Tout le peuple est concerné, mobilisé même sur la situation qui se développe au niveau de la frontière haïtiano-dominicaine suite à la construction d’un Canal sur la rivière Massacre. Cette situation ouvre sur un dossier presqu’indispensable, il en va pour la survie des paysans de la région. Le but est d’achever la construction de ce premier Canal du côté haïtien de façon à irriguer des terres cultivables de la plaine Maribaroux dans le Nord-Est.
L’effort, le dévouement des patriotes en chantier ainsi que la solidarité tous azimuts sont reconnus par tous. Et chacun fait sienne la décision de la classe ouvrière et prend à cœur l’appel au travail volontaire qui est déjà un grand succès de coumbite national, en dépit du silence du Premier ministre Ariel Henry, puis sa position à l’ONU, dont un discours formulé sans doute suite à la pression et à la détermination de la population est en pleine contradiction avec les actions et déclarations de certains ministres de son gouvernement, en l’occurrence celui de l’Agriculture et des Ressources Rurales, Brédit Charlot, et celui de l’Environnement, James Cadet. Il y a toute une panoplie de points d’ombre qui doit être éclaircie au plus vite que possible, suite aux dénonciations faites par le Directeur de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP), Jeantel Joseph et de l’ancien Consul d’Haïti en République dominicaine Edwin Paraison.
En effet, est-ce un cap qui a été franchi quand le Premier ministre a déclaré à la Tribune des Nations Unies « Haïti réaffirme son droit souverain du peuple haïtien d’utiliser les ressources hydrides binationales, comme le fait la République dominicaine et revendique une répartition équitable des eaux de cette rivière. Le peuple haïtien choisit la voie du dialogue et de la négociation pour régler pacifiquement le différend, dans le respect des instruments juridiques internationaux déjà signés de bonne foi entre les deux Etats, en 1929 et 2021 ».
l’Etat n’est en charge de rien, il ne se soucie guère de ses responsabilités, évolue sans aucune ambition de développement et de progrès pour le pays.
Certes, cette déclaration parait conforme aux intérêts des paysans et des agriculteurs, mais est-elle vraiment la position officielle du gouvernement haïtien ? N’y a-t-il pas mensonge quelque part ? Pour se racheter devant le peuple, Ariel Henry au service des capitalistes, peut à tout moment dire n’importe quoi, pour ne pas soulever contre lui la population. Mais dans la réalité, jusqu’à présent, il ne s’agit que de mots, des mots sans réels fondements, puisque Ariel Henry n’a pas encore emprunté les voies qui permettraient de vérifier la bonne foi du régime pour renforcer les aspirations populaires.
La vraie question qu’on peut se poser est celle-ci : le gouvernement va-t-il accompagner la population dans l’ouvrage en cours ? On n’a pas encore vu la participation agissante du régime. Ce qu’a dit Ariel Henry à l’ONU, est-ce pour la galerie, la consommation internationale ou au contraire pour amadouer la population ? Pour nous, ce ne sont que des manœuvres dilatoires d’ailleurs, c’est ce qui justifie son tâtonnement pour ne pas être considéré comme le complice de Luis Abinader, le Président dominicain. Tout autant où le pouvoir n’est pas sur le chantier au bord de la rivière Massacre assurant le bon déroulement de la construction du Canal afin d’éviter toute anarchie et surtout aucun drame pour que l’opération aille jusqu’au bout, le doute persistera.
On est en droit de se douter de ce gouvernement, puisque le Premier ministre de facto Ariel Henry a toujours eu et entretenu un langage teinté de démagogie et de mensonge. La volonté politique n’y est pas vraiment pour encadrer les paysans. En fait, l’Etat n’est en charge de rien, il ne se soucie guère de ses responsabilités, évolue sans aucune ambition de développement et de progrès pour le pays.
Si ce n’était la contribution volontaire des membres du BSAP du Grand-Nord, les paysans auraient été délaissés sur la frontière sans aucune défense face aux Forces armées de Luis Abinader.
Les travailleurs ne doivent pas se laisser duper. Rien n’est jamais sûr avec ce gouvernement, puisque, selon le Premier ministre, les travaux actuels du Canal ne sont pas un projet de l’Etat haïtien. Tout est ambigu et relève d’une débandade classique, des manœuvres de coulisse du gouvernement qui a d’autres intérêts particuliers à sauvegarder différents de ceux du peuple.
En somme, il n’y a rien à attendre de l’équipe d’Ariel Henry tant qu’elle ne soit vraiment impliquée, puisqu’elle agit en toute complicité, sinon commandée ou influencée par les puissances occidentales. Ariel Henry et sa clique politique se contentent d’appliquer à la lettre les diktats des américains qui ne riment pas avec la réalité sociale haïtienne. Ce gouvernement qui dénonce la classe dirigeante dominicaine est celui-là même qui continue à favoriser la politique de dépendance économique d’Haïti à la République dominicaine.
Pour le moment, en tout cas, le seul souci du Premier ministre et de sa clientèle est de s’accrocher au pouvoir, sans épouser la cause du peuple. La preuve, depuis le début de la crise jusqu’à nos jours, ils n’ont jamais lancé aucun mot d’encouragement au peuple pour lui demander de persévérer dans son combat. Le mouvement patriotique d’unité et de solidarité populaire sur la frontière à Ouanaminthe ne leur fait ni chaud, ni froid.
Le pays doit connaitre une nouvelle ère avec de nouveaux dirigeants capables de le hisser au rang des Etats modernes. La lutte haïtienne pour un changement fondamental deviendra réalité le jour où s’imposera la loi de la classe ouvrière, cette immense force majoritaire composée des travailleurs, des valeureux paysans et de la jeunesse afin de mettre l’homme haïtien et la femme haïtienne à la place qu’il faut, sans aucune place à l’ambigüité.
Le bon sens populaire rejoindra les enseignements de l’histoire de sorte que l’émancipation des masses populaires sera l’œuvre des masses elles-mêmes renforçant ainsi les travailleurs qui luttent pour leur droit à une vie meilleure et à l’autodétermination. Le régime tente de pêcher en eau trouble au lieu de se placer de toute évidence aux côtés du peuple haïtien en lutte pour un lendemain meilleur.