Sur quoi débouchera cette «crise» ?

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On ne doit pas avoir honte de le dire, puisque c’est une réalité absolue. D’une ampleur inédite, la vie en décomposition s’accélère de jour en jour en Haïti. C’est unique au monde. Dans tous les domaines, ce pays, au lieu de progresser, ne fait que reculer et ce, à une vitesse vertigineuse. De crise en crise, Haïti continue à craquer comme un véhicule sans direction et sans frein qui ne fait que faucher tout ce qu’il rencontre sur son chemin sans tenir compte l’importance des victimes.

Les problèmes continuent de surgir et personne ne semble apte à trouver des solutions adéquates allant dans le sens des aspirations politiques et sociales de la majorité de la population. La tournure prise par cette crise animée par les acteurs des Accords Musseau et Montana-Pen-Greh ne dessine rien à l’horizon. Elle ne peut que favoriser davantage la poursuite de ce chaos sous la direction, entre autres, de l’impérialisme américain et de la Communauté internationale qui assurent la survie du système oligarchique en faillite.

À l’heure actuelle, tout est à nu et on ne peut plus maquiller la réalité. Nous vivons dans un climat politique de corruption tous azimuts, d’incompétence et surtout d’arrivisme couronné d’une ignorance qui est la marque d’un sous-développement chronique. A cela s’ajoute l’attitude du régime en place qui est, c’est le moins qu’on puisse dire, des plus ambigües et dont la seule fonction et ambition est de remplir ses poches et de garantir les profits des puissances capitalistes.

Nous vivons dans un climat politique de corruption tous azimuts, d’incompétence et surtout d’arrivisme couronné d’une ignorance.

Ce pouvoir néocolonial et ses patrons occidentaux ont montré avec plein de cynisme et d’agressivité, leur véritable nature et leurs objectifs réels. Ici, il n’est jamais question des droits des masses défavorisées. La population est privée de tout, vivant dans la précarité, le chômage, les pénuries de toute sorte et, surtout, est exclue de tous les services de base.  Les nantis de la classe des exploiteurs qui en pillent toujours davantage ont amplement montré ce que signifie pour eux les droits du peuple haïtien à la vie.

Une politique délibérée de privation qui maintient le peuple dans un ghetto physique, psychologique et moral inhumain. La classe ouvrière vit dans un abîme de misère et de chômage,  dans des bidonvilles crasseux, sans aucun revenu, privée d’eau potable, d’électricité et dans des conditions d’hygiène pires que durant le Moyen âge.

L’élite dirigeante n’est autre qu’un instrument de reconquête coloniale et d’asservissement du peuple. Voilà pourquoi elle n’a jamais pris aucune initiative, voire, entamé aucun projet national sans avoir l’aval ou le feu vert des décideurs américains.

De tout temps, cette classe politique traditionnelle n’a fait aucune différence entre les intérêts privés et nationaux. Tout ce qui n’est pas à son avantage ou son intérêt même quand ce serait bon pour la collectivité ou le pays, elle le déstabilise, le sabote. Vraisemblablement lié à des organisations criminelles, cette oligarchie antinationale maintient dans l’insécurité la plus totale tout un peuple. Au fond, les masses travailleuses font face à une guerre sourde qui illustre les raisons très précises de destruction broyant toutes tentatives d’organisation autonome des classes opprimées.

Prenons un exemple absurde : depuis l’assassinat du Président Jovenel Moise, aucun inventaire n’a été réalisé par l’actuel régime pour signaler les travaux qui devraient continuer, être modifiés ou arrêtés. Toutes les infrastructures entamées sous l’ancienne administration sont abandonnées et jetées dans l’oubli. Malheureusement, cela a toujours été ainsi dans ce pays. L’État haïtien n’a jamais eu le sens de la continuité, sauf pour le statu quo qui est maintenu en permanence en complicité flagrante avec les tuteurs de la Communauté internationale.

Le gaspillage et le pillage des ressources ont toujours été le point fort de nos dirigeants d’hier et d’aujourd’hui. Ce n’est pas sans raison, qu’à l’exception des négociations pour le contrôle du pouvoir, aucune vraie perspective d’emplois, de projets sociaux, économiques et autres pouvant canaliser le pays vers l’avant n’a jamais été abordé.

Aucun débat sérieux n’a jamais eu lieu mettant en priorité les intérêts vitaux de la Nation de sorte que les haïtiens puissent prendre en main leurs propres affaires, mobiliser leurs énergies, consacrer leurs ressources à la défense du pays et travailler pour le bien-être de toute la population.

Toutes les chances réelles ont été gaspillées et continuent de l’être. La crise en cours s’inscrit dans la continuité pour tenter d’étouffer tout mouvement populaire de libération nationale. Une issue à cette crise passe tout d’abord par une authentique rupture avec la politique désastreuse menée depuis des décennies par des gouvernements successifs de marionnettes. Ensuite, le peuple haïtien qui a fait ses preuves et pris conscience de ses luttes historiques saura se débarrasser du joug impérialiste et reconquérir sa liberté.

Chacun est libre de se déterminer en fonction de ses analyses et de sa compréhension de la crise et de la situation politique d’aujourd’hui. Mais nous autres, nous nous inscrivons dans la logique que cette situation provoquera à terme un séisme populaire, voire révolutionnaire, capable de faire trembler la classe politique tout entière et la déstabiliser jusqu’à l’effacement total de l’agenda des différents protagonistes de la crise.

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