L’opposition au régime en place vient de proposer une solution de sortie de crise dénommée : « Alternative Consensuelle pour la Refondation d’Haïti (ACRH) ». Est-ce là, la genèse d’un nouveau modèle pour la transformation socio-économique du pays ou tout simplement une situation provisoire ? Est-ce un pas dans la bonne direction pour la construction d’une alternative au problème structurel du pays ou un paravent démagogique conjoncturel, comme nous l’avions en maintes fois expérimenté avec le Contrat social ou Caravane de l’espoir des fantoches qui avaient trompé la vigilance des naïfs en leur faisant croire à des balivernes ?
Comme auparavant, nous ne saurons faire confiance à cette classe d’hommes et de femmes, ces professionnels de mauvais augure qui s’allaitent tous à la mamelle du système capitaliste d’exploitation. La majorité de ces cadres vit au dépend du pouvoir économique de la bourgeoisie compradore qui ne fait que brader davantage le pays.
L’importance stratégique de ce document, est-ce une autre raison majeure pour le maintien du statu quo au service de l’impérialisme américain ? C’est en fait une guerre sournoise qui se déroule sur plusieurs plans et le peuple haïtien en lutte doit rester vigilant parce qu’il a trop souffert, trop enduré, trop sacrifié pour tolérer que son combat soit transformé en reddition !
La lutte pour le changement est tout d’abord idéologique. Quelle est l’idéologie dominante au sein de cette opposition ?
Le combat du peuple haïtien est de disposer de dirigeants engagés à se mettre à son service et décidés à jeter les bases de la prospérité et d’une pleine souveraineté économique et politique. Ainsi, nous ne saurions donner carte blanche aux avocats d’un système luttant contre un régime bien déterminé sous prétexte d’un quelconque changement de système social. Les épaulettes de crédibilité politique ne peuvent en aucune circonstance être gagnées par des mots, des propositions simplement et bien souvent sans aucun fondement.
Si rupture il doit y avoir, comment pourrait-on sortir du marasme actuel avec les mêmes acteurs, les mêmes forces conservatrices et traditionnelles qui sont encore plus puissantes que jamais ? La conjoncture jusque-là a mis en évidence des choix suffisamment confus qui n’ont pu que créer une illusion d’une politique au mieux réformiste, certainement pas progressiste au sens d’une lutte de classes qui s’est aggravée depuis l’avènement au pouvoir des PHTK.
Il n’en reste pas moins vrai qu’aucun acte de cette opposition ne symbolise des perspectives nouvelles qui puissent gagner la confiance des masses populaires, les porter à s’organiser pour les rendre responsables vis-à-vis d’eux-mêmes, du pays et de la collectivité en général. Les perspectives se résument seulement à faire partir Jovenel, amorcer un dialogue « sincère et inclusif » pour une prétendue « réconciliation » nationale et organiser de nouvelles élections. Ainsi, l’inacceptable sera offert au peuple sur un plat d’argent avec de nouveaux visages.
Bien qu’il y ait beaucoup de ces individus-là qui ne sont pas pour autant des réactionnaires, mais leur position de classe les enferme dans un ghetto réformiste. De ce fait, pour ne pas perdre leurs privilèges, ou leurs biens mal acquis, ils se sont faits de préférence agents des intérêts étrangers.
La lutte pour le changement est tout d’abord idéologique. Quelle est l’idéologie dominante au sein de cette opposition ? On n’en sait rien. D’ailleurs, rien n’est jamais dit face à l’administration américaine pour que cesse la pression de la diplomatie impérialiste. N’est-ce pas la preuve que cette opposition ne voit aucun danger, aucune menace face aux puissances tutrices ? Il suffit que les Etats-Unis s’alignent sur leur position de se débarrasser de Jovenel Moise. Et tout rentrera dans l’ordre. Ôte-toi que je m’y mette. Le vin est tiré, il faut bien le boire !
Un pays sans une classe ouvrière ni paysannat organisés, ajouté à une opinion publique abusée et fatiguée par la démagogie et la corruption à outrance, ce n’est pas par un simple décret ou proposition qu’on va modifier une réalité aussi crue et abjecte. Rendre justice à un pays, à un peuple humilié dans cet état n’est pas un problème administratif mais d’organisation idéologique sous une direction politique homogène, conséquente populaire et légitime.
L’histoire nous a appris que la voie du changement, des profondes transformations sociales et économiques vient avec ses formules et ses recettes propres. Celles-ci ne peuvent être mises en pratique que par une mobilisation populaire permanente permettant d’envisager et de mettre en chantier un pays nouveau, une société nouvelle de façon à construire des citoyens nouveaux avec une mentalité nouvelle.
La question cruciale reste que la voie du changement ne saurait être de lier les intérêts des masses défavorisées avec ceux des capitalistes, des politiciens et des intellectuels occidentalisés, washingtonisés, mais de frayer le chemin propre à une véritable lutte de libération nationale.