Le 10 février au matin, alors qu’ils arrivaient sur leur lieu de travail à bord d’un bus à Cap Cana, dans la Province de La Altagracia, des dizaines d’ouvriers haïtiens du bâtiment ont été agressés par des agents de la Direction générale des migrations (DGM), qui ont suivi à la porte 17. Lorsque le bus s’est arrêté, certains travailleurs ont été détenus arbitrairement, tandis que d’autres ont tenté d’échapper à leurs poursuivants. Les agents répressifs ont tiré sur les ouvriers, qui ont jeté des pierres pour se défendre.
Selon les plaintes des militants des droits de l’homme de la zone Est, la DGM mène constamment des rafles sans mandat contre les travailleurs haïtiens dans ce pôle de développement touristique et immobilier, construit presque entièrement par la main-d’œuvre immigrée.
Le 9 février, les agents ont attaqué la communauté de Los Cuatro Caminos à El Seibo, procédant à des perquisitions arbitraires, des cambriolages et des arrestations. Il est dénoncé que dans cette affaire l’entreprise de construction devait des salaires aux ouvriers depuis décembre et pourrait être complice des agissements de la DGM, pour se soustraire au paiement. Une alliance entre hommes d’affaires et autorités de l’immigration qui est dénoncée depuis de nombreuses années, tant dans la construction que dans d’autres industries.
De nombreuses vidéos montrent l’usage disproportionné des armes à feu par les répresseurs. Il a été rapporté que l’ouvrier tué s’appelait Jean Modes Fontas, 37 ans, tandis que l’ouvrier Stanjunior Saurin, 36 ans, a reçu une balle dans le bras. Des versions non encore confirmées laissent entendre qu’il y aurait deux ouvriers tués. Des renforts de police de Verón, Higüey et d’autres villes auraient été déployés pour écraser la manifestation. Les médias nationaux ont diffusé de fausses nouvelles pour inciter à la haine raciale, parlant d’un prétendu “soulèvement” de “deux mille Haïtiens”, essayant ainsi de légitimer la répression brutale du gouvernement.
La DGM a annoncé l’expulsion de 71 travailleurs et la criminalisation de sept travailleurs pour troubles présumés à l’ordre et violations de la loi sur les migrations. Le Parquet général ne devrait pas autoriser l’expulsion des personnes qui ont été victimes et témoins d’une action criminelle de la DGM qui a fait au moins un mort et plusieurs blessés. Nous exigeons la libération des travailleurs détenus et dénonçons que les expulsions sont une tentative d’entraver l’enquête sur la répression pour garantir l’impunité. Nous exigeons de fournir des garanties judiciaires et une protection à tous les travailleurs afin qu’ils puissent témoigner dans un procès judiciaire contre les agents meurtriers.
Nous rappelons que l’État dominicain a déjà été condamné par la Cour interaméricaine des droits de l’homme pour le massacre de Guayubín, perpétré par les militaires en 2000, lorsqu’ils ont poursuivi et tiré sur un camion qui transportait des Haïtiens, tuant sept personnes. Par la suite, les coupables du crime ont été protégés par les autorités. La répression à Cap Cana rappelle également la récente attaque contre des ouvriers du bâtiment à Ciudad Juan Bosch en mai 2022, lorsque dix ouvriers ont été blessés, dont plusieurs abattus, par des policiers et des agents de l’immigration.
Le gouvernement Abinader se vante d’avoir procédé à des déportations massives qui ont touché plus de 154 000 personnes en 2022, presque tous des Haïtiens. Pour mener à bien cette politique, le gouvernement viole systématiquement les lois dominicaines elles-mêmes. Les arrestations arbitraires, les vols, les extorsions, l’enfermement dans des centres surpeuplés et insalubres, l’expulsion des nourrissons séparés de leurs familles et des femmes enceintes, font partie du quotidien des immigrants haïtiens et dominicains d’origine haïtienne, en conséquence de cette politique gouvernementale. Les actions criminelles des mafias de la traite des êtres humains liées à la police, à l’armée et à la DGM se multiplient également.
Nous exigeons que le gouvernement Abinader cesse ces attaques brutales contre les droits et la dignité des immigrants haïtiens et des Dominicains d’origine haïtienne et mette fin à sa campagne raciste de déportations massives. Nous exigeons également que vous respectiez la liberté syndicale et que vous autorisiez les travailleurs immigrés à organiser des syndicats.
Nous devons nous mobiliser contre ces crimes d’État qui témoignent de la consolidation d’un régime d’apartheid qui opprime et discrimine systématiquement sur la base d’une classification raciale de la population. Nous appelons à la solidarité internationale des organisations sociales, de défense des droits humains et syndicales qui luttent contre la discrimination raciale et l’apartheid.
Procès et châtiment pour les meurtriers de Cap Cana !
Arrêtez la politique de persécution raciste et anti-ouvrière d’Abinader !
#LasVidasHaitianasImportan
#UnidadContraElRacismoRD
Organisations
Colectivo #HaitianosRD
Coordinadora Popular Nacional
Movimiento Socialista de Trabajadores y Trabajadoras (MST)
Movimiento de Mujeres Domínico Haitianas (MUDHA)
Movimiento Reconocido
Comité por la Unidad y los Derechos de la Mujer (CUDEM)
Mujeres Socio Políticas Mamá Tingó
Movimiento Caamañista
Izquierda Revolucionaria
Grupo de Jóvenes Batey Los Jovillos
Unión de Trabajadores Cañeros
Fundación Código Humano
Conexión Intercultural por el Bienestar y la Autonomía La Ceiba
Junta de Prietas
MOSCTHA
ASOPIDHA
INCAPID-GLEFAS
Cañeros Organizados
Liga Haitiana Internacional
Mouvement socialiste des travailleurs de la République dominicaine
13 Février 2023