêts de citoyens, quand on sait que l’argent du contribuable sert dans une large mesure aux industries dites de sécurité et au financement des colonies, au lieu d’être alloué à l’éducation et à la santé ».

Shahar Peretz (à gauche) et Daniel Peldi, deux des promoteurs de la lettre. Photo Oren Ziv.

Une partie des signataires ont prévu de se déclarer objecteurs de conscience, et de prendre ainsi quasi automatiquement le chemin de la prison militaire. Le jeune Hallel Rabin, pour sa part, a été récemment relâché, après avoir fait 56 jours de prison militaire. « Nous devons admettre que l’armée perpètre au quotidien des crimes de guerre. Ce sera sans moi, et je me dois de crier aussi fort que je le peux que l’occupation n’est jamais justifiée ; l’envie de refuser de faire mon service remonte en fait à mon enfance, j’ai commencé à y penser quand je n’avais que 8 ans ; espérons que notre lettre collective éveillera la conscience d’autres adolescents qui se posent des questions à ce sujet, mais ne savent pas comment s’y prendre », déclare Neve Shabtai, un lycéen de 16 ans en classe de 1ère.

Shahar Peretz, 18 ans, prévoit de signifier officiellement son refus l’été prochain, quand elle sera appelée sous les drapeaux. « On s’adresse aux futurs conscrits, mais aussi aux jeunes déjà incorporés, pour qu’ils réfléchissent au sens de ce qu’on leur fait faire, l’occupation militaire d’une population civile et son cortège d’invasion des maisons des habitants palestiniens et l’arrestation de leurs enfants », commente-t-elle.

Les signataires espèrent aussi que leur initiative va pouvoir quelque peu profiter du climat créé depuis plusieurs mois par les manifestations récurrentes contre Netanyahou, qui rassemblent chaque semaine, devant la résidence du chef du gouvernement, des citoyens opposants à sa politique et à ses turpitudes personnelles (Netanyahou est mis en examen dans plusieurs dossiers de corruption), mais encore majoritairement indifférents au crime commis contre la Palestine. « Il faut que nous allions vers ces jeunes qui manifestent rue Balfour (où se trouve la résidence de Netanyahou à Jérusalem, NDLR), et que nous les sensibilisions », indique ainsi Yael Amber, 19 ans, qui a été réformé pour raisons médicales.

Enfin, pour Shabtai Levy, un autre des signataires de cette « Lettre des Shministim” (le surnom donné aux élèves de 1ère et Terminales), il était essentiel de ne pas faire l’impasse sur la Nakba, un crime que le régime interdit, sinon d’évoquer, en tout cas de commémorer. « Comment parler d’un éventuel accord de paix si on ne comprend pas que la situation est la conséquence directe de ce qui s’est passé en 1948. Les conquêtes de 1967 ne sont que le prolongement de la Nakba de 1948 », conclut-il.

CAPJPO-EuroPalestine 10 janvier 2021

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