Où commence donc la violence, si ce n’est dans le comportement absurde, aliénant et méprisant de ceux-là mêmes qui nous gouvernent !
Qui sont les véritables et redoutables responsables des atteintes quotidiennes graves et répétées dans le pays, si ce ne sont les gouvernements fantoches, les mercenaires aux ordres des puissances impérialistes, les uns plus malhonnêtes que les autres qui ne font que laisser pourrir les conditions de vie des masses indigentes au lieu de les améliorer?
C’est l’absence totale de l’Etat haïtien au sens propre du terme qui en somme a facilité, légitimé et produit tout un réseau souterrain de malfrats pour asphyxier par les moyens les plus sordides les classes populaires. C’est la misère sans aucune lueur d’espoir et toute société inégalitaire se fragmente davantage à mesure que les distances sociales s’accroissent.
Le pire, c’est que le gouvernement, à grands renforts de tapageuse publicité dans les médias bourgeois, demande aux gens de rester chez eux ou de se laver les mains régulièrement pour faire face au Coronavirus, sans prendre aucune mesure en faveur des économiquement faibles, sans aucun souci pour les mal-logés et ceux sans-abri vivant dans les rues ; où vont-ils se laver les mains ?
Pas un mot à leur endroit et il n’a jamais eu une telle mobilisation contre la misère et la pauvreté qui les tuent. Une telle campagne de mobilisation ne devrait-elle pas être entamée aussi contre le mercenariat et le banditisme qui font la loi dans les quartiers populaires ?
Voilà dans les faits, ce qu’il en est de la réalité du pays et qui explique le cycle de la violence puisque dans l’esprit des élites dirigeantes, ces personnes n’existent guère. En vérité, ce ne sont que des exilés ou des réfugiés dans leur propre pays.
Ces damnés qui de tout temps ont été d’avance condamnés à ne jamais pouvoir intégrer la classe moyenne, ces chômeurs à perpétuité qui n’ont pas les moyens de se rendre au marché voire au supermarché pour se procurer un minimum de produit de première nécessité pour leurs besoins primaires. A quoi donc s’attendre quand le désespoir est largement répandu, surtout chez les jeunes puisque le nombre de services et de programmes qui pourraient aider ceux qui en ont le plus besoin s’en trouve davantage inexistant. Et ce n’est pas sans raison, que les gangs se multiplient, les inégalités sociales se sont accrues et la violence s’est transformée en une grande entreprise.
Ce qui est d’actualité présentement dans le pays c’est le recrutement de certains enfants des rues par des bandits armés pour les organiser dans cette structure criminelle de kidnapping contre rançon. Des bandits authentiques mettent sur pied des foyers d’accueil pour former ces enfants au banditisme, de façon à détruire totalement leur espoir d’une vie normale et alimenter leur aliénation.
Le banditisme est devenu catégoriquement une affaire d’Etat ! Déjà dans les milieux misérables, des gens sont obligés de cautionner les crimes des bandits puisque ce sont eux qui remplacent l’Etat. C’est à eux que revient la tâche d’aider la population vivant dans leur entourage dans des programmes sociaux ce qui résulte que les gens ferment leurs yeux et ne se préoccupent point de ce que font ces mercenaires.
Un survivant du kidnapping a tout récemment raconté sur Youtube sa conversation avec celui qui le surveillait. Il avait demandé à sa sentinelle, comment arrivez-vous à faire un tel métier. Ce jeune lui a fait la confidence que depuis qu’il avait terminé ses études secondaires, il n’avait pu rien trouver à faire, le pays ne lui avait rien offert. Il n’a pas de choix pour l’instant et c’est contre lui si le seul travail qu’il ait pu trouver est à l’entreprise du kidnapping.
Ils sont nombreux ces jeunes filles et garçons qui ont été amplement détournés par des hors-la-loi, des drogués, des mercenaires, des policiers et même des parlementaires qui utilisent des plus vils et des plus barbares procédés pour former de jeunes robots pour institutionnaliser, les vols, les massacres, les assassinats et le kidnapping qui est devenu très rentable dans le pays.
Il se peut que cette réalité soit troublante pour certains d’accepter ce fait accompli. Rappelons que cette situation de déstabilisation a été instituée par des puissances capitalistes afin de sauvegarder leurs intérêts vitaux.
Ce même survivant a également expliqué comment lors de sa détention dans un quartier populaire de la capitale, la maison où il était séquestré est rempli de gens et d’enfants qui entrent et sortent sans aucun problème. Comme un fait normal, il n’y a rien d’étrange au fait de voir un inconnu menotté parmi eux.
Lors de sa libération, après avoir payé la rançon, il explique qu’on est sorti avec lui sous les regards de tout le monde et personne n’a montré la moindre sympathie à son égard. Tout le monde s’occupait de ses petites affaires.
Dans le secret et l’arbitraire, selon les témoignages de ce survivant, le kidnapping contre rançon est l’institution la mieux organisée du pays et qui jouit d’un soutien de plus en plus large au sein de la classe des nantis inféodée aux conditions de répression et d’exploitation des masses laborieuses.
L’état capitaliste en Haïti est la violence dans son paroxysme et l’absence de l’Etat est une autre politique voulue pour perpétuer la violence. Alors, peut-on demander à l’impérialisme de combattre ou d’abandonner ce qui est sa création et sa raison d’être, sauf à l’y contraindre par l’imagination créatrice et l’organisation révolutionnaire des forces populaires anti-impérialistes ?
Il n’y a pas à sortir de là !