L’écosystème haïtien n’est que catastrophes et paradoxes, impuissance et errance. Des universitaires doctorés, anoblis par la communauté internationale, s’obstinent à vouloir réformer la strate politique médiocre. Résultat : Échec et invariance. Rien d’étonnant ! Car les deux colonnes qui structurent le modèle d’affaires d’une société, son éducation et sa justice, ne sont en Haïti qu’indigence.
Un contact avec qui j’échange depuis peu a trouvé du temps pour m’envoyer un court message sur l’éducation et la civilisation. Lequel message contient un lien renvoyant vers une vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=-S-obOJLNeU) dans laquelle ‘‘un enseignant français décrit l’état de délabrement de l’éducation en occident’’. Il faut dire que ce lecteur, comme en bonne pédagogie, fait circuler des thématiques globales dans lesquelles résonnent les thématiques locales de mes raisonnances TIPÉDANTES. Partant du constat du délabrement de l’éducation en occident, mon lecteur alerte sur le drame du dysfonctionnement probable de l’éducation haïtienne. Car, il sait pertinemment combien « les haïtiens s’efforcent de copier [singer] l’occident par souci de “modernisation” ». D’ailleurs en Haïti, pour accéder aux espaces du pouvoir et de la médiatisation, il vous faut un blanc pour point d’appui. Ce qui explique, du reste, pourquoi la servitude volontaire et l’indignité devant les intérêts étrangers sont les leviers de la réussite sociale en Haïti.
Donc, cohérent avec lui-même, ce contact suggère de réfléchir dans cette direction pour promouvoir un système éducatif (haïtien) qui arrêterait de ‘‘produire des crétins’’, pour permettre enfin que ceux, qui émergent dans la réussite académique et culturelle, ne soient plus des doctorés flétris et futiles, des lettrés malicieux et humainement médiocres, des automates influents mais indignes et insignifiants. Rupture indispensable pour faciliter l’émergence de nouvelles élites de savoir, qui seraient plus disponibles à payer le coût éthique et assumer les sacrifices pour s’attaquer et résoudre les multiples maux de l’errance haïtienne. Car il est manifeste que cette errance séculaire reste invariante parce qu’Haïti ne produit que des générations de lettrés qui ne vivent que pour faire éloge de la malice par un marronnage déviant et convulsif.
Une réponse fort à propos pour expliciter l’errance
Il va de soi que cette thématique résonne dans les problématiques que je traite, Si bien d’ailleurs, que je me suis détourné instantanément du texte que je terminais (La flamme bleue de l’intelligence insolente du shithole) pour produire cette tribune en pré-texte. Une vraie aubaine qui me permet de mieux mettre en contexte la raisonnance de mon axiomatique originale comme une démarche pédagogiquement dimensionnée qui mise sur le détournement, le travestissement et la provocation comme méthodes de déconstruction d’une certaine forme de réussite. Évidemment, comme en Haïti, les lettrés, les diplômés, les cultivés et les doctorés ne lisent qu’au premier degré ou en diagonale et ne font que déchiffrer, dans un texte, les mots auxquels ils sont familiers, alors le sens de ma démarche est souvent occulté. Car, j’assume ne pas maitriser le français, mais comme j’ai passé plus de 20 ans à étudier dans cette langue et à accumuler des savoirs et des lectures dont les raisonnances sont entrées en résonances avec ma conscience, alors j’exploite cette langue comme outil pour produire ma propre inférence sur le monde. Et ce faisant, je montre en retour l’incapacité de la majorité de la communauté francophone haïtienne à établir une communication authentique autour de thématiques qui portent sur leur défaillance dans la langue qu’ils utilisent pour faire voir au blanc qu’ils sont des étonnants voyageurs et qu’ils peuvent dire les contes de la folie ordinaire et mériter une place dans la reconnaissance du blanc.
Chez moi, l’exploitation de la langue française reste un outil de travestissement (que peu comprennent en effet), comme la référence à certains auteurs n’est pas toujours chez moi une adhésion à leurs œuvres, mais un support argumenté et souvent circonstancié pour faire aboutir mon raisonnement et atteindre mes objectifs de communication. C’est du reste pourquoi j’apprends à forger de nouveaux mots avec des mots connus pour m’affranchir du boulet du Français, tel que vu par certains, comme langue étrangère transmise aux Haïtiens pour faire rayonner l’insignifiance. De mon humble point de vue, une langue est un outil de communication et elle ne vaut que ce que les gens qui la parlent en font. Pourvu qu’ils aient des choses pertinentes et originales à écrire et à dire, ils seront toujours lus et écoutés par ceux qui ont du temps pour donner du sens à ce qui tombe sur leur sens et interagir humainement. Qu’importe le choix de la langue ! Et dans le cas d’une langue étrangère, on s’en fout de la maitrise de la syntaxe, des fautes de grammaire, de style et de ponctuation.
