Vers 7 heures du matin, le mercredi 11 septembre, à Villa Playwood, district municipal de Verón-Punta Cana, province de La Altagracia, un jeune travailleur haïtien de 25 ans, Mikelson Germain, a été jeté du toit d’un immeuble par un agent de la Direction Générale de l’Immigration (DGM). L’événement a été enregistré dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, dans laquelle l’action criminelle de l’agent de la DGM est clairement observée, alors que Mikelson avait déjà organisé son arrestation et n’offrait aucune résistance.
Dans son témoignage, Germain raconte que l’agent de la DGM, qui n’avait aucune forme d’identification, a violemment fait irruption chez lui, sans avoir d’ordonnance judiciaire autorisant la perquisition ou l’accompagnement des procureurs du Ministère Public. Le jeune travailleur, désormais incapable d’aller travailler en raison des blessures causées par l’agression de l’agent de la DGM, est alité. Un rapport médical de l’hôpital général de Verón-Punta Cana a exclu des lésions internes dans la région abdominale, mais des examens plus approfondis doivent encore être effectués.
Ce nouvel incident de brutalité policière raciste confirme que les rapports et les plaintes constants concernant de graves violations des droits de l’homme sont vrais et très préoccupants. Les preuves enregistrées sur vidéo et le témoignage de la victime nous présentent un cas de tentative d’assassinat motivé par la haine raciale dans le cadre de l’offensive de déportations massives, de raids illégaux et de l’état d’urgence virtuel imposé par le gouvernement national en violation flagrante de la Constitution et de la loi 285-04 sur les migrations. Germain a expliqué que les agents de l’immigration ont voulu l’arrêter lorsqu’ils ont réalisé qu’il avait survécu à l’attaque, au lieu de lui fournir les soins médicaux urgents dont il avait besoin, prouvant qu’il ne s’agissait pas d’un acte criminel individuel mais de la complicité de tout le groupe d’agents de l’immigration.
Des Dominicains ont également été touchés par l’opération illégale de la DGM. Tel est le cas de Julio Fernández, un jeune travailleur dominicain, dont le domicile a été perquisitionné par les agents de la DGM ce matin-là, également illégalement et arbitrairement, sans ordre judiciaire ni présence de procureurs du ministère public. « (En entrant illégalement chez moi) ils m’ont interrogé sur mes documents et m’ont demandé pourquoi je dormais encore », a expliqué Fernández lors de son témoignage sur l’intrusion subie par les agents de la DGM.
Dans une déclaration intitulée « La DGM enquête sur la chute d’un étranger poursuivi » publiée sur son site Internet, la DGM a affirmé avoir pris connaissance de la situation grâce à « la diffusion d’une vidéo dans les médias et les réseaux sociaux ». Le directeur de la DGM a déclaré qu’ils enquêteront sur les circonstances dans lesquelles les faits se sont produits à Verón. Nous refusons que la DGM enquête elle-même ; une enquête criminelle indépendante est nécessaire, car les agents suivent les directives et les ordres de cette institution, et il faut établir les responsabilités des supérieurs hiérarchiques qui planifient et ordonnent des actions illégales telles que des perquisitions et des arrestations arbitraires basées sur le profilage racial.
Le pasteur Wilson Charles, coordinateur provincial du Réseau national des droits de l’homme, a expliqué que « ce type d’actions qui portent atteinte aux droits fondamentaux des personnes de notre communauté se produisent presque quotidiennement ». La violence constante des agents de l’immigration et de la police comprend l’extorsion : « Ils (les agents de la DGM) ne nous voient pas comme des êtres humains mais comme des marchandises valant entre 15 000 et 30 000 RD$ », a déclaré le pasteur Charles dans une interview, faisant référence aux sommes exigées des victimes haïtiennes et dominicaines d’origine haïtienne pour éviter d’être détenues arbitrairement. « Imaginez qu’un agent de la DGM et de la PN puisse gagner entre 80 000 et 100 000 dollars en une seule journée dans une opération violente », a-t-il ajouté. D’autres témoins interrogés ont indiqué que les agents de la Police nationale arrêtent généralement les ouvriers du bâtiment haïtiens dans cette zone le jeudi pour les extorquer et emprisonner les personnes qui ne peuvent pas payer pendant quatre ou cinq jours.
Nous exigeons que le Bureau du Procureur général de la République (PGR) ouvre immédiatement une enquête pour identifier et traduire en justice l’agent responsable de la tentative d’assassinat du travailleur Germain, ainsi que pour établir les responsabilités dans la conception et l’exécution des pratiques illégales, violentes et corrompues des unités de la DGM et de la Police nationale opérant dans la région. Les témoignages de travailleurs haïtiens et dominicains rapportent que les violations de la vie privée, de l’intégrité et de la vie même des personnes sont récurrentes.
Comme nous le demandons depuis le début de la campagne illégale de déportations massives qui a débuté en 2021, nous renouvelons notre appel aux autorités dominicaines pour qu’elles mettent fin aux détentions arbitraires, aux raids illégaux, aux extorsions, aux vols et à la violence contre les Haïtiens, les Dominicains d’origine haïtienne et les Dominicains noirs que les agents de la DGM et de la PN persécutent et attaquent uniquement sur la base d’un profilage racial inconstitutionnel. Nous réaffirmons notre appel au respect des droits humains de notre communauté immigrée haïtienne en République dominicaine et réitérons que l’intégrité personnelle et la vie elle-même sont inviolables, et qu’aucune politique d’immigration ne peut révoquer cette inviolabilité reconnue par la Constitution elle-même, les lois dominicaines et les accords internationaux signés par l’État dominicain.
Les vies haïtiennes comptent
Les vies des Noirs comptent
Arrêtez les déportations massives
La RD antiraciste
Saint-Domingue, le 13 septembre 2024.
Mouvement Socialiste des Travailleurs de la République Dominicaine
16 septembre 2024