A la recherche d’une réconciliation Nationale

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Les jours du régime corrompu de Jovenel Moise et de ses alliés et complices de la classe dominante  pourraient être vraiment comptés avec la flambée de manifestation populaire si, et seulement si, la trahison de la clique opportuniste de la petite bourgeoisie de la dite opposition dans sa politique hypocrite et erronée n’avait pas eu lieu.

L’épisode politique qui se déroule dans le pays au niveau des dirigeants de l’opposition démocratique et le pouvoir en place n’a rien, en effet, de causes profondes sinon une simple querelle de clans. S’il y a certains désaccords, ils ne sont point fondamentaux sauf des manœuvres pour le partage du gâteau, sinon l’habileté de l’un à montrer sa capacité  à mieux servir que l’autre le patron impérial de façon à en acquérir la bénédiction.

Le pouvoir de Jovenel Moise-Céant et l’opposition démocratique que représentent Kelly C. Bastien et Moise Jean-Charles sont des frères siamois idéologiques qui se prétendent ennemis. Leurs similitudes ne manquent pas. A la vérité,  leurs approches pourraient paraitre différentes mais, en réalité, leurs objectifs restent identiques. Tous deux se sont distingués par une mégalomanie déchainée et aussi par une démagogie sans mesure pour le pouvoir. Voilà pourquoi ils sont tous deux à la recherche d’une entente nationale avec la bourgeoisie face à leur ennemi commun : les masses défavorisées.

S’il y a certains désaccords, ils ne sont point fondamentaux sauf des manœuvres pour le partage du gâteau.

L’appel des deux camps soit à la conférence nationale ou au dialogue national traduit tout bonnement leur volonté de s’entendre sur le dos du peuple. La conférence ou le dialogue national ne serait jamais un débat idéologique pour étudier les diverses voies ouvertes à la libération authentique du peuple haïtien en mettant l’accent sur le rejet de toute forme d’exploitation et d’oppression et sur la nécessaire et active participation des masses populaires à la réalisation d’une politique d’indépendance nationale et de transformation des rapports économiques.

Loin de là !

En ce sens, les masses opprimées doivent connaitre à qui elles ont affaire. Elles ne doivent pas se laisser abuser par le pseudo-leadership et l’opportunisme cynique d’une classe politique qui a fait faillite en conduisant le pays au chaos, livré nos ressources au pillage par les puissances impérialistes et qui catégoriquement refuse de laisser les masses populaires prendre en main leur destinée.

Quoiqu’il en soit, pour le moment deux remarques peuvent d’ores et déjà être faites sur les complicités dont le pouvoir et l’opposition pourraient bénéficier dans leur campagne systématique pour une réconciliation nationale, «largement large» (duvaliéristes inclus) qui n’est autre que de transformer la réalité au service de l’idéologie bourgeoise dominante et au profit des réactionnaires occidentaux qui continuent à accaparer et à se partager les richesses des peuples et à humilier la classe ouvrière.

A ce stade, le peuple doit prendre conscience de sa force et ne pas laisser des fossoyeurs qui ne défendent que leurs propres intérêts garder la lutte dans l’étau de la domination impériale. L’épicentre du changement dans le pays doit être la lutte des classes sociales et contre le système capitaliste, non pas une quelconque alliance ou collaboration de classe pour perpétuer l’exploitation de classe en cours.

La conférence ou le dialogue national n’est autre qu’un coup de force contre l’idéal et les aspirations de classe des masses ouvrières. Si l’opposition et le pouvoir parlent le même langage, c’est du fait qu’ils s’allaitent à la même mamelle impériale. Et, c’est là que le bât blesse, ils veulent continuer à  détourner les artisans du mouvement des  6, 7 et 8 juillet derniers de leurs convictions et prise de conscience politique aiguë, et à agir comme si le peuple haïtien n’existait pas. Comme si le peuple, c’étaient eux !

Peuple haïtien, rappelez-vous qu’ils avaient tous, à l’unisson, critiqué à dessein la révolte populaire du mois de Juillet dernier pour être seulement des moments de violence iconoclaste. Pourtant le fossé qui se creuse davantage entre les travailleurs demandant un meilleur salaire et les patrons exploiteurs ne les concerne ni ne les préoccupe guère.

Les masses populaires ne doivent pas s’engager dans des voies sans issue car elles ne sortiront jamais de cette impasse. Quant aux tentatives de cette bourgeoisie de nous convaincre à la réconciliation nationale, nous devons savoir qu’il ne peut y avoir de dialogue ni de conférence nationale entre le bourreau et sa victime, entre l’exploiteur et l’exploité.

Cela revient à dire: il nous faut rejeter tout sentimentalisme pour faire nôtre des principes politiques conséquents de façon à construire l’unité  nationale au sein des masses populaires en lutte pour le changement et contre la domination coloniale ou néocoloniale des puissances tutrices !

L’avant-garde intellectuelle, ouvrière, syndicale, étudiante conséquente, doit distiller la notion que la matérialisation de cette perspective est difficile mais non impossible, que le parcours de la lutte pour une vraie unité nationale sera long, semé d’embûches, mais qu’au bout de sacrifices consentis,  ce sont les «mains magiciennes du peuple» qui assureront la victoire.

Non à la réconciliation nationale ! Vive la lutte du peuple haïtien !

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