102e Anniversaire de l’assassinat de Charlemagne Péralte

1er novembre 1919 - 1er novembre 2021

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Charlemagne Péralte

À l’occasion du cent-deuxième anniversaire de l’assassinat du chef caco, Charlemagne Péralte, le 1er novembre 1919, par un marine américain, au cours de la première occupation d’Haïti par les Etats-Unis d’Amérique, Haïti Liberté se fait le devoir de vous rappeler cette date sombre de notre histoire et de la lutte révolutionnaire des cacos.

En 1910, un consortium international de banques a refinancé la dette internationale d’Haïti et a pris le contrôle de la trésorerie du pays. En 1914, la banque a refusé d’émettre des paiements en or au gouvernement haïtien et a demandé à l’armée américaine de protéger les réserves d’or.

Ainsi, le président américain, Woodrow Wilson ordonna à son secrétaire d’Etat aux affaires étrangères d’élaborer une convention pour contrôler les douanes haïtiennes. Le 1er juillet 1914, Wilson voulait l’accord du président Emmanuel Oreste Zamor par tous les moyens possibles. Celui-ci s’y opposa ; mais par la suite, il demanda la protection américaine pour garder son pouvoir, parce qu’il était menacé par une force insurrectionnelle venant du Nord et conduite par Davilmar Théodore. Comme il n’avait pas reçu la protection sollicitée des américains, Oreste Zamor prit le chemin de l’exil et les troupes de Théodore firent une entrée triomphale et par la suite Théodore fut élu président par l’assemblée nationale le 7 novembre 1914.

Le 17 décembre 1914, ils débarquaient du navire « Machias », se dirigèrent à la Banque nationale d’Haïti et firent main basse sur le contenu du coffre de la BNRH, dérobant un total de 500 000 dollars qui seront par la suite transférés et déposés dans les coffres-forts à New York de la National City Bank des Etats-Unis.

Huit mois plus tard, le 28 Juillet 1915,  les marines débarquaient à nouveau à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, affirmant cette fois la nécessité de protéger les vies et les biens étrangers. Ils ont placé Port-au-Prince sous la loi martiale, ont impitoyablement maîtrisé la résistance armée dans les zones rurales et ont commencé à former une nouvelle milice haïtienne.

Les troupes américaines arrivèrent à Léogâne le 17 août 1915. Le commandant américain intima l’ordre au commandant Charlemagne Péralte de lui rendre la ville, ce qu’il refusa et pour cela la marionnette placée par les forces occupantes en tant que président, Sudre Dartiguenave l’a révoqué de son poste.

Dans une lettre d’adieu à la population de Léogâne, Charlemagne expliqua ses sentiments face à l’affront que vient de subir la Nation. Puis il se rendit à Bourdon chez le Général Edmond Polinice pour lui faire cette confidence: « Général, je rentre chez moi. Mais j’ai confiance en mon étoile. Je soulèverai le peuple et mettrai les Américains hors du pays. »

Pour l’édification de nos lecteurs, voir ci-dessous les deux lettres de Péralte, l’une au peuple haïtien et l’autre au ministre français d’alors.

Charlemagne Péralte a mené un mouvement de résistance. Dans cet «appel aux armes» et lettre au ministre français, Péralte a attaqué le président Wilson comme un hypocrite pour avoir prétendu respecter la souveraineté des petites nations d’Europe tout en occupant Haïti et a exhorté les Haïtiens à résister aux Américains.


Haïtiens!

Un jour semblable au 1er janvier 1804, se lèvera bientôt.

Depuis quatre ans, l’Occupation nous insulte à tout instant. Chaque matin nous apporte une nouvelle offense. Le peuple est pauvre et l’Occupation le pressure sous les taxes. Elle répand les incendies et elle empêche aux gens de reconstruire leurs maisons en bois, sous prétexte d’embellissement de la cité.

Le cadavre de Péralte flanqué sur une civière par les marines américains

Haïtiens, restons fermes. Suivons l’exemple de la Belgique! Qu’importe si nos villes sont brûlées! Ce n’est pas une vaine pensée que celle écrite sur la tombe du grand Dessalines: “Au premier coup de canon d’alarme, les villes disparaissent et la nation est debout.”

La sainte cause qui s’étend dans le nord, a pour chefs des citoyens de valeur. Le Sud attend seulement un homme pour suivre cet exemple sublime. Pas de danger, nous avons des armes. Chassons ces hommes sauvages, dont la sauvagerie est patente en la personne de leur président Wilson, traître, brigand, fauteur de troubles, voleur.

Mourez pour votre pays

Vive l’Indépendance! Vive l’Union! Vive la guerre juste! A bas les Américains!

Charlemagne Masséna Péralte


Chef suprême de la Révolution en Haïti au Ministre Français Résidant en Haïti
Port-au-Prince

Monsieur le Ministre,

Contrairement aux principes généralement admis par les nations civilisées et aux règles du droit international, le Gouvernement américain, profitant de la grande guerre européenne, est intervenu dans les affaires de la petite république d’Haïti, en lui imposant une Convention dont une occupation militaire devait assurer la ratification par les Chambres haïtiennes.

Malgré les atteintes portées à notre autonomie et à notre dignité de peuple libre et indépendant, nous étions disposés à accepter cette Convention et à exécuter les obligations qu’elle comporte pour nous, mais les promesses fallacieuses faites per les Yankees en débarquant sur notre sol, se réalisent depuis tantôt quatre ans par des vexations perpétuelles, des crimes inouis, des assassinats, des vols et des actes de barbarie dont seuls dans le monde entier l’Américain a le secret.

Nous venons aujourd’hui, à bout de patience, réclamer nos droits méconnus, bafoués par l’Américain sans scrupule qui, détruisant nos institutions, dépouille le peuple haïtien de toutes ses ressources et se regorge de notre nom et de notre sang. Cruels et injustes, les Yankees ont depuis quatre ans promené la ruine et la désolation sur notre territoire. Aujourd’hui où, à la conférence de la Paix, des nations civilisées ont juré à la face du monde entier de respecter les droits et la souveraineté des petits peuples, nous réclamons la libération de notre territoire et les avantages reconnus per le droit international aux Etats libres et indépendants.

Nous vous prions en conséquence d’observer que nous luttons depuis dix mois dans cet unique but, et que nos armes jusqu’ici victorieuses nous permettent de vous demander de reconnaître notre belligérance.

Nous sommes disposés à tous les sacrifices pour libérer le territoire haïtien et faire respecter les principes affirmés par le Président Wilson lui-même concernant les droits et la souveraineté des petits peuples. Et notez, Monsieur le Consul, que les troupes américaines, en vertu de leurs propres lois, n’ont nul droit de guerroyer contre nous.

Veuillez agréer, Messieurs [sic], nos salutations distinquées.

(s) Le Chef Suprême de la Révolution

  1. Peralte

Suivent plus de 100 signatures.

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