Moi, je n’écris pas pour être plébiscité aux prochains prix distribués par une certaine communauté francophone. Moi, j’écris, car je suis rempli de colères et de frustrations d’avoir reçu une éducation formatée dans la langue de ceux qui ont déshumanisé mes ancêtres et de voir mon pays dériver vers l’errance et rejouer les notes de cette déshumanisation tout en se bousculant dans les réussites qui amplifient cette errance. De ces colères, de ces frustrations, je veux en faire quelque chose d’intelligent, et pour cela je travestis cette langue en l’exploitant comme source de provocation pédagogique. Notamment, en transformant mes AIGREURS en Agiles Intuitions pour Générer des Retours Enflammés, Ulcérés et Revivifiants en Série. Car, ne pouvant effacer le passé, je dois l’assumer en le dépassant pour avancer vers les autres tout en présentant mon propre récit sur le monde. Alors, pourquoi pas dans la langue de l’autre vu comme bourreau ? Dans l’utopie d’une possible humanisation du monde.
Et pour le reste, comme aurait dit Aimé Césaire, que mon français soit crochu ou boiteux au goût des doctorés qui cultivent le français Comme Langue d’Errance (FLE), que mes tentatives de rimes tournent mal et ne plaisent pas aux diseurs de la folie ordinaire, que mes accords transgressent les règles des académiciens, je m’en fous, et je laisse dire les insignifiants. Car je sais que ceux qui sont intelligents savent que mes raisonnances se basent sur une géométrie contextuelle de données qui mobilise les Technologies de l’Intelligence et la Prospective Éthique pour (supporter) la (prise de) Décision par Apprentissage Neuro Turbulent et Engageant. D’où leurs résonances TIPÉDANTES.
Je rebondis donc en territoire connu sur ce message sur l’éducation et la culture, pour prouver la pertinence de ma démarche de provocation. Car, chez moi, la provocation est bien une stratégie pédagogique détournée qui vise à déconstruire un savoir futile et insignifiant., en mettant en dérision le fait que ceux qui ont plus de 20 ans d’études dans une langue dans laquelle ils obtiennent des doctorats ne savent ni prendre le temps pour donner du sens à ce qu’ils lisent dans cette langue, ni faire une phrase reflétant de manière autonome leur vision du monde dans cette langue. Si j’insiste à expliciter cet aspect de mon intranquille agitation, c’est parce que j’ai constaté, et avec effroi, combien ils sont nombreux ceux qui ont le savoir et la culture en Haïti, mais qui sont incapables d’aller au-delà du sens premier d’une démarche, certes irritante, pour creuser et y découvrir sa substance dissimulée. Or tous ont eu un jour à répéter cette fameuse phrase de Gaston Bachelard : ‘‘on ne connait que si on détruit une connaissance première, toujours mal faite. Car rien n’est donné, tout est construit’’.
Il y a bien une erreur quelque part à diagnostiquer et elle témoigne de l’échec du système éducatif haïtien.
Un référentiel éthique pour l’éducation
Pourtant, on ne peut pas faire reposer l’échec du système éducatif haïtien sur la seule promotion de l’enseignement non maitrisé et non approprié du français. Car un enseignement vise à donner à chacun une boussole pour qu’il apprenne à se repérer dans son environnement, en trouvant les bonnes postures pour harmoniser cet environnement. Si la langue est d’importance, elle n’est pas la seule dimension suffisante pour la réussite d’un système éducatif. D’ailleurs, la manière dont l’enseignement du créole est organisé actuellement, avec les mêmes processus indigents, les mêmes acteurs insignifiants et inconscients, le dispositif enseignement/apprentissage en Haïti ne sera que plus médiocre.
Je crois plus objectivement que l’errance du système éducatif haïtien repose davantage sur l’absence d’un référentiel de valeurs éthiques. Un référentiel qui doit être pensé et dimensionné comme socle de cohésion pour regrouper des individus dans une même communauté de destin, en les rendant conscients de leur ancrage dans une même humanité. Une éducation ne peut être réussie que si elle fait émerger le savoir et la culture, non pas comme des fins en eux-mêmes ou comme des produits de rente ou de luxe pour la réussite personnelle ; mais comme des échelons pour atteindre une performance professionnelle et un accomplissement personnel qui permettront de transformer la réussite, acquise au bout de l’apprentissage, comme le creuset d’un flambeau ou le rempart du mur de la performance collective. Mais cela ne peut advenir que si les processus éducatifs sont orientés par un référentiel éthique qui promeut un engagement résolu pour la vérité, la transparence et la justice.
