Michèle J. Sison : ambassadeur ou commandeur ?

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Michèle J. Sison, l'ambassadeur des États-Unis en Haïti est présente à toutes les sauces, dans toutes les sphères, qu’elles soient culturelles, sociales ou même dans la formation de certaines organisations de droits humains sans compter les partis et organisations politiques.

Je ne me rappelle plus à qui on n’avait posé cette question : Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de coup d’état aux États-Unis?  Et l’interlocuteur de répondre tout bonnement : du fait qu’il n’existe pas une ambassade américaine à Washington. Cette anecdote est très significative en ce sens  qu’elle explique  le rôle que jouent les ambassadeurs américains dans les pays sous domination des puissances impérialistes, particulièrement Haïti un pays non seulement exploité, mais par-dessus le marché occupé par les américains sous couverture des Nations-Unies.En effet, tous les ambassadeurs américains accrédités en Haïti n’ont qu’un seul discours de référence: les Etats-Unis d’Amérique veulent marcher main dans la main avec Haïti, et veulent l’aider à marcher vers la voie du progrès. Michèle J. Sison, le nouvel ambassadeur des États-Unis en Haïti n’est sûrement pas l’exception à la règle. Nous allons le voir tout de suite.

Cérémonie de présentation des lettres de créance de Michèle J. Sison à son subalterne le président Jovenel Moise

Comment comprendre cette marche vers le progrès dont se réclament les Etats-Unis pour le  pays quand au lieu de progresser, nous ne faisons que régresser davantage. Et sous le diktat du pays de la Doctrine de Monroe, Haïti est devenue la risée des Caraïbes. L’actuel président des Etats-Unis, en Janvier 2018 dernier, avait même eu l’outrageante impertinence de traiter Haïti de « pays de merde»; alors que rien ne se fait en Haïti sans la présence de l’USAID, la main financière de l’ambassade des Etats-Unis, et au bout du compte alors celle responsable de la merde.

En réalité, le vrai gouvernement en Haïti, celui qui opère réellement n’est autre que l’ambassadeur américain représenté aujourd’hui par Madame J. Sison. Les Jovenel Moise, Jean-Henry Céant et autres ne sont que des autorités symboliques pour des cérémonies de façade, pour donner le change que nous sommes toujours un pays libre et souverain. C’est archifaux ! D’ailleurs aucun citoyen ou citoyenne haïtien ne peut avoir le titre honorifique de président ou Premier ministre sans leur aval. Qui pis est, ces autorités ont été même choisies par eux bien avant les soi-disant élections à l’exception de celles de 1990 et de 2001 et qui d’ailleurs se sont soldées par deux coups d’état, respectivement le 30 septembre 1991 et le 29 février 2004.

L’ambassadeur des Etats-Unis visitant l’Ecole Nationale Rémy Zamor

Pour illustrer cette tutelle gérée par l’actuelle ambassadrice des États-Unis d’Amérique en Haïti, Michèle J. Sison, les exemples flagrants qui suivent illustrent le propos. Lors de la cérémonie de présentation de ses lettres de créance à son subalterne le président Jovenel Moise, elle répéta le refrain magique: «Haïti est d’un intérêt fondamental pour les États-Unis et l’Hémisphère Occidental tout entier. Les États-Unis ont énormément de respect pour le peuple haïtien, et nous sommes fiers de notre partenariat avec Haïti ».

On sait le rôle de la politique américaine dans les affaires du pays où elle est présente à toutes les sauces, dans toutes les sphères, qu’elles soient culturelles, sociales ou même dans la formation de certaines organisations de droits humains sans compter les partis et organisations politiques.

L’ambassadeur des Etats-Unis à Ouanaminthe, dans le département du Nord-est

Le mardi 13 mars 2018, quelques semaines après la présentation de ses lettres de créance Michèle J. Sison s’était rendue dans le département du Nord. Elle venait pour évaluer des projets financés par les États-Unis grâce aux supports via l’Agence américaine pour le développement international (USAID) dans la métropole du Nord en matière économique, judiciaire, agricole et du même coup pour présenter son agenda en matière de coopération entre les deux États. Elle en a profité pour annoncer, parmi les réalisations des Etats-Unis, la création du parc industriel de Caracol qui génère plus de 13 000 emplois sans oublier de souligner que « Les États-Unis ont beaucoup de respect pour le peuple haïtien. Ils s’engagent à travailler de concert avec le gouvernement haïtien pour soutenir les aspirations du peuple haïtien ». Or, c’est tout le contraire qui se fait!

Des membres de l’Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH) posant avec l’ambassadeur américain Michèle J. Sison

Même son de cloche au cours de son passage le mois suivant dans le Département du Sud où elle met l’accent sur  le partenariat entre les Etats-Unis et Haïti pour renforcer les institutions gouvernementales, accroître les opportunités économiques, améliorer la santé et l’éducation et promouvoir la sécurité et la stabilité. Elle a visité l’Ecole Nationale Rémy Zamor et distribué des livres aux étudiants et aux enseignants grâce à un partenariat entre l’USAID et l’UNICEF. Aux Coteaux, elle a visité un micro-réseau d’énergie solaire soutenu par l’USAID et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, et en a profité pour souligner l’engagement du Gouvernement Américain à aider le Gouvernement Haïtien à élargir l’accès à l’électricité.

