Deux classes se trouvent face à face dans le pays. L’une défendant les privilèges et les intérêts des grandes puissances tout en ignorant les aspirations profondes des masses populaires. Sa politique économique néolibérale est faite de privatisations, plan d’ajustement imposé par le FMI avec des objectifs clairs et bien définis: anéantir les conquêtes démocratiques, activer l’inflation, réduire les salaires des ouvriers pour permettre l’élévation des profits du patronat.
Cette classe recourt en permanence à une répression économique sous toutes ses formes et est devenue la caractéristique essentielle du pouvoir en place qui pourtant n’a aucune légitimité ni confiance populaire. La réalité du pays devient cruauté quand le régime bourgeois pourri ne vise qu’à appauvrir davantage les plus démunis, priver les masses défavorisées de toute possibilité de vivre dignement afin d’enrichir les nantis, au point que les inégalités sociales ont atteint des niveaux intolérables pour la grande majorité de la population.
L’autre s’accrochant à un combat libérateur que mène le peuple haïtien afin de déjouer toutes les manœuvres pouvant contribuer à désorienter la lutte que mènent les masses exploitées, opprimées contre leurs ennemis personnifiés par l’impérialisme et ses valets réactionnaires locaux. Le sentiment de révolte qui gagne présentement en ampleur est nourri non seulement par la hausse du prix des carburants et le salaire stagnant des travailleurs, mais aussi par le complot concocté des puissances impérialistes pour mettre le peuple le dos au mur, devant un fait accompli et l’abandonner à son douloureux sort.
Il ne doit pas se régénérer autour d’une quelconque Transition ou d’un transfert de pouvoir au sommet.
Il s’agit d’une profonde crise économique que traverse actuellement le pays, avec son cortège d’affreuses misères et souffrances. Les irresponsables dirigeants des appareils répressifs de l’Etat violent quotidiennement les principes les plus élémentaires des droits des Haïtiens. Le détonateur de cette puissante colère populaire à laquelle on assiste depuis près d’un mois est en réaction à l’obstination du pouvoir à maintenir la hausse le prix du carburant. Et dans une logique de lutte de classe, le pouvoir a reçu tout naturellement la solidarité de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Ouest (CCIO), cette caste patronale inféodée aux puissances capitalistes qui continue à bénéficier de la rente pétrolière, de la corruption généralisée et du monopole des licences d’importation.
Il est évident que le pouvoir temporaire n’a aucune motivation de rompre avec le passé où l’arbitraire, la corruption et l’injustice sociale ont été érigés en système de gouvernement pour faciliter l’exploitation éhontée et le pillage organisé des richesses de l’Etat. Une petite et infime minorité en profite, en use et en abuse, tandis que le peuple continue de croupir dans la misère. Une politique rétrograde et machiavélique qui a conduit aujourd’hui notre pays à la banqueroute totale et ce dans tous les domaines de la vie politique, économique et sociale. Cette politique abjecte qui bloque les énergies de notre peuple dans le seul dessein de servir à jamais l’impérialisme international.
En conséquence, la lutte populaire a grandi et a attiré de nouvelles couches de manifestants, tous, unis autour d’un objectif commun : exiger d’Ariel Henry et son Accord de Musseau de quitter le pouvoir. Mais on ne peut s’arrêter là, le plus important c’est de mettre en déroute ce système. Il ne doit pas se régénérer autour d’une quelconque Transition ou d’un transfert de pouvoir au sommet.
Le peuple doit éviter le piège du compromis avec une autre aile de la classe dirigeante pro-impérialiste à travers l’Accord de Montana. Il doit se concentrer sur une rupture totale et complète avec cette bourgeoisie réformiste, élitiste et opportuniste qui a tout promis de sorte que rien ne change.
En réalité, ce qui irrite tant les masses opprimées, c’est qu’en dépit de la conspiration du silence et de la complicité de la classe politique sur leur sort, la clique dominante tente jusqu’à présent d’être inébranlable face au soulèvement populaire et veut gagner du temps par des discours manipulateurs de l’opinion nationale et internationale, histoire de continuer à planifier la misère et le sous-développement du pays. Tandis que les médias dominants et les intellectuels au service des exploiteurs diabolisent celles et ceux qui se rebellent. Ils les accusent de gangs violents, de complotistes et de tout autre épithète négative pour déstabiliser, voire arrêter la dynamique du soulèvement.
Outre les déclarations mensongères de Antonio Guterres, appuyées par Gonzalez et répétées par Ariel Henry, il est clair que toutes les institutions impérialistes se sentent menacées. Par conséquent, elles jetteront tout leur poids dans la balance pour tirer parti de la situation actuelle et éviter la chute de leur laquais. Ainsi, ce soulèvement populaire, sans précédent sous un régime intérimaire, a même forcé le Président des Etats-Unis Joe Biden à prendre position. A la Tribune des Nations Unies, il s’est démasqué en injuriant le peuple haïtien en déclarant : « Nous continuons de soutenir Haïti, notre voisin, qui fait face à la violence de gangs alimentée par des facteurs politiques, et à une immense crise humanitaire. »
Finalement, ce que les masses ouvrières en lutte pour un changement fondamental doivent réaliser et comprendre, c’est que l’ennemi n’est pas uniquement la bourgeoisie haïtienne que représente Ariel Henry, mais aussi les puissances impérialistes qui sont le véritable fer de lance de cette imposture. En ce sens, notre avenir dépendra de notre capacité à résister et à organiser notre combat libérateur. Cela doit être clair, seul le rapport de force fera reculer ces quatre entités : USA-Ariel-ONU-OEA de leurs objectifs criminels à l’égard du peuple haïtien qu’ils considèrent comme des bandits.
Nous exhortons, les artisans, ouvriers, travailleurs, paysans pauvres, chômeurs, professeurs et étudiants : pour édifier un pays nouveau avec des structures nouvelles, vous êtes les seuls à posséder les solutions nécessaires pour sortir le pays du chaos et du carcan de l’anarchie, pour que les droits du peuple haïtien soient enfin rétablis et consacrés.
Nous de Haïti Liberté, rien n’ébranlera notre foi totale dans notre peuple héroïque. Nous renouvelons notre soutien à la lutte que mène notre grand peuple, ce peuple travailleur contre l’exploitation et l’hégémonie impérialiste afin d’accomplir notre libération nationale et de bâtir la démocratie populaire et la souveraineté des classes laborieuses.
La dynamique révolutionnaire du mouvement de masse, entamée contre les mauvaises conditions de vie et pour vaincre les plans d’austérité, manque seulement d’un vrai Parti révolutionnaire de la classe ouvrière pour l’accompagner et l’aider à prendre toutes les formes nécessaires. Nous y arriverons !
Et qu’il en soit ainsi ! Pour une lutte populaire, sociale et révolutionnaire. Vive la lutte du peuple haïtien pour sa souveraineté populaire !