Vœux d’éclosion de la liberté et de l’honneur

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Depuis le parricide du Pont Rouge, le peuple haïtien exploité, constamment blessé dans sa dignité, affligé de malheurs, avance courageusement, héroïquement, à la recherche d’un avenir meilleur, à la recherche de justice et de vraie liberté. L’injustice et l’oppression ont été son quotidien, mais la détermination de vaincre, par contre, sa seule boussole. Le 16 décembre 1990 avait à peine commencé à faire germer les semences de la dignité et de l’honneur pour l’éclosion de fiers hibiscus de la démocratie lorsque les forces liberticides du mal et de la répression ont fait éclater en mille cristaux de deuil et de souffrances le grand rêve démocratique du peuple haïtien.

L’année 2019 s’achève, et notre mémoire se souvient. Depuis ce rêve brisé, le peuple haïtien n’a pas encore retrouvé son angle de repos. Il poursuit inlassablement son combat et sa résistance. Il en a l’habitude et le courage, depuis la poussée revendicatrice des Piquets, le douloureux épisode de Marchaterre, la glorieuse guérilla nationaliste de Péralte et de Batraville, jusqu’aux fréquentes et massives manifestations de rue contre un régime d’oppression et de puante corruption dont le président honni Jovenel Moïse est la personnification.

L’année 2019 s’achève, et notre mémoire se souvient.

La population manifeste de façon massive depuis juillet de l’année dernière, contre la faim, contre la vie chère, contre un exécutif refusant d’entendre les revendications de justice sur la dilapidation des fonds Petrocaribe, et surtout contre une insécurité criminelle à l’origine des massacres, à ce jour impunis, dans les quartiers populaires de la capitale, à la Saline et au Bel-Air.

Il s’agit du combat de tout un peuple pour la dignité, pour que la vie ne reste plus en veilleuse, pour que le pain de l’existence n’ait plus dans sa bouche un «goût de fond de mer et d’aloès», pour que le jour ne ressemble plus à la nuit, pour que l’étranger ne vienne plus lui voler la force de travail de prolétaires condamnés soit à l’esclavage des usines d’assemblage, soit à un amer exil au Chili, au Brésil et ailleurs, et pour que, enfin, les vivres soient partagés équitablement autour de la grande table nationale.

Au seuil de l’année 2020, plus que jamais, le mot d’ordre doit être au courage, à la persévérance dans la résistance à une vie de malheurs, à l’organisation en rangs serrés face aux atermoiements d’une opposition timorée, instable et peu intéressée à joindre les masses. Ni faillir, ni défaillir, telle doit être notre attitude pour faire bon accueil à l’année nouvelle. Notre cri de révolte face aux injustices qui accablent le quotidien des masses haïtiennes devra crever le tympan des nuits d’éprouvantes humiliations et souffrances trop longtemps endurées par le «peuple souffrant», renforcées depuis l’arrivée au pouvoir en mai 2010 du plus honteux échantillon de la faune politicienne haïtienne et poursuivies par son protégé en 2017, tous deux imposés du reste par l’impérialisme.

À l’orée de la nouvelle année, nous renouvelons notre plus profond attachement et notre indéfectible appui à la très longue et douloureuse lutte de libération des masses haïtiennes dont nous sommes solidaires, aujourd’hui, demain et pour toujours. À ce peuple au courage indomptable, nous souhaitons, au nom du journal, la plus vigoureuse force d’âme pour écarteler les ténèbres de l’injustice et de l’oppression qui l’enferment dans son ghetto de malheur, pour que son combat débouche enfin sur une société plus juste et fraternelle.

Faisons confiance aux «mains magiciennes» du peuple, car elles seules viendront «défoncer la vague de la honte» causée par la lâcheté, l’inconscience et l’égoïsme des classes possédantes. Leur seule force, organisée, éclairée par une avant-garde progressiste sinon révolutionnaire finira par leur faire retrouver leur souveraineté, forger une seconde Indépendance et saluer l’éclosion de fiers hibiscus de la liberté et de l’honneur.

 

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