C’est au cours d’une conférence de presse dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du Bâtonnier Monferrier Dorval que le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Ducarmel Gabriel a annoncé qu’un certain Vilpique Dunès a été mis sous les verrous par la police haïtienne. « Nous avons recueilli des témoignages qui nous ont permis de mettre la main au collet du nommé Vilpique Dunès dans l’après-midi du jeudi 10 septembre 2020, à Delmas 75 » a-t-il fait savoir.
Dunès serait en quelque sorte le présumé auteur de cet assassinat et selon le chef du parquet près le tribunal de première instance de Port-au-Prince c’est « un pas très important vers l’aboutissement de l’enquête qui vient d’être franchi avec l’arrestation de Vilpique Dunès. Grâce aux nouveaux éléments d’information, il sera moins difficile d’identifier ceux qui ont pris part à ce crime odieux »
Le Commissaire a révélé que le soir même de l’assassinat du Bâtonnier, l’un des bras armés de Vilpique Dunès, en la personne de Alex surnommé « Black », a été abattu à Juvénat vers les huit heures du soir.
Cela signifie, selon les révélations du commissaire Ducarmel Gabriel, que le présumé auteur matériel de l’assassinat de Me Monferrier Dorval, « Black » aurait été lui aussi assassiné pour couvrir la piste. Mais qui a assassiné le présumé assassin, est-ce le présumé auteur intellectuel qu’on a vraiment arrêté ou le sous-présumé auteur ?
Cependant, d’après le journaliste Garry Pierre Paul Charles de Scoop Fm, l’assassinat du nommé Black n’a rien à voir selon des témoignages des riverains avec la mort du Bâtonnier, puisque son assassinat est survenu juste après une altercation dans un match de football où il (Black) a tiré quelqu’un au pied et plus tard les partisans de celui qu’il avait tiré au pied ont mis fin à sa vie. Deux situations totalement opposées et pourtant le gouvernement semble utiliser la mort de Black pour sans doute cacher la vraie piste.
Selon d’autres rumeurs Vilpique Dunès serait un employé du palais national, est-cela qui a forcé le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Ducarmel Gabriel à déclarer « même s’il travaillait au ciel, nous l’arrêterions. C’est zéro tolérance dans le cadre de cette enquête. »
Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique Rockfeller Vincent, lui-même s’enfile dans la même lignée en déclarant : « Le ministre de la Justice, de concert avec la DCPJ, remonte les filières. Si cela doit arriver chez nous, nous l’accepterons. S’il doit arriver à la résidence du Premier ministre et au Palais national, le peuple aura des résultats satisfaisants. Tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans l’assassinat du bâtonnier Dorval, y ap rive sou yo kanmenm. Personne ne sera épargné »
Toujours dans le cadre de cette enquête déjà cousue de fil blanc 5 policiers des Unités Départementales de Maintien de l’Ordre (UDMO), qui faisaient la garde à la maison du Bâtonnier après son assassinat ont été incarcérés au Pénitencier national sur ordre du commissaire du gouvernement, Me Ducarmel Gabriel. Suite à leur incarcération, le groupe policier identifié comme Fantôme 509 a, samedi matin, saccagé la capitale en solidarité avec leurs collègues tout en exigeant leur libération immédiate.
Faisant d’une pierre deux coups, les policiers ordonnent également la libération du policier national Jean Pascal Alexandre, qui fait partie du Bureau de lutte contre le trafic des stupéfiants (Blts), incarcéré à la prison civile de Port-au-Prince, depuis le 14 mai 2020, sous l’accusation d’ « assassinat, actes de vandalisme, de destruction de biens publics, d’atteinte à la sûreté de l’État »
Pris de panique, le Premier ministre Jouthe Joseph sur les ondes de Signal FM sollicite la paix dans la capitale et a également fait savoir qu’il vient d’ordonner la libération des 5 qui sont : Mackenson Cléus, Dodley Pierre, Markenson Prévil, Angou M. Orcel et Sénèque Jean-Louis. Selon lui « ces policiers, en aucun cas, ne sont impliqués dans l’assassinat de Me Dorval […] s’ils ont commis des fautes administratives, ils doivent répondre devant l’inspection générale, ils devront être transférés du pénitencier national à l’IGPNH pour être placés en isolement »
Suite à cette décision, Me Ducarmel Gabriel, Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince s’est vu obligé de faire marche arrière en libérant les policiers le jour même pour essayer de calmer les mouvements de protestations violentes des policiers liés au groupe Fantôme 509.
Ce faux pas des acteurs de la Justice, a permis à Renan Hédouville, directeur de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) dans un communiqué daté du 13 septembre 2020 d’exprimer « ses inquiétudes à l’endroit des actes de violence enregistrés dans la matinée du samedi du 12 Septembre 2020 qui ont non seulement provoqué de nombreux dégâts matériels dont l’incendie de plusieurs véhicules de l’Administration Publique mais aussi paralysé les activités dans plusieurs zones ».
L’Office de la Protection du Citoyen « condamne l’attitude du Commissaire du Gouvernement de Port-au-prince, Me Gabriel Ducarmel, qui, selon lui, n’a pas fait preuve de professionnalisme dans le traitement de ce dossier en n’ayant pas eu la perspicacité de transférer celui-ci au cabinet d’instruction et en décidant de décerner des mandats de dépôt à l’encontre des policiers ayant commis une faute administrative. Il en profite également pour remettre en cause le fonctionnement de la Justice tout en indexant particulièrement le titulaire du Ministère en la personne de Rockfeller Vincent.
Le Barreau de Port-au-Prince pour sa part ne voie pas d’un bon œil les réactions du Premier ministre et Protecteur du citoyen. Ainsi, dans une note « Le conseil de l’ordre proteste de façon la plus énergique contre l’intrusion du Premier Ministre, Joseph JOUTHE et du Protecteur du citoyen, Me Renan HEDOUVILLE , dans l’enquête judiciaire ouverte dans le cadre de l’assassinat de Me Dorval »
Le gouvernement parle de trois arrestations dans ce dossier, mais jusqu’à présent on en a connu que deux officiellement : Mackender Fils-Aimé et Vilpique Dunès tous deux proches du gouvernement et du parti PHTK.
En somme, le gouvernement n’est-il pas en train de chercher un bouc émissaire pour faire porter le fardeau, une façon de ne jamais permettre à la population de connaitre le vrai assassin, celui qui a commandité l’assassinat du Bâtonnier de la capitale, Monferrier Dorval.