ANAJHAD s’engage dans la lutte pour le relèvement moral de la personne humaine en Haïti

L’Association nationale des juristes haïtiens pour l’avancement du droit veut rappeler aux détenteurs du pouvoir politique que l’État a l’obligation d’assurer le respect des droits fondamentaux de la personne humaine.

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La société haïtienne est en train de vivre une situation de crise marquée par le non-respect de la règle de droit. Les institutions étatiques ne parviennent plus à exercer adéquatement leurs fonctions régaliennes. Les prescriptions constitutionnelles demeurent lettres mortes. Les textes de lois sont inopérants. Le système judiciaire est moribond. Nombreux sont les citoyens et les citoyennes qui ont la conviction qu’emprunter le chemin de la justice pour régler ses différends, c’est s’exposer à la moquerie des uns et des autres. De plus en plus, la population haïtienne se familiarise avec des pratiques abjectes où les principes qui caractérisent une société civilisée s’estompent.

D’aucuns se demandent s’il y a encore de l’espoir pour ce pays où le mépris de la dignité humaine devient une arme de combat. En effet, il est facile, dans le contexte actuel, de voir sur les réseaux sociaux des individus sans foi ni loi se livrer à des actes de torture des plus abominables, lesquels traduisent une certaine propension à la déshumanisation de l’homme haïtien. Nous ne pouvons plus compter les cas où des enfants, des adultes, voire des vieillards, hommes ou femmes, sont passés de la vie au trépas pour n’avoir pas pu verser une certaine somme d’argent.

Oui, il est scandaleux d’assister à ces spectacles affreux où quelques billets de dollars peuvent faire toute la différence entre se retrouver sur une pile d’immondices ou dans un endroit isolé, en pâture à des animaux, et recouvrer son droit à la vie. Il est scandaleux de voir des jeunes, appelés à assurer la relève, se livrer soit à la prostitution, soit à des activités de banditisme pour pouvoir s’assurer le pain quotidien.

Les ANAJHADISTES veulent s’inscrire dans cette catégorie d’hommes et de femmes qui savent se servir du pire pour engendrer le meilleur.

Cette réalité pathétique ne saurait laisser indifférent celui ou celle qui se dit juriste. Car ce dernier ne se reconnaît pas seulement par sa grande culture juridique. Ce n’est pas uniquement son savoir immense dans le domaine du droit qui est la marque du juriste. Par ces activités professionnelles, le juriste est bien placé pour rappeler aux détenteurs du pouvoir politique que l’État a l’obligation d’assurer le respect des droits fondamentaux de la personne humaine. Le juriste, digne de ce nom, se reconnaît par cette sensibilité sociale qui le porte à vulgariser les connaissances juridiques de telle sorte que le citoyen le plus ordinaire puisse être conscient de ses droits et de ses devoirs, et qu’il sache que vivre en société, c’est savoir défendre ses droits, mais c’est aussi savoir se conformer aux prescriptions légales.

Le lancement officiel de cette structure dénommée Association nationale des juristes haïtiens pour l’avancement du droit (ANAJHAD) s’inscrit dans cette perspective. Il s’agit ici de faire appel à l’ensemble des juristes du pays pour qu’ils usent de toutes les ressources qui sont à leur disposition en vue de promouvoir le droit. Aussi faut-il souligner à l’encre forte que l’ANAJHAD n’est pas venue grossir les rangs des organisations de défense des droits humains du pays. Sa principale mission consiste à mettre le droit à la portée de tous. Elle fera de son mieux pour contribuer à l’éducation juridique de tous les Haïtiens indistinctement.

C’est donc par ce travail d’éducation juridique que l’ANAJHAD compte participer à la lutte pour la défense de la dignité humaine en Haïti.

Convaincue que l’ignorance est la mère de tous les maux, l’ANAJHAD compte s’investir dans tous les programmes visant le relèvement moral de la personne humaine par la formation continue. Ainsi, les élèves du secondaire seront touchés par nos activités. Ceux qui sont attirés par les études juridiques pourront bénéficier de l’encadrement nécessaire en vue de réussir les concours d’entrée à l’Université. Les étudiants en droit, qui sont à la recherche d’un lieu de rencontre entre les praticiens du droit, y trouveront leur compte. Les mémorants en droit n’auront plus à se casser la tête pour pouvoir rédiger et soutenir leur mémoire de sortie. Les jeunes avocats et autres professionnels du droit trouveront désormais un endroit approprié où le débat juridique se fera régulièrement.

Sans doute dira-t-on que l’ANAJHAD se fixe des objectifs trop élevés. Nous avons certainement la conviction que nos projets sont ambitieux. Ce que nous envisageons d’accomplir pour le bien de la patrie commune est à l’antipode de ce que nous offre la réalité délétère à laquelle nous sommes confrontés au quotidien.

Mais il demeure vrai que les périodes de crise sont la plupart du temps l’occasion pour les hommes et les femmes d’envergure de sortir des sentiers battus et de susciter des changements durables. Les ANAJHADISTES veulent s’inscrire dans cette catégorie d’hommes et de femmes qui savent se servir du pire pour engendrer le meilleur. C’est ce à quoi nous aspirons. C’est ce qui nous détermine à agir. Venez donc nous rejoindre dans ce combat pour le relèvement national par la promotion du droit.

Me Marc-Sony CHARLES
Avocat au Barreau de Port-au-Prince
Docteur en Théologie
Maître en Science Politique et Relations Internationales
Professeur à l’Université

Directeur de JURIS-DICTIO CABINET D’AVOCATS
Président de l’ANAJHAD

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