Quel silence sur la libération de Sherlson Sanon !

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Qu’avez-vous avec Pierre Espérance lui avait demandé un enquêteur de la DEA ? Je ne le connais pas avant. Je ne lui ai jamais fait aucune déclaration contre personne.
« Dire que la vérité blesse, c’est comme dire que respirer tue.
Tout dépend de la pollution que vous mettez dans l’air
»

Stéphane O. Mbarga

Sherlson Sanon a été libéré de prison le vendredi 20 janvier 2023. Tout le monde ne le sait pas encore puisque certaines presses ne l’ont pas rapporté. Mais sa libération a forcé le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) à publier rapidement certaines précisions le mardi 24 janvier 2023.

Très curieusement, aucun titre de la grande presse n’a jugé bon de véhiculer cette information. Pourtant, lors de l’arrestation de Sanon le 1er Juillet 2013, les médias avaient fait tant de bruit autour de ce scandale public. Alors pourquoi ce silence pour sa libération juste après 10 ans d’incarcération ? Y a-t-il une raison pour justifier ce comportement de mépris ou d’insouciance des médias ? En fait, même les réseaux sociaux ne sont pas trop bavards sur ce dossier à l’exception de quelques-uns ?

Pour nous autres du journal Haïti Liberté, ce dossier revêt une importance capitale au moment où le pays fait face à une situation de délinquance et de banditisme organisés dans tous les domaines. La justice haïtienne est réduite à une peau de chagrin, gangrenée de tous les maux et fait partie d’une longue tradition de corruption.

Quel est l’objectif de ce silence de cimetière, quinze jours après que le juge Gabard Antoine  lui ait rendu sa liberté grâce à la loi Lespinasse ? Les grandes presses haïtiennes y compris le plus grand quotidien du pays n’ont jusqu’à présent soufflé aucun mot sur cette libération. Sont-ils en désaccord avec le processus utilisé ? Comment ne sont-elles pas frappées par une quelconque curiosité de savoir beaucoup plus sur les dessous de cette affaire de témoignage d’un enfant soldat ou d’un enfant qui crée un mensonge pour assurer sa propre survie?

Le directeur Exécutif du RNDDH Pierre Esperance

Evidemment, il y a une certaine raison expliquant ce blackout de la presse et elle n’est pas bien compliquée. De tout temps, il y a toujours eu des sujets qui arrangent et dérangent l’opinion, surtout quand ils sont accompagnés de la pure vérité. Est-ce que cela veut dire que la presse bourgeoise haïtienne veut boycotter la vérité, sinon faire la sourde oreille ou rester muette sur les troublantes déclarations de Sherlson Sanon contre un acte criminel de mensonge éhonté perpétré contre sa personne et pour lequel il a payé 10 ans de sa vie pour une affaire construite par l’imagination criminelle d’un réseau d’expert en la matière.

Si ce dossier n’intéresse ni la société ou la grande presse bourgeoise, ni non plus les organisations de droits humains crédibles, et l’Office du Protecteur des citoyens, à quoi bon  parler de changement, de nous montrer indignés face à la présente situation que confronte le pays?

Ce silence sans doute exprime la culpabilité et la position de classe d’une presse bourgeoise corrompue dont certaines se déclarent presse indépendante mais sont plus promptes à véhiculer le mensonge tous azimuts plutôt que la vérité. Selon les déclarations de Sanon, on le fait acteur d’un film criminel d’assassinat et de drogues dont il n’a pas même connu le scénario. Il est un instrument qu’une association de malfaiteurs sous couverture de défenseurs de droits humains ont amadoué pour ensuite utiliser et jeter en prison à perpétuité.

Un acte bien orchestré, puisqu’ au lendemain de l’arrestation truquée de Sanon le 1 er juillet 2023, sa première visite a été celle des agents de l’ambassade américaine en Haïti. Ils l’ont interrogé sur le meurtre d’une famille française à Jacmel.

Au cours des neufs premiers mois de son incarcération, sa famille n’a eu aucune trace de lui. En maintes occasions, il s’est présenté pour faire l’appel obligatoire d’un prisonnier à son avocat ou à sa famille, les dirigeants de la prison lui ont fait les numéros du RNDDH ou de l’Ambassade américaine. Car, il n’avait pas le droit de n’appeler personne d’autre que le directeur Exécutif du RNDDH Pierre Esperance, Marie Yolène Gilles et l’Ambassade américaine.

N’est-ce pas la preuve palpable que ceux qui ont monté de toute pièce cet artifice cousu de fil blanc sont non seulement des authentiques informateurs au service des puissances impérialistes, mais aussi des agents criminels, des laquais qui fomentent des coups sur n’importe qui pour satisfaire l’appétit de leur patron ?

Marie Rosy Auguste Ducena

Selon les déclarations de Sanon, pendant ces 10 ans d’emprisonnement, il a été interrogé au moins 26 fois par la DEA, le FBI et des agents français. Qui pis est, en 2016, tout enchainé il a été transporté de sa cellule à l’Ambassade américaine où il a passé 9 jours à être interrogé en plusieurs séances par des étrangers aux bons soins d’une interprète.

Qu’avez-vous avec Pierre Esperance lui avait demandé un enquêteur de la DEA ? Je ne le connais pas. Je ne lui ai jamais fait aucune déclaration contre aucune personne.

« Désolé ! Nous, nous n’arrêtons pas les gens sans une enquête. Comme ce n’est pas nous qui avons fait votre arrestation, débrouillez-vous, faites-vous libérer par un avocat, Bonne chance ! », lui avait dit l’un des enquêteurs !

Toujours insatisfaits du fait qu’ils ne peuvent pas obtenir la culpabilité du prisonnier, ils sont revenus en 2020. Cette fois-ci, ils étaient accompagnés de l’une des cadres du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Marie Rosy Auguste Ducena, une autre complice de ce dossier comme interprète.

Ce piège de lui faire traduire à tort les réponses de Sherlson n’a pas porté fruit, puisque la victime avec toute sa lucidité a pu déjouer le coup. « C’est elle qui m’a arrêté et m’a emprisonné pour quelque chose que j’ignore, elle ne peut pas être mon traducteur » avait-il riposté suite à une mauvaise réponse de l’interprète du RNDDH juste à la deuxième question.

Un tel dossier ne peut passer comme une lettre à la poste ou un fait divers. Au cours des dernières correspondances de Pierre Esperance et de Sanon sur Whatsapp au mois de novembre et décembre 2022, des aveux compromettants ont été relevés, Pierre a osé lui dire : « il n’y a pas lieu de vous mettre en colère, vous avez raison, je vous dédommagerai ! »

N’est-il pas important de souligner que le directeur Exécutif du RNDDH dans une autre correspondance a essayé d’entraver davantage le prisonnier en lui disant : « je vous enverrai un docteur psychiatre pour vous diagnostiquer de malade mental pour que vous puissiez être libéré sans aucune forme de jugement »

Alors, comment se fait-il que, ni les grands médias du pays, ni les organisations politiques n’ont, deux semaines après le scandale de libération de Sanon, rien dit sur ce dossier ? Est-ce un silence complice pour ne pas relayer la complicité de l’Ambassade américaine ou pour fermer les yeux sur la vérité.  De toute façon, cette populaire sagesse est très significative: « La vérité est une chose étrange, on a beau essayer de l’étouffer. Tôt ou tard, elle finit toujours par éclater. »

Nous reviendrons dans le prochain journal pour expliquer les raisons pour lesquelles Pierre Esperance a tout fait pour éviter que son prisonnier Sherlson Sanon ait eu un jugement comme il se doit.

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