Et de fait, en Haïti, très rares sont ceux qui savent que l’éthique est la base qui crédibilise tout. Si bien que certains sont déroutés par le fait que je puisse consacrer tant de temps et d’énergie à agiter cette thématique, de manière si constante, si cohérente, si engageante et si bruyante. Et ce, au risque même de perdre, de compromettre ou de renoncer à des opportunités d’affaires. Car certains de ceux qui vivent de leurs accointances avec les réseaux mafieux et qui ne digèrent pas mes provocations m’ont fait savoir que si cela dépendait d’eux, ils me feraient crever de faim en me blacklistant dans tous les projets qui pourraient solliciter mes compétences. Alors, fort de cet engagement entêté et de ces risques assumés et encourus, moi simple quidam, sans relations politiques sociales mafieusement rayonnantes et puissantes, sans anoblissement académique d’ailleurs, je me propose de faire une petite démonstration de ce qu’est une vraie réussite.
Pour les besoins de mon raisonnement, je m’appuie sur les mathématiques (déformation professionnelle) en m’inspirant du système de numération comme méthode de représentation des nombres qui prennent du sens selon la position, par rapport à une base, de symboles appelés chiffres. Je rappelle que dans la numération binaire, il y a deux symboles 0 et 1, et la base est 2. Imaginez un système de numération dans laquelle la base serait occultée, le positionnement des chiffres n’aurait alors plus aucun sens ; car c’est la base qui permet de donner une valeur (du sens) à un chiffre selon sa position. Ainsi 50 et 05 ne veulent rien dire sans disposer d’une base comme repère permettant de donner une valeur ! un nombre en fonction de la position es chiffres.
De même, on peut imaginer un écosystème humain comme un système de numération UNAIRE où il n’y a que 0, comme symbole et dans lequel la base serait 1. Il me semble que cette modélisation mathématique peut contextualiser ce que Noam Chomsky appelle les deux grands principes qui régissent la vie : les principes éthiques, de justice et de vérité, et les principes de pouvoir, de réussite et de célébrité. Ainsi, dans ce système unaire, l’éthique serait la base, représentée par 1 ; tandis que les principaux attributs de l’existence pour s’épanouir, au nombre de 5 (savoir, savoir-faire, savoir être, performance professionnelle, accomplissement personnel), seraient des symboles représentés par des 0 (zéro). Les attributs ne prennent alors du sens que si on détermine leur position par rapport à la base.
On admet, par ailleurs, que pour s’épanouir un individu doit d’abord exister. Or exister c’est apprendre à se rattacher à une communauté en magnifiant une humanité partagée. C’est ce que semble promouvoir Hélène Trocme Fabre dans son livre, J’apprends, donc je suis. Avoir conscience de cette dimension humaine de l’existence est la fonction qu’assure l’éthique. Et comme exister, c’est tisser des liens vers les autres pour se structurer et transformer son monde, l’humain doit apprendre (savoir) pour savoir-faire (compétence) afin de mieux apprendre à être (culture). C’est cet apprentissage continu et tridimensionnel, tout au long de la vie, qui le poussera à performer ses rapports avec son environnement pour atteindre un accomplissement personnel dans la reliance avec sa société et ses organisations. Le pouvoir, la célébrité et la richesse ne sont que des excédents, valeurs ajoutées, qui viendraient consacrer la réussite.
Ainsi, avec force humour, on peut dire que dans un écosystème humain, il n’y a qu’un million (1 000 000) de perspectives de réussite, celles qui passent par l’éthique et les autres. Paradoxalement, une personne qui n’a que l’éthique, ne vaut que 1, tandis qu’une personne avec le savoir vaut 10, et une personne avec la réussite vaudrait 1 000 000. Alors que la personne éthique peut sembler sans ressources, car ne valant que 1, par rapport à celle qui aurait la réussite et qui vaut 1 000 000 ; mais une réussite sans éthique n’est rien de plus qu’un zéro. C’est donc l’éthique qui donne du sens à tout. Voilà pourquoi là où l’éthique est occultée, il n’y a qu’insignifiance, défaillance et errance, malgré les réussites, les richesses.
Le problème est que cette pyramide de la réussite étant inversée, l’éthique, parce que se trouvant à la base, apparaît dépourvu de sens pour ceux qui ne visent que les sommets et qui oublient que sans la base. Le sommet est voué à l’effondrement. Et c’est là que cette réussite, sans la base éthique structurante, sans génome dimensionné par l’éducation et la justice, célébrée en Haïti n’est qu’insignifiance, futilité et indigence.
D’où ce besoin de désenfumer la tanière du marron où les élites haïtiennes s’agglutinent par légions de Malfrats Anoblis en Lettrés pour Cultiver l’Errance, en se gavant des ressources précaires drainées par l’assistance internationale pour leur confort médiocre.