Elle a visité la base de la Garde Côtière Nationale d’Haïti,  soulignant la coopération active entre le Département d’État, et la Garde côtière des États-Unis et la Force Conjointe Maritime Haïtienne de la PN pour renforcer la sécurité maritime et lutter contre le trafic de stupéfiants en mer. Sa visite a pris fin au bureau des Cayes de la Direction Générale des Impôts, où l’USAID a appuyé le Gouvernement haïtien en fournissant des technologies améliorées en vue d’augmenter les recettes fiscales qui peuvent être utilisées pour mieux servir le peuple haïtien.

Madame J. Sison et les forces de Polifront

Les 13 et 14 août,  l’ambassadeur des Etats-Unis  s’était rendue à Ouanaminthe, dans le département du Nord-est d’Haïti, dans le cadre du projet de soutien au Service des Douanes supporté par l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID). Pour ce, les États-Unis ont  alloué un montant de 4 millions de dollars pour l’implémentation d’une initiative triennale visant la modernisation des  procédures douanières haïtiennes en matière de perception des recettes, de contrôle des voyageurs et d’interdiction de la  contrebande. L’ambassadeur a également rencontré des représentants de la Croix-Rouge Haïtienne, de la société civile, et de l’Institut du Bien-Être Social et de Recherches (IBESR) à la frontière de Ounaminthe pour parler des sujets de traite, de protection des enfants, et de migration. Elle n’a pas manqué de visiter la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI) où des travailleurs haïtiens dans le cadre de la législation HOPE et HELP des Etats-Unis fabriquent des vêtements uniquement pour le marché américain.

l’ambassadrice américaine elle-même organise même des conférences-débat sur l’avenir du pays comme celle ayant pour thème: «Quelle démocratie pour Haïti ?»

Vendredi  dernier,  l’Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH) avait organisé, une conférence-débat autour du thème : « Vers une modernisation de la justice pénale haïtienne » en présence entres autres du ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Jean Roudy Aly,  président de la Cour supérieure du pouvoir judiciaire, Me Jules Cantave, du  président de la commission Justice, Sécurité et Défense nationale du Sénat, Jean Renel Senatus et  des magistrats venus des 18 juridictions du pays ont été présents.  Cependant, c’est l’ambassadrice américaine Michèle J. Sison qui a donné le ton et qui fut la vedette en renouvelant l’engagement de son pays dans la lutte contre la détention préventive prolongée en Haïti. Dans son exposé, elle raconte que : « le gouvernement des États-Unis s’est associé à la Commission de réforme pénale et plus tard à la Commission de justice et de sécurité du Sénat pour organiser des ateliers et des consultations publiques à travers tout le pays afin de collecter des commentaires exhaustifs de la part des Haïtiens, y compris des représentants de la société civile. Nous sommes heureux d’avoir également collaboré avec le Barreau de Port-au-Prince, le Chapitre Haïtien de l’Association Internationale des Femmes Juges et l’Association professionnelle des Juges pour fournir des commentaires techniques à la commission présidée par le Sénateur Senatus concernant les projets de loi portant sur les nouveaux codes pénal et de procédure pénale »                                

Mais, diable, qu’est-elle est venue chercher à un tel rendez-vous qui ne concernait que des autorités haïtiennes, jusqu’à déclarer sur ce dossier que son pays est :« en faveur d’un État de droit fort et d’un système de justice équitable, transparent et responsable en Haïti. C’est l’unique moyen pour que les justiciables puissent faire confiance aux acteurs de la chaine pénale ». Pour ajouter ensuite  « C’est une préoccupation pour les États-Unis  que le Gouvernement américain continue avec son programme d’assistance technique et de don de matériels en faveur du système judiciaire haïtien »                                               

Des membres de la fondation Viviane Gauthier, et le Ministre de la Culture et de la Communication, M. Jean Michel Lapin posant avec l’ambassadeur américain Michèle J. Sison

Dans la même veine, le mercredi 26 septembre 2018, elle a  remis une enveloppe de deux cents mille dollars US à la fondation Viviane Gauthier. Selon l’ambassadrice : cette nouvelle subvention est un haut investissement dans la préservation du passé d’Haïti et dans l’avenir de sa vie culturelle. Haïti a beaucoup de potentialité pour devenir une destination touristique de premier plan, a-t-elle dit ;  la conservation des anciens immeubles, style gingerbread, peut non seulement aider à la préservation du « patrimoine unique du pays » mais surtout créer plus d’opportunités touristiques qui contribueront à la croissance économique.

