Toute action entraîne une réaction. Ainsi, depuis environ 19 ans sans interruption, les colonnes du journal Haïti Liberté n’ont cessé de perturber, voire de dénoncer, le système capitaliste. Cela a suscité une certaine réaction de la part de ses défenseurs qui, à plusieurs reprises, trois ou quatre fois, sont venus exprimer leur cynisme face à notre position critique sur la politique actuelle des puissances impérialistes. N’est-il pas de leur droit absolu, s’ils perçoivent que leurs intérêts sont lésés, d’exprimer leur solidarité avec leur cause ?
Le vendredi 12 septembre 2025, quelques fanatiques défenseurs de la cause impériale se sont réunis devant les locaux du journal pour manifester leur allégeance à la politique occidentale, qui a fait de la guerre au « terrorisme » le nouveau fondement de sa politique étrangère contre toutes les organisations qui refusent de se soumettre à ses diktats hégémoniques. Il s’agit pourtant, bel et bien, d’un événement marquant de l’évolution politique récente dans le pays. Sans la réaction de ces bouffons au service de Washington, nous aurions pu douter de notre position, mais leurs réponses prouvent qu’ils ont bien compris notre message et estiment que le journal les discrédite et les gêne grandement.
Cependant, cette pratique protestataire aberrante de ces quelques individus insignifiants illustre un aspect édifiant : les formidables atouts dont détiennent les États-Unis. De plus, ce ne sont pas les seuls atouts dont dispose Washington comme moyen de pression populaire, ainsi le contenu d’Haïti Liberté leur donne un goût amer, au point de forcer le camp impérialiste haïtien à réagir et à exiger la fermeture du journal. Ce n’est guère surprenant ; c’est la réaction typique des puissances impérialistes qui se considèrent comme les maîtres du monde, réaction véhiculée par ceux qui se comportent en complices croyant pouvoir légitimement détruire, comme s’ils en avaient le droit, qui ils veulent, n’importe où, sans aucune explication. N’est-il pas intolérable, voire absurde, que les Etats-Unis décident unilatéralement de dicter leur façon de penser au reste du monde tout en remettant en cause le droit de chacun à suivre sa conscience, sa morale, ses convictions politiques et ses aspirations sociales ?
D’ailleurs, nous ne sommes pas contre ceux qui manifestent pour exprimer leur attachement à l’impérialisme. C’est leur droit le plus absolu. Ils ont fait leur choix, et nous avons fait le nôtre. La seule différence est que nous ne serons jamais, en aucun cas, les alliés de l’impérialisme. Et rien ne peut nous faire changer d’avis face à la bourgeoisie oligarchique haïtienne et aux puissances impérialistes dominantes. Notre discours sur la situation nationale et internationale ne sera jamais identique à celui des vautours occidentaux. Une chose est sûre : cette manifestation de trottoir, tenue sous couvert de terrorisme, est une marque de solidarité avec l’impérialisme américain. Ce n’est sans doute pas un hasard si, par une étrange coïncidence, elle survient presque exactement au même moment que la déclaration ironique sur Haïti du « Gouverneur américain » Henry T. Wooster, chargé d’Affaires à l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince.
Il s’agit d’une campagne infâme planifiée des agents détracteurs afin de montrer qu’ils ont une compréhension consciente de la situation et de prouver concrètement leur engagement envers l’empire occidental. Nous n’avons aucun problème à ce qu’ils poursuivent leur sale besogne. Sans doute, cela servira de catalyseur pour que nous restions cohérents avec nous-mêmes, sans hésitation, aux côtés des masses laborieuses qui résistent au statu quo tout en combattant le pouvoir tyrannique des impérialistes. L’impérialisme américain perturbe la paix et la sécurité dans le monde. C’est pourquoi, lorsque certains dirigeants progressistes, révolutionnaires s’élèvent contre leurs atrocités, Washington les provoque, les persécute et menace même de les éliminer.
En réalité, ces pratiques criminelles et ces attitudes réactionnaires ne font que renforcer notre conviction politique de poursuivre la lutte plus intensément et plus efficacement, afin de soutenir les masses défavorisées, les travailleurs et les paysans, dans leur lutte révolutionnaire contre le système capitaliste pour un changement fondamental. La détermination inébranlable qui nous anime nous conduira à vaincre tous les fossoyeurs de la liberté et tous ceux qui s’opposent à la libération du peuple haïtien.
Tous les faits démontrent clairement que le Comité de mobilisation contre la dictature en Haïti (Komokoda), dont le principal représentant est Dahoud André, un anticommuniste de premier plan et un fervent partisan de Donald Trump, est une organisation au service de l’impérialisme. Ce groupe a fait campagne contre Hillary Clinton pour faciliter l’arrivée de la première Administration Trump, et à ce jour, aucune position d’opposition n’a été prise, même lorsque Trump a qualifié Haïti de « trou de merde ».
Alors que les supplétifs de Donald Trump manifestaient devant Haïti Liberté, le président lui-même s’est contenté de poursuivre le New York Times en diffamation, réclamant 15 milliards de dollars. Nous du journal, faisons partie d’une lutte anti-impérialiste visant avant tout à défendre la souveraineté des peuples contre l’agresseur impérial qui mène même une guerre sur son propre territoire, contre les travailleurs, les jeunes, les Noirs, les Latinos et les immigrants. Il mène également une guerre à l’étranger contre les peuples du monde entier, avec ses interventions militaires qu’il planifie en Haïti et au Venezuela, et ses menaces contre la Chine, la Russie, la Corée, Cuba et l’Iran, sans parler du peuple palestinien qu’il massacre sans relâche à longueur de journée.
En définitive, cela revient à dire que la justice ne peut être obtenue qu’en dénonçant les coupables et en pointant du doigt les responsables et les démarcheurs politiques en place. Ils sont tous complices ! En ce qui a trait à cette face cachée de l’instabilité, les travailleurs, les chômeurs et la jeunesse des ghettos haïtiens n’ont qu’un seul ennemi : ceux qui ont engendré la pauvreté, la corruption, le chômage, le mensonge, l’injustice et le terrorisme d’État, rendant possible la dégradation chaotique de la situation économique, sociale et politique que l’impérialisme exploite à son profit.
Notre devoir et notre objectif resteront sans aucun doute la pierre angulaire de la lutte contre la domination impérialiste en Haïti. Malgré la terreur instaurée, le défi sera bientôt relevé : mettre fin au règne de l’ennemi numéro un du peuple, celui qui distribue des armements et munitions sophistiqués américains à travers le pays. Et il convient de souligner, à ce propos, cette déclaration de Jimmy Cherizier : « Il est plus facile pour un pauvre affamé d’obtenir gratuitement une arme d’une valeur de 4 000 ou 5 000 dollars américains que de se procurer un repas à 10 dollars haïtiens.» La classe politique pro-impérialiste représentée par le Conseil présidentiel de transition est en fin de course. Ne nous y trompons pas, la libération d’Haïti est certaine et proche, et c’est tout l’équilibre politico-économique, c’est-à-dire tous les puissants intérêts impérialistes, qui s’effriteront bientôt pour que le peuple puisse décider librement de son destin. Caveant consules !