Pour nous faire gommer le label impérialiste et nous vendre sans doute sur son étagère avec de nouveaux emballages de produits importés, expirés, pourris, un démarcheur de métier, un compradore authentique, depuis le vent de révolte du mois de juillet 2018 veut nous faire croire qu’il est né de nouveau, qu’il a pris une certaine conscience et veut faire la charité au peuple de quelques liasses de dollars. En quelles circonstances, un loup affamé peut-il se comporter en mouton dans une bergerie ?
Non, M. Boulos, l’équation politique ne peut pas être ainsi balancée avec trois inconnus. C’est faux de croire ou de vouloir faire croire qu’il existe une voie neutre. Cette formule simpliste et tendancieuse cache d’autres aspects de classe et ne se retrouvera guère sur deux contradictions essentielles à savoir : maintenir les structures socio-économiques telles quelles et le pays dans le giron de la dépendance capitaliste, sinon la voie pour la transformation radicale de l’appareil d’Etat par les masses travailleuses pour faire obstacle à l’avarice des patrons, banquiers et spéculateurs, alliés naturelles des puissances exploiteuses. Ce sont deux frontières distinctes. Il s’agit de la classe de ceux qui ne possèdent que leur force de travail et à qui n’appartiennent pas les moyens de production mais qui ne cessent de produire des richesses. Et l’autre, la classe des propriétaires des moyens de production qui ne fait qu’exploiter et vivre de la force de travail de la classe ouvrière.
Non, M. Boulos, c’est faux de croire ou de vouloir faire croire qu’il existe une voie neutre.
Porte-drapeau du système capitaliste, vous ne pouvez pas oublier ni faire semblant de ne pas comprendre quelle classe sociale vous représentez et quels intérêts de classe vous défendez. Ce n’est pas vous faire maquiller en peuple qui changera votre mentalité de classe. Justement faire des dons aux pauvres des quartiers aux ouvriers pillés, ruinés, délaissés dans la misère et la pauvreté ne vous donne pas un certificat de progressiste, ni pour autant ne changera en rien votre position de classe.
Selon vous, Reginald Boulos, le généreux « la troisième voie est celle consistant à définir les besoins fondamentaux de la population en matière de santé, d’éducation et d’emplois ». Pour ajouter que « le peuple a une prédisposition à détruire parce qu’il ne se retrouve pas dans les différents plans qu’on a toujours proposés ». Ces propos propagandistes d’une voie pacifique sans diversion relèvent bien de votre position de classe et expriment sans amalgame une tentative honnête de légitimation de l’exploitation de votre classe qui ne compte que sur les sympathies, protections et soutiens des forces obscures étrangères.
Une telle orientation est quasiment responsable de la grave crise structurellement économique et sociale que traverse le pays depuis l’assassinat de Dessalines à Pont Rouge.
Vous ne pouvez comprendre qu’aucun peuple exploité, opprimé ne renoncera jamais à lutter au péril de sa vie. Le peuple producteur de richesses ne demande pas la charité, il n’attend rien d’un certain papa bon cœur. Il est présent sur la scène politique pour rebâtir le système, raviver l’espoir et l’enthousiasme des travailleurs, de la jeunesse et pour faire progresser la dynamique de la dignité et de l’unité politique du mouvement populaire de façon à construire une société socialiste. C’est un principe de légitime défense contre la tyrannie ! Voilà pourquoi le mouvement populaire de classe ne doit compter que sur ses propres forces créatrices.
Il n’y a pas de troisième voie capable de constituer une force motrice pour le changement et la révolution sociale. Sauf la ligne de la légitimité populaire maintenue, développée, organisée et conçue dans sa signification et ses perspectives sociales et politiques peut atteindre ce niveau. Et c’est la seule classe qui peut sauver le pays des périls catastrophiques de la politique réformiste capitaliste.
Par la violence de l’exploitation de classe, le peuple ne fait que répondre par la même violence de classe. L’important pour lui reste à savoir qu’il faut de toute urgence s’affranchir de l’exploitation et de la domination impérialiste.
Il ne pouvait en être autrement M. Boulos et tous les membres de votre classe car les libertés ne s’octroient pas. Elles se prennent et s’exercent comme un droit inaliénable et non pas comme un cadeau ou une franchise.
L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, nous enseigne Karl Marx et Fréderic Engels n’a été que l’histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.