Les défilés du 18 Novembre 2020

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La manifestation du Secteur Démocratique Populaire sur la route de Delmas

Mercredi dernier 18 novembre 2020, c’était le 217ème anniversaire de la bataille de Vertières, une date célèbre marquée par la victoire de l’armée indigène sur celle des forces coloniales françaises de Napoléon Bonaparte. Le pouvoir en place et les forces de l’opposition dans un simulacre de commémoration n’ont pas été à la hauteur de cette vivante épopée historiquement politique.

En effet, depuis la veille le 17 novembre au Cap-Haitien, l’ancien sénateur du Nord, Moise Jean-Charles dirigeant du Parti Pitit Desalin et ses partisans ont manifesté dans les rues du Cap et en a profité une fois de plus pour alimenter une certaine confusion avec le drapeau noir et rouge, la couleur du parti qu’il avait hissé en novembre 2018 au mât de Vertières. 

Moise Jean-Charles adressant la foule au cours de la manif de Pitit Desalin le 18 Novembre 2020

Une grande foule a accompagné le sénateur dans les rues du Cap alors qu’il lançait des propos hostiles au pouvoir en place. Au cours de son discours, au pied du Monument de Vertières, il n’a pas manqué de frapper ses soi-disant adversaires politiques du secteur démocratique populaire en ces termes « C’est un signal contre l’international avec qui les partis traditionnels acceptent de s’unir quand il s’agit de négociations pour une prise de pouvoir… mais ils désertent quand il s’agit d’accompagner le peuple dans ses revendications, ce ne sont que des domestiques. »

Deux années avant soit en novembre 2018, Moise avait déclaré que « Jovenel Moïse doit partir pour qu’un gouvernement provisoire puisse s’installer dans le pays, pour que de vrais débats généraux soient organisés, pour que l’on puisse réorganiser l’État afin de récupérer le fonds PetroCaribe».  Son discours a légèrement changé sauf qu’il n’a pas parlé de transition ou de gouvernement provisoire.

Tout au cours de la manif, il n’a pas cessé de mentionner que le lendemain, il se rendrait devant l’ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince pour les dénoncer de leur ingérence et leur support à la politique de Jovenel Moïse dans le pays.

Le lendemain 18 Novembre, de très tôt le gouvernement a déposé une gerbe de fleurs au Mupanah au Champ de Mars. Une parade militaire a suivi sur les pelouses du Palais national  juste après le discours de circonstance de Jovenel Moise. Ce dernier une fois encore, depuis l’année 2018 n’a pas pu mettre les pieds sur le site de Vertières. 

Dans plusieurs villes de provinces Jacmel, les Cayes, Mirebalais, Saint-Marc pour ne citer que ceux-là  le peuple a manifesté contre le pouvoir en place.

La Manifestation du Secteur Démocratique Populaire

A Port-au Prince, deux groupes de l’opposition s’étaient donné rendez-vous pour occuper les rues de la capitale. Il s’agit de Pitit Desalin de Moise Jean-Charles qui depuis le 23 Octobre annonçait qu’il se rendait le 18 novembre devant l’ambassade américaine à Tabarre et le Secteur populaire démocratique et alliés qui, eux, devraient marcher jusqu’à leur destination finale, Palais national au Champ de Mars.

Malheureusement au niveau de Delmas la police a dispersé la manif du Secteur populaire Démocratique avec du gaz lacrymogène. Par contre, et de façon inattendue, celle de Pitit Desalin a pu atteindre sa destination finale sans heurts. Moise dans un discours a déclaré : « Aujourd’hui nous voulons dire au monde entier que c’est le Gouvernement américain qui nous impose des présidents, qui détruit la production nationale et cautionne l’insécurité à travers des élections frauduleuses. […] Je viens pour accorder un délai d’une semaine aux Américains, à Jovenel Moïse, au Core Group, à la Unibank, à la Sogebank.[…] Si rien n’est fait pour réduire le prix des produits de première nécessité, nous allons faire la révolution au pays et nous ne serons pas responsables des dégâts. »

Ce spectacle douloureux de deux manifs opposées de l’opposition s’est plutôt transformé en un défilé carnavalesque puisque la polémique des chefs et des partisans a été la toile de fond. Les deux secteurs se sont accusés l’un l’autre : il y avait plus de monde avec mon char, déclarait l’un et à l’autre de répondre : vous n’avez pas fait foule.

Une sorte de polémique à la mode des défilés carnavalesques de Nemours et de Sicot. C’est à ce niveau de caniveau qu’a été réduite la commémoration de Vertières à Port-au-Prince par les politiciens visant à satisfaire leurs petites ambitions personnelles. Selon certains observateurs, même la police nationale avait ses choix car elle a saboté la manif de l’un et a permis à l’autre, ironiquement, d’arriver à sa destination finale : l’ambassade américaine.

On aura tout vu.

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