Revue du disque de Nu Look : « No Stress »

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«No stress» demeure un relais d’une épopée qui tient à se renouveler dans la diversité, sans renoncer à son originalité.

Comme à l’accoutumée, Arly et son « Nu-Look » nous sont revenus, dans un énième microsillon qui s’emploie autant à ne pas faire table rase des caractéristiques sonores qui sont devenues des rituelles quotidiennes d’une cohorte d’inconditionnels. Lesquels, attendent qu’il s’emmène avec ses cargaisons «lariviénnes », afin d’aller s’abriter derrière ses complaintes et satisfactions, ses rêves et illusions qui deviennent alors des justifications à une manière d’exulter. Alors «No Stress» avec ses doses d’émotions, de vibrations et de compositions, et aussi avec ses recoins et repères attendus, n’a pas failli non plus à la tradition. Avec comme intro :« Pa bezwen konnen», dans une allure de feu et des extravagances à la clef. Un domaine qu’Arly s’attelle à juguler avec dynamisme, pour prouver qu’il a les facettes nécessaires, pour être à la fois le crooner et le galvaniseur de la scène ambiante.

«Elle», avec ses textes «fran-glais» est surtout destiné à un public global

A même de faire échoer les slogans, sous l’emprise des cordes expressives avec intercurrence. Dans la foulée, nous surgit «A cœur ouvert», montrant un « Nu-Look » et son maestro tout aussi inspirés, dans une gratification qui n’est que du pur produit de ré-emballage. Alors qui va se plaindre d’un peu d’ingéniosité et de romance ? En plus, que de vives explorations musicales qui propulsent une synchronisation accrue, des claviers, et des cordes chaperonnant des percussions et chorus imbibés d’arrangements créatifs ! Pour projeter un Arly au sommet de ses excentricités vocales. Avec un peu de« reggaie-tone» et de «house -music», tout infusé de katas et d’exaltantes chorégies, «Elle», avec ses textes «fran-glais» est surtout destiné à un public global, ce qui permet de mettre tout le monde au pas.

«Poukisa ?»nous est servi sur un air plutôt habituel, un peu langoureux avec son orientation zouk-lov, et, qui a finalement trouvé ses bases dans un konpa remorqueur. Entaché d’arrangements expressifs et d’exécutions schématiques au gré de guitares allégoriques et, tournant à la merci des envolées de Larivière dans un numéro qui lui va comme un gant. «Deyò a cho» est alternativement servi entre démarche envoutante et tempo posé. Avec des thèmes ramenant souvent à des indivis. Alors, pas la peine de se raviser, pour ne pas confondre ses fans, au risque de frôler le psalmodique. Conçu pour les adhérents à la page ; des mille-et-une bacchanales, «I am not ready», tout paré de son épanchement zouk, ses revirements hip-hop, jusqu’aux tentations konpa, s’exhibe dans la convenance de cordes pittoresques, et de multi-rythmique émaillés de chorégies colorées et de diversités vocales ; dont celle d’Arly domine comme à la parade.

«Se menm nou menm nan», démarre en trombe dans un style qui n’est point la zone de confort du maestro, et qui est rejoint au podium par le fameux Jacob Desvarieux du légendaire groupe « Kassav », lequel y injecte son brin de vocaliste drolatique et de sa guitare «rock&rollant ». Là encore, Arly a mis son esprit conquérant dans un konpa pétillant, sans ambigüité. En mettant le grappin dans des nappes sonores de diverses influences. Bien déposé. «Ton opinion, mon choix» projette le A.L prépondérant, faiseur de mélodies et émotivité à fleur de peau, «pitch ‘ modulant, orchestration dépouillée. Avec des relais et transpositions, donnant voie à des synthés dominants, des cordes usitées sur une allure orchestrale, et une quinte diminuée qui donne à ce morceau l‘apparence d’une ballade rythmée, et tant de latitude à Arly pour se mouvoir dans ses prouesses vocales.

«Mwen wè kou a » s’inspire de ces envolées lyriques qui font feu de tout bois à l’endroit d’un compétiteur quelconque ; soit réel ou imaginaire. Et c’est le temps de laisser l’artiste faire face à ses fantaisies ou rancœur dans un air on ne peut plus sonal. Puis, au son d’un prologue d’une trompette signée-Déjean, «Cœur blessé», évidemment demeure du classique Arly, trônant avec son « Nu-Look », dans une création imbibée de vibration supplée par des transpositions et des arrangements précieux, des cuivres brillants, des cordes voluptueuses et des synthés captivants. Catapultant un Larivière dans son domaine, et qui n’en demande pas mieux pour exceller. «Pa enmèdem», Quel toupet ! et quelle indélicatesse d’avoir chipé la femme d’un autre, et lui jeter cette invective au nez ! si le texte laisse à désirer, en revanche la musique regimbe et exulte dans ce battement aux colorations rustiques avec ses percussions et katas métronomiques, ses guitares allusives et vivides, ainsi bien que des chorus qui en font une pièce attirante.

«Mwen wè kou a » s’inspire de ces envolées lyriques qui font feu de tout bois à l’endroit d’un compétiteur quelconque

Avec son mariachi en ouverture, et relayée par cette intronisation complexe de Arly ; naviguant du grave à l’aigu ; avant de s’élancer en fanfare dans des lamentations et confessions vocales et verbales. «Why now», reste de la marque déposée ; spécialement dans ces tournures dramatiques dont Arly a le secret, auréolées de «sweet» mélodies, et d’accélérations harmoniques, synthé-super-sonique, cordes synchronisés,« horn» tonitruant, percussions adaptées, qui sont autant des ingrédients « Nu-Look ». D’autant, encore que ce morceau reste le premier à être lancé sur les réseaux. Ce qui lui donne un effet plus familier. «Cauchemar» résonne à la manière de ces jingles qui renvoient à tant d’autres sonorités « Nu-Look », avec ses empreintes inassouvies, son zouk assaisonnant par des synthés ardents, chorus inspirés, cordes méthodiques. Et le tout finit par muter vers un konpa plus stimulant ; permettant au tempo de se refaire de l’élan.

Et finalement :« Fè chèlbè» qui est un panégyrique à soi-même et aux «posses», dans sa posture de raboday. Battant le plein d’une œuvre favorable, dans la mesure qu’elle a réuni tous les agréments qui ont façonné l’identité du groupe. Notamment, en ajoutant 14 morceaux à un répertoire qui semblait encore intarissable. Toutefois, avec sa folie contagieuse, cette production n’est qu’un jalon des différentes étapes du groupe qui de :«Abó/Big mistake», en passant par «Confirmation», jusqu‘à « No stress», semble entretenir les paramètres qui ont fait le succès de l’artiste et du groupe. Il est vrai qu’on soit à reculons au niveau des textes. Car à part les éternelles complaintes amoureuses, l’interprète de «Pays, jeunesse et futur», «Haiti, quel espoir»,« Apparences trompeuses», etc. n’a pas pipé une note sur la grande lutte que mène la majorité souffrante d’Haïti contre la tyrannie et l’oppression.

Alors quid du pétro, maestro ? Le chansonnier Jean-Jean Roosevelt n’est pas le seul artiste connu à avoir des vocations patriotiques. Alors au risque de froisser une certaine confrérie, on chante en vain si nos voix feignent d’ignorer nos droits. Cela dit, «No stress» demeure un relais d’une épopée qui tient à se renouveler dans la diversité, sans renoncer à son originalité.

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