Cette cérémonie a eu lieu en présence du Ministre de la Culture et de la Communication, M. Jean Michel Lapin, qui était accompagné de son Directeur Général M. Yves Penel. « Cette subvention, issue du “Fonds des Ambassadeurs pour la Préservation Culturelle” doit servir à la rénovation et à la restauration de la Maison de Viviane Gauthier sise à la rue M. Maison qui a vu naître plusieurs générations de danseuses et danseurs qui ont  “brillé de mille feux” » a scandé  avec un air de fierté le Ministre Lapin et en remerciant les partenaires de cette initiative (Ambassade des Etats Unis, Fokal, Fondation Vivianne Gauthier) pour l’avoir associé à ce projet. En fait quel est le rôle de ce ministère, qui n’a fait que remercier particulièrement la contribution de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique – via sa section culturelle – dans l’implémentation de ce projet ?

Alors que Jovenel Moise s’occupe de sa caravane de changement pour amuser certains et bafouer les autres sur fond de corruption, l’ambassadrice américaine elle-même justement s’adonne à faire du social. Elle est présente partout et organise même des conférences-débat sur l’avenir du pays comme celle ayant pour thème: « Quelle démocratie pour Haïti ?»,  qui s’était déroulée le mercredi 25 septembre 2018 à l’hôtel Karibe, sous la houlette de la section politique de l’ambassade américaine.

Sison passant ses ordres au Dr Marie Gréta Roy Clément, ministre de la Santé publique et de la Population.

Outre des parlementaires,  faisaient partie du panel également Mirlande Manigat, Frantz Duval du quotidien le Nouvelliste, l’ancien Directeur Général de la PNH Mario Andrésol et de la fondatrice de COFE-Haïti Nathalie Mondésir. Tout ce beau monde pour uniquement accompagner la vraie personnalité politique : madame l’ambassadeur américain en Haïti, Michèle J. Sison.

A cette occasion, l’ambassadeur dans une présentation fleuve que nous pouvons même qualifier d’un projet politico-économique pour Haïti déclara tout de go : « L’USAID et l’Ambassade collaborent avec le gouvernement haïtien et la société civile pour lutter contre le fléau de la traite des personnes et promouvoir le rôle des femmes. Nous travaillons aussi avec la société civile pour défendre les droits des personnes handicapées. L’USAID soutient les travaux visant à mieux mobiliser les ressources nationales générées par les autorités douanières et fiscales haïtiennes afin que l’État puisse mieux servir tous ses citoyens. L’appui de l’USAID à la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES) soutien IFES dans son travail avec le CEP et la société civile pour assurer la gestion transparente des élections et accroître la participation civique (notamment en encourageant davantage de femmes à participer aux programmes ciblés). Nous soutenons également les groupes qui travaillent pour garantir que les droits des personnes LGBTI soient respectés et que tous les citoyens puissent vivre dans la dignité, sans discrimination ni persécution. Parallèlement, nos programmes INL soutiennent le développement de la police et ont organisé une formation à la police, aux procureurs et aux juges, ainsi qu’aux acteurs du secteur judiciaire formés sur des sujets tels que l’éthique, la corruption et la violence basée sur le genre. En octobre, INL enverra deux juges haïtiens à l’Institut d’études judiciaires de Porto Rico pour poursuivre ces activités. »                                                                

C’est l’ambassade américaine qui détermine la gouvernance démocratique en Haïti à la place du gouvernement croupion Moise-Céant comme l’exprime d’ailleurs l’ambassadeur elle-même « …nous tous à l’Ambassade des États-Unis, nous sommes engagés à soutenir une approche dirigée par les Haïtiens, en travaillant avec vous tous pour soutenir la gouvernance démocratique et la transparence. Votre présence ici ce soir montre clairement que vous êtes tous d’accord avec nous sur l’importance de la société civile et l’importance de la démocratie inclusive.              

Michèle J. Sison

Nous croyons sincèrement que notre rôle est de soutenir chaque pays dans son cheminement unique vers l’autonomie, donc nous espérons faire, c’est de collaborer avec vous et d’appuyer celui d’Haïti dans tous les domaines clé comme la santé, la sécurité alimentaire, l’éducation, tout en soutenant la transparence et la gouvernance démocratique. Nous voulons travailler avec vous tous, mais surtout avec la prochaine génération de jeunes, pour bâtir l’avenir brillant d’Haïti.                                 

Et nous avons un intérêt particulier dans les partenariats avec les femmes, car on a constaté a travers le monde entier que lorsque les femmes participent activement à la société civile et à la vie politique, les gouvernements sont plus ouverts, démocratiques et sensibles envers les citoyens. L’USAID a travaillé à travers ses programmes de gouvernance pour soutenir l’Association des femmes maires et encourager les femmes à se porter candidates. »       

Aujourd’hui l’ambassade ne concocte plus de coup d’Etat en Haïti puisque sans doute,  le régime en place est le leur. En fait, le vrai rôle de cet ambassadeur est de manifester ouvertement la dépendance néocoloniale du pays de Dessalines. Sison n’est pas la dirigeante du pays sur des papiers officiels mais dans la réalité et dans le cadre de la domination impérialiste, elle ne donne pas simplement, elle ordonne !